La vie rêvée des Kurdes d'Iran

Rififi et grande fureur au Parti du Kurdistan-Iran et auprès des Kurdes d'Iran en général mais pour le moment pas de réaction du PJAK (le PKK-Iran). Abdullah Öcalan, qui se faisait muet ces derniers temps, aurait déclaré, selon une radio iranienne, que si un Etat kurde voyait le jour au Kurdistan d'Irak, ce ne serait qu'un Etat à la solde des USA... et que donc, dans ce cas, le PKK s'allierait à l'Iran et à la Syrie, pour un énième axe anti-impérialiste - et probablement sioniste, au diable l'avarice.

Pour justifier une telle alliance, le président du PKK explique que les Kurdes d'Iran jouissent d'une autonomie, eux (je me demande où) et que donc, les Kurdes d'Iran n'ont rien à redire au régime actuel. Généreusement, Öcalan se serait déclaré prêt à mettre au service des Ayatollah les quelques "100.000 combattants" du PKK et du PJAK pour combattre les forces américaines, en cas d'attaque contre l'Iran sans doute.

Si le sort des Kurdes en Iran est si enviable, on se demande pourquoi le PKK a cru, jusqu'ici, bon de mettre sur pied une guerilla de Kurdes iraniens pour combattre le régime iranien. Nul doute que ce genre de déclarations va faire très plaisir au PJAK dont un des membres emprisonnés, Hassan Hikmet Demir, vient tout juste d'être exécuté à Khoy, après une détention très dure et des tortures qui l'avait détruit physiquement. Mais après tout, être Kurde d'Iran et adhérer au PJAK, c'est avoir signé des deux mains en blanc et les yeux fermés pour un entubage politique en beauté, ils l'ont voulu ils l'ont eu...

Bien sûr, le PKK a de plus en plus intérêt à se réfugier en Iran et à quitter Qandil, d'où nécessité d'un retournement d'alliance. D'un autre côté, sachant qu'aucune de ses déclarations, ordres, directives, ne peut être diffusé sans l'accord préalable (l'inspiration ?) de la Turquie, on peut s'interroger sur l'intention réelle de telles élucubrations. Un moyen de couper l'herbe sous le pied à Karayilan, sans doute en pleine période de négociations avec les USA, les Kurdes d'Irak et probablement aussi une partie de l'équipe d'Ankara ? Dans ce cas cela voudrait dire qu'une autre équipe turque verrait plutôt d'un meilleur oeil l'arrêt des complaisances américaines envers le PJAK pour peu que ce dernier retourne sa veste. Ou qu'Öcalan voit lui aussi d'un très mauvais oeil les accords tacites entre Erbil, Washington et sa propre guerilla, pour peu qu'il se sente un peu exclu du jeu.

Commentaires

  1. Bonjour Madame Alexie,
    cela me fait plaisir de vous voir de nouveau après un long moment tout de même, commenter l'actualité et surtout de nous faire part des événements et des dires dont parfois nous nous trouvons pas mention dans les quotidiens à grand tirage, ou même sur des sites spécialisés Kurdes. Mais en tant que Kurde, je pense que ma position doit vous interesser. Premièrement si Abdullah Öcalan s'oppose à un état Kurde en irak, je considère cela comme un acte de trahision à la cause nationale Kurde. Par contre,les craintes qu'il exprime quant au fait qu'un tel état Kurde deviendrai vassal des Etats-Unis sont tout à fait légétimes. Etre vassal d'un pays qui a agit dans l'histoire et continue d'agir comme criminel, faisant fi du resepect des peuples, des cultures, et s'ingérant directement dans les affaires de pays souverains non pas pour la démocratie mais pour ses propres intérêt, est tout simplement pas dans notre intéret. Il n'y a qu'a regarder encore une fois le sort des Kurdes. (décidéments avec les kurdes on peut apprendre beaucoup de choses sur la géopolitique). En irak, les peshmergas ont été soutenus contre saddam hussein, en Turquie par contre, rien à dire, non non , la situation des Kurdes est bonne, et les combattants du pkk sont des vilains terroristes. En conclusion, je n'ai pas le temps malheureusement de développer, je souhaiterais vous dire chère madame, que parmi les pays qui occupent le Kurdistan, l'ennemi des Kurdes, c'est la Turquie, elle seule. Soyez hônnete, on sait très bien maintenant que même à l'epoque de Saddam lorque celui-ci était prêt a discuter avec les Kurdes, déja la Turquie faisait pression pour l'en dissuader. Ensuite, récemment l'iran a ouvert un consulat a Erbil, il n'ya pas de volonté d'exterminer le peuple Kurde en iran, nos droits politiques sont effectivements inexistants, mais je vous rappelle qu'en iran une province porte le nom de Kordestan ,cela veut tout dire quant à la mentalité des iraniens. Ce mêmet mot peut vous causer de graves soucis en turquie. Je vous le redis chère madame, l'ennemi a abattre c'est la Turquie, sans la turquie plus d'alliance anti-kurde possible dans le monde. Lors des dernières élections présidentielles en iran qui a vu la victoire de Ahmedinejad, sur les affiches du concurrent Rafsandjani, affichés dans la province du Kordestan, on voyait celui-ci serrer la main de Mam Jalal. L'iran est à des annés lumières en avance sur la Turquie. En ce sens, je considère l'alliance stratégique avec l'iran vital. Nous ne pouvont aboutir a rien sans une alliance d'importance dans notre région. S'allier avec une force qui habite a des milliers de Km de la région, et qui a toujours vendu les Kurdes lorsque ses intérêts ont changé de camp, ne va nous aider en rien. De plus dans la région, le sentiment de colère et presque de haine envers les USA est très important, enfin pour une partie en tout les cas très important des peuples de la région, et plus généralement chez les musulmans. Nous sommes condamés a avoir pour voisin des musulmans, des iraniens, des arabes, il est important de vivre en paix avec ces populations. Enfin une fois la menace turque ecartée, et la formation du grand Kurdistan, et une fois que nous deviendrons un jour une puissance militaire et pourquoi pas nucléaire, à ce moment là nous pourrons nous payer le luxe de s'allier à Israël par exemple (puisqu'il me semble que cela vous tient à coeur). Mais chaque chose en son temps chère madame, petit à petit.

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  2. Bonjour,
    C'est vrai que le blog fonctionne un peu au ralenti cet hiver car je travaille en vue d'un article sur le dictionnaire arabo-kurde d'Ahmedê Xanî et j'ai mis de côté le reste.

    Le soutien de l'Iran aux Kurdes n'existe pas, ou alors uniquement pour contrer ses propres activistes kurdes, comme le fit la Turquie au Kurdistan d'Irak et l'Irak en soutenant le PKK. Si le PKK s'alliait à l'Iran, ce ne serait certainement pas pour le bien des Kurdes d'Iran. On leur demanderait, comme aux Kurdes de Syrie du temps où Öcalan siégeait à Damas, de mettre en veilleuse leurs revendications pour une question de "stratégie", quitte à ensuite clamer la "fraternité kurdo-turque" comme le fit aussi le PKK, au détriment des autres parties du Kurdistan qu'il avait pourtant contribué à enflammer.

    Il y a de toute façon incohérence entre le supposé bien-être des Kurdes d'Iran et l'existence du PJAK voulu et créé par le PKK. Pas plus que la Turquie, l'Iran ou la Syrie ne souhaitent de toute façon une indépendance kurde par peur de la contagion auprès de leurs propres Kurdes. Les Kurdes ne seraient employés en Iran que comme supplétifs au service des mollahs pour embêter les USA et la Turquie, voire les Kurdes d'Irak, quitte à les lâcher ensuite, comme la Syrie le fit pour le PKK. Mais je doute fort que l'Iran voit d'un bon oeil la formation d'un "grand Kurdistan"
    et avec force de frappe nucléaire en plus ! Et si vous attendez la "destruction" de la Turquie pour bâtir un Kurdistan, on risque d'attendre longtemps...

    Quant à l'alliance israélienne, elle ne me tient pas spécialement à coeur, mais c'est le seul Etat de la région qui n'a pas d'intérêts vitaux qui s'opposent à un Etat kurde indépendant et qui éprouve même une certaine sympathie pour les Kurdes (hormis le PKK). Il serait donc stupide de la part des Kurdes de s'inventer un nouvel ennemi en plus de ceux qu'ils ont déjà.

    Enfin, comme je le précisais, si ces propos ont été réellement tenus par Öcalan, ils ont forcément filtré avec l'aval de la Turquie. Il n'est pas inintéressant de se demander pourquoi.

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