UN PLAN POUR RESTAURER LA CITADELLE D’ERBIL


Le Gouvernement du Kurdistan espère sauver et restaurer la Citadelle d’Erbil, après avoir évacué et relogé l’année dernière les familles de réfugiés qui y vivaient depuis les années 1980, quand Saddam Hussein détruisait les villages kurdes.
Auparavant, ses anciens habitants l’avaient quitté dès le milieu des années 1920, pour construire de nouvelles demeures, plus vastes et plus modernes, au bas de la ville, selon Kenan Mufti, le Directeur des Antiquités d’Erbil, lui-même né sur les lieux et dont la famille y vivait depuis près de 500 ans.
Ces réfugiés, s’entassant dans les 10 hectares circonscrits par les murailles, ne disposaient ni d’égout ni d’aucun système de drainage des eaux usées. Les eaux absorbées dans le sol érodaient la pente de la Citadelle. « Chaque jour, 750,000 litres d’eau endommageaient ainsi les lieux, explique Kenan Mufti. » De plus, les travaux pour modifier les demeures, diviser les pièces ou les agrandir détruisaient peu à peu les architectures initiales.
En novembre 2006, les familles qui y vivaient ont donc été relogées en dehors de la ville, avec eau, électricité, tout-à-l’égout et 4000 $ pour reconstruire une maison. Mais afin qu’il n’y ait pas de rupture totale dans la durée historique de cet habitat humain, la ville a laissé une famille sur place, chargé d’entretenir et de surveiller le pompage des eaux.
Selon Mohamed Djelid, le représentant de l’UNESCO pour l’Irak, sur les 800 habitations que comprend la Citadelle, il n’y en a guère que 20 qui sont dans un état « acceptable. » Le site renferme des vestiges témoignant d’une occupation humaine des lieux remontant à 8000 ans, ce qui en fait le lieu le plus anciennement et constamment habité du monde ».
Shireen Sherzad, récemment nommée à la tête du comité de restauration et conseillère du Premier ministre Nêçirvan Barzani, renchérit : « Nous avons à présent un monument très important, au coeur de la ville... et ce coeur est mort. » Shireen Sherzad estime à 35 millions de dollars $ le coût des trois premières années du projet et ajoute qu’ils ne disposent d’aucune ressource pour cela.
L’avis est pourtant général sur la nécessité de préserver ce complexe architectural de 3 mosquées, d’un hammam de 650 ans d’âge et de maisons à arcades et intérieurs décorés de peintures. « La situation est critique, s’alarme Ihsan al-Totinjy, le responsable de la société tchèque Gema Art Group qui est chargé de la restauration du site. Toutes les maisons sont affaissées et menacent de s’effondrer avec les pluies. La société tchèque a déjà pris plus de 200 photographies de l’intérieur de la Citadelle et 250 de l’extérieur, en plus d’images satellites et de 90 clichés pris d’un hélicoptère militaire. Avant ces prises de vue, on ne disposait que d’un plan du site datant des années 1920. Les photographies permettront de créer une reconstitution virtuelle, en trois dimensions, des édifices qui aideront les choix des restaurateurs. La Citadelle est perchée sur une colline de 30 mètres de haut, formée des strates de ses implantations successives, dont les Akkadiens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses et les Grecs. La défaite de Gaugamèles devant les armées d’Alexandre le Grand, en 331 avant J.C, s’est déroulée non loin, dans la plaine d’Erbil, à 32 km au nord de la ville. Des tests géophysiques récents ont révélé des vestiges qui pourraient être les traces d’un ancien temple enfoui sous le centre de la Citadelle.

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