Dîwan de Hâfez, Ghazal 382, trad. Charles-Henri de Fouchécour, ed. Verdier.
samedi, avril 28, 2007
La gloire de Pûr-e Pesheng
Cette semaine, coup de projo sur : Arménie Sources I
vendredi, avril 27, 2007
La Convocation d'Alamut
mercredi, avril 25, 2007
Radio : soufisme, le père Anis, tarab
Mercredi 2 mai sur RCF à 13h30 : Témoin aujourd'hui. Le père Anis, dominicain irakien. Par L. de Traversay.
Jeudi 3 mai sur France Culture à 21h00 : Décibels. Le Tarab, avec Christian Poché, ethnomusicologue et Fadhel Messaoudi, joueur de 'ud. Par Jeanne -Martine Vacher, avec Sylvain attal.
mardi, avril 24, 2007
L'Agression
Conférence : les Chrétiens d'Irak
à 16h00
Conférence
L'Avenir des Chrétiens en Irak
Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010 Paris. M° Poissonnière. Entrée libre.
dimanche, avril 22, 2007
Cette semaine coupe de projo sur : Avat
Ud: M. Firouzi
Bâlâbân et Sornâ: H. Hamidi
Divân et Bamtâr: B. Sâ'ed
Daf, Tombak, Dâyereh, Dohol: S. Tarif
Kamâncheh: S. Farajpuri
jeudi, avril 19, 2007
La route vers l'UE ne passera par Mardin
L'armée invoqua alors une opération anti-terroriste, et commença par se borner à déclarer que des terroristes étaient morts lors de cette action militaire. Très vite cependant, l'âge du gamin et les témoignages de la famille et des villageois infirmèrent ces allégations.
Ainsi le frère d'Ahmet Kaymaz, Reshat Kaymaz avait déclaré à la presse :
“Mon frère était chauffeur, c'était ainsi qu'il faisait vivre ses enfants. Voici ce qui s'est passé : Un soir, mon frère et son fils Uxur sont sortis, ils voulaient conduire le camion. Quand soudain ils ont été la cible d'un tir nourri de la part de la police et de l'armée. Mon neveu a reçu 13 balles et mon frère sept. Ce sont des martyrs, tout le monde a pu voir comment un père et son enfant ont été criblés de balles… c'est un crime et j'appelle le monde entier à ne pas rester siliencieux et à mettre fin à la sauvagerie de l'armée et de la police turques...”
Ahmet Kaymaz était connu comme un membre du Parti de la démocratie du peuple (DEHAP) et des membres de sa famille avaient été incités à devenir gardiens de village, ce qu'ils avaient refusé. Les Gardiens de village sont ces milices de paysans kurdes, enrôlés plus ou moins de leur plein gré, pour combattre les membres de la guerilla, mais aussi les villages suspectés de symapthiser avec le PKK, et finalement les membres des partis successifs kurdes, HEP, DEP, HADEP, DEHAP, etc. Beaucoup d'exactions et de vengeances privées ont aussi eu leur part dans ces combats inter-villageois, et il est vrai que la "pression" exercée sur beaucoup de Kurdes, pour qu'ils s'enrôlent dans ces milices en ont amené un certain nombre à fuir à l'ouest du pays, ou en Europe, ou bien carrément dans la guerilla, l'Etat d'urgence qui régissait les régions kurdes en Turquie ayant toujours fait beaucoup pour le recrutement du PKK...
Quant à l'instituteur du village, accouru très vite sur les lieux au bruit des coups de feu, il corrobora les dires de la famille, réfutant également la possibilité qu'une arme retrouvée près du cadavre ait pu être utilisée par l'enfant. Selon lui, cette arme pesant près de 3 kilos était bien trop lourde pour la stature du jeune garçon. Autre fait troublant, et qui convient mal à l'équipement guerrier d'un terroriste, fût-il en classe junior, c'est que le gamin n'avait que des pantoufles aux pieds (de ces pantoufles qu'on laisse à l'entrée ou dans les cours et qu'on enfile ou retire dans les allées et venues autour et dans sa maison).
A l'époque, le journaliste Mehmet Ali Birand avait écrit un éditorial indigné sur cette affaire, intitulé La Route de l'UE passe par Mardin, en prenant l'Etat à témoin :
"Maintenant il est temps d'écouter votre conscience. Il est temps de passer au crible les rapports, de découvrir la vérité et de prouver que cela n'a pas été un assassinat. Nous sommes en train de parler d'un garçon de 12 ans, tué devant sa maison, alors qu'il disait au revoir à son père qui partait pour un autre trajet en camion. Nous parlons d'un père qui devait rester hors de chez lui pendant des mois pour joindre les deux bouts. La vérité doit être faite. Personne ne doit être soustrait ou protégé de la justice. L'ensemble des lois que nous appelons les critères de Copenhague sont un choix de vie. En bref, ça s'appelle la démocratie. La démocratie est un régime qui doit s'appliquer à tous dans ce pays. Le gouvernement est confronté à un test de sincerité. Le moyen de prouver que la démocratie a réellement été instaurée en Turquie réside dans les efforts nécessaires pour enquêter sur le meurtre des Kaymaz. La route vers l'UE ne passe pas par Bruxelles mais par Kiziltepe, à Mardin."
Hier, jugés à Eskishehir (une ville où les esprits ne risquent pas d'être empoisonnés par le séparatisme kurde), les quatre policiers (qui ne risquaient d'ailleurs que six ans de prison, car une enquête parlementaire avait pudiquement conclu à de "lourdes négligences" de la part des forces de l'ordre) ont été acquittés.
Finalement, la route de l'UE ne passera pas par Mardin, mais la question est de savoir quel itinéraire tortueux elle compte emprunter.
Conférence
« Ecrire Mon nom est rouge »
Le jeudi 26 avril, 19h à 21h
Conférence donnée en anglais
En présence de Danièle Hervieu-Léger, présidente de l’EHESS, Jean-Philippe Bras, directeur de l’IISMM, Hamit Bozarslan, co-directeur de l’IISMM, et Jean-Frédéric Schaub, directeur d’Etudes à l’EHESS.
Amphithéâtre de l’Ehess, 105 bd Raspail, Paris, 75 006.
Entrée libre, inscription recommandée auprès de Yasmina Dahim : yasmina.dahim@ehess.fr
« Les pouvoirs du roman : le social sous le regard de la littérature »
Le samedi 28 avril, de 14h30 à 16h30
Conférence suivie d’une discussion avec Judith Lyon-Caen, Jean-Frédéric Schaub, François Georgeon et Hamit Bozarslan, historiens et anthropologues.
Amphithéâtre de l’Ehess, 105 bd Raspail, Paris, 75 006.
Entrée libre, inscription recommandée auprès de Maria Teresa Pontois : maria-teresa.pontois@ehess.fr
La conférence sera donnée en anglais, traduction simultanée en français. Des casques seront gracieusement mis à votre disposition, merci de vous munir d’une pièce d’identité en guise de caution. Accueil à partir de 14h.
L’ensemble de la séance sera traduit en langue des signes française.
mercredi, avril 18, 2007
Radio : génocide arménien,
mardi, avril 17, 2007
Plotin
Il y a, à la fin du traité démonstratif de Plotin sur l'immortalité de l'âme, un ajout qui détonne, un mot de la fin à l'usage de ceux qui ne philosophent pas, qui est comme une conclusion bénigne, rassurante, et qui, je ne sais trop en quoi, éclaire la gentillesse simple de Plotin :
"15. Eh bien, nous avons dit ce qu'il fallait à ceux qui avaient besoin d'une démonstration. Mais à ceux qui auraient encore besoin d'une preuve fondée sur l'autorité de la sensation, il faut répondre qu'on la trouve dans cette masse d'informations relatives à des choses de ce genre et notamment celles-ci : les dieux qui ordonnent par des oracles d'apaiser la colère des âmes à qui on a porté tort et de rendre des honneurs aux défunts comme s'il s'agissait d'êtres doués de sensation : ce sont là des pratiques auxquelles se livrent tous les hommes à l'égard des trépassés. Et bien des âmes qui se trouvaient auparavant en des hommes n'ont pas cessé, même après avoir quitté les corps où elles se trouvaient, de faire du bien aux hommes ; oui, ces âmes nous rendent service, en proférant des oracles et par d'autres bienfaits. Et par leur exemple, elles montrent que les autres âmes ne sont pas détruites."
Roger Lescot et Nîma Yûshidj
Extraits :
"Dans la ténébreuse nuit, un fou,
au coeur épris d'un reflet fugitif,
hôte d'une vallée froide et déserte,
semblable à la tige d'une plante flétrie par le gel,
raconte une histoire d'affliction.
Il a perdu le fil de son récit
où il est question d'appât et de piège.
De tout ce qui fut déjà dit, il lui reste à dire
d'un coeur égaré le message qu'il détient.
Conte d'un rêve trouble."
"Afsâneh :
De semblables victimes,
sur ce chemin glissant, nul n'en vit encore.
Ah ! Que de longtemps on conte cette histoire :
"De la branche un oiseau s'est envolé
il n'en reste que le nid.
Des nids de cette sorte,
la main du vent tous emporte..."
Sur cette route il y a des voyageurs
qui souffrent et chantent de chagrin...
Celui-ci était quelqu'un d'entre eux.
Devant cette caverne effondrée,
sous ce ciel lointain, ces étoiles,
tant d'années vous avez mis en commun vos peines,
par un destin contraire déchirés
A toi allaient ses baisers, à lui les tiens...
L'AMANT :
Tant d'années, nous avons mis en commun nos peines.
Tant d'années, comme gens épuisés de lassitude.
Pourtant, la vague échevelée qui allait avait sur sa lèvre un conte de toi.
Et ta lèvre riait en elle.
AFSÂNEH :
Et moi, sur cette vague échevelée, j'ai vu
un être unique, en sa course angoissée.
Mais,
L'AMANT :
j'ai rejoint un visage de rose
brouillé de cheveux confus comme une énigme
ou comme les tourbillons du vent."
"Qu'es-tu donc ? Ô toi cachée aux regards !
Toi, à l'affût au long des chemins !
Des garçons tout en plainte tes lèvres
tout en en plainte aussi pour les pères !
Qui es-tu ? Ta mère, qui est-elle, et qui ton père ?
En me sortant du berceau,
ma mère disait ton aventure ;
elle faisait sur mon visage ruisseler l'éclat du tien ;
et mes yeux se fermaient, pleins d'extase, à ton évocation.
Je défaillais, hors de moi, fasciné.
Puis, lorsque peu à peu mes premiers pas
poursuivirent les jeux enfantins,
à chaque fois que la nuit venait,
près des sources ou des rivières,
au secret de mon être j'entendais ton appel.
Afsâneh ! N'était-ce toi,
à l'époque où dans les solitudes,
je courrais comme un fou, loin de tous,
en proie aux sanglots et aux larmes,
toi qui essuyais mes pleurs ?
A l'époque où, plein d'ivresse,
je livrais ma chevelure au vent,
n'était-ce toi qui, à l'unisson
de mon deuil et de mon désespoir,
faisais trembler la terre et le ciel ?
Près de mes moutons, une sombre nuit, je m'étais effondré, livide et malade ;
n'as-tu pas été, alors, ce monstre,
ce fantôme noir répandant l'effroi, crachant du feu
et qui m'a fait hurler de peur ?"
"serais-tu mon coeur en tumulte, toi,
à ce point méconnue et anonyme ?
Ou ma nature secrète, toi qui n'as recherché
lustre, gloire ou renom ?
Ou la fortune, puisque tu me fuis ?"
"Mon coeur est le livre des cieux,
la sépulture des espoirs et des âmes.
En apparence il est tous les rires du siècle
et dans sa profondeur il y a des pleurs mystérieux.
Comment l'abandonner ? Comment fuir ?
Ô compagne de route ! Les ténèbres reviennent.
On m'entraîne malgré moi.
Il brille une étoile à la manière
d'une flamme qui va s'étendre.
Le vent pousse une clameur forte.
Au pied de ces collines bien cachées,
maintenant glapit le renard.
Montagne et forêt semblent ici ne plus être
rien d'autre qu'un théâtre pour les renards.
Chaque oiseau dort sur une branche.
AFSÂNEH :
Chaque oiseau frileux blotti dans son refuge,
la nuit pareille à un coeur ivre d'amour..."
"Celui qui sur le tard revêtit la tunique des mystiques
et chantait sans relâche des chants éternels,
il n'était amoureux que de sa propre vie
sans le savoir. Sous l'habit d'Afsâneh,
il se trompait lui-même.
Quelque esprit subtil rira de ce que j'affirme ;
m'objectant : "Au-delà ce ce monde, il en existe un autre !"
L'homme créé d'une vile argile
est captif d'amours mystérieuses,
tout le charme de la vie est là."
Nîma Youchîdj, Afsâneh, trad. Roger Lesot. Mélanges Massé, Téhéran 1963.
Bruits de guerre ou pas ?
Par ailleurs on peut douter de l'efficacité d'une attaque contre Qandil pour ce qui est de vraiment pulvériser les bases du PKK. Les "villages" ou campements permanents seront détruits, c'est tout et il y a fort à parier que les Peshmergas fermeront les yeux si des fugitifs kurdes de la guerilla se replient plus bas, voire peuvent même les aider discrètement à passer...
D'un autre côté, dans le New Anatolian, Ilnur Cevik prétend que l'ire turque vient surtout de ce que le siège de la conférence des Etats voisins de l'Irak, que les Turcs souhaitaient accueillir à Istanbul, sera finalement Le Caire. Ankara, furieux, y verrait là une opposition kurde, alors qu'il paraît que Jalal Talabanî aurait promis cela à Recep Erdogan, lors de leur dernière rencontre à Riad.
Ilnur Cevik ajoute que les Kurdes étaient favorables à la "candidature" d'Istanbul, ce qui est effectivement vraisemblable, car ils ont toujours cherché à officialiser leur statut de représentants politiques régionaux sur le sol turc.
Mais il semble que ce soit les chiites d'Irak, spécialement le Premier Ministre irakien, Nûrî al-Malikî, qui ait voulu "punir" les Turcs de la conférence qui s'était tenue à Ankara, et qui avait réuni des "opposants irakiens" au référendum de Kirkuk, sans les Kurdes et sans les chiites. Avec donc, des sunnites, des Turkmènes proches du micro-parti le Front turkmène, et des chrétiens. Bon, les Kurdes ont l'habitude de ce genre de mesquineries, mais apparemment les chiites sont plus chatouilleux, et Nûrî al-Malikî n'aurait pas pardonné cet affront qui, et c'est le plus drôle, ne lui était sans doute pas destiné.
Mais la Turquie a sans doute méconnu l'ampleur du ressentiment chiite envers leurs compatriotes sunnites... Et aussi l'amertume historique des chiites arabes, plutôt malmenés et séculairement méprisés au Proche-Orient. Si la Turquie veut à nouveau se mêler des affaires d'Orient, il faudrait qu'elle replonge le nez dans ses manuels d'histoire, et qu'elle prenne note des "sensibilités" historiques des voisins au lieu de toujours se complaindre de ce que l'on ne respecte pas la sienne...
lundi, avril 16, 2007
Shaykh Jâgir Kurdî
"Il est presque certain qu'il séjourna en Irâq ; c'est aux environs de Samarra où séjoutnait le shaykh Jâgir Kurdî, qu'il dut rencontrer celui-ci."
"A son propre témoignage encore, il trouva un autre morshîd en la personne du Shaykh Jâgir Kurdî, le solitaire d'origine kurde, établi à Qantarat al-Risas, près de samarra, où il accueillit Rûzbehan et où ilmeurt et est enseveli en 590 h. selon Jamî (en 591 selon Rûzbehân). De lui sont rapportés ces propos :
"Si quelqu'un est le témoin occulaire de Dieu dans le secret de sa conscience intime, le monde s'évanouit de son coeur. "
"Je n'accepte l'engagement de personne au nombre de mes disciples, avant d'avoir vu son nom inscrit sur la Table préservée."
" Il m'a été donné un glaive aiguisé : l'un des tranchants est à l'Orient, l'autre à l'Occident. Si je le pointais vers les montagnes, les hauts sommets s'effondreraient."
dimanche, avril 15, 2007
Cette semaine, coup de projo sur : les Razbar
Le groupe Razbar est un groupe de derviches ahl-e Haqq (ou Yaresan). Comme Ostad Elahi ou Ali Akbar Moradi, ils ont à coeur de faire connaître la très belle liturgie de leur religion, avec ses hymnes dédiés aux cinq Anges amenés à se réincarner plusieurs fois, dont Alî, Dawûd, Benyamîn, et des Sheikhs locaux. Les instruments du zikr (récitation des noms divins ou de saints) joués lors du Djâm (l'équivalent du semâ) sont le tanbûr, le daf et le kemençe (viole).
vendredi, avril 13, 2007
Exposition : Trésors du quotidien ? Europe et Mediterranée
Du 31 mars au 24 septembre 2007
ouvert tous les jours de 13h à 19h sauf le mardi.
Espace Georges Henri Rivière
Fort Saint-Jean
Esplanade Saint-Jean
Marseille 13002
Tel +33 4 96 13 80 9
Tarifs
3,50 € plein tarif
2,50 € tarif réduit
Pour connaître les tarifications spéciales
et cas de gratuité, cliquez ici
Métro/Bus
Ligne Métro 1 Station Vieux Port
Ligne Bus 83/49b Arrêt Fort St Jean
jeudi, avril 12, 2007
al-Hallaj, les yézidis, les Alévis et les autres
"Tel est le type de sainteté qu'exaltèrent alors, dans le peuple turc nouvellement converti, les poèmes de Yesewî, puis de Nesimî, et la ritualisation symbolique du "gibet de Mansûr Hallâj" dans l'initiation à l'ordre des Bektashis, diffusée chez les janissaires ottomans. En poésie turque, Hallâj reste le "saint par excellence", le crucifié (ou pendu) au visage incliné "comme la rose qui se penche". (Qasîda de Lâmi'î, dédié à Soliman le Grand.) 'Attâr est aussi, avec 'A. Q. Hamadhanî, à l'origine de la dévotion des poètes de l'Iran, et des mystiques de l'Inde, pour Hallâj ; du sultan Hy. Bayqarâ, de Hérat, qui fit peindre toute sa vie par le célèbre Behzâd, et du sultan Husayn Shâh, du Bengale, qui autorisa le culte hallagien de "Satya Pir", au mystique Sèrmèd Qashanî, qui se fit martyriser comme lui, à Delhi, sous Aurengzeb. Cette lignée de témoignages passionnés, prise dans le dilemme sainteté-damnation, d'un romantisme intense, a engendré des légendes populaires sur le témoignage du sang, sur la fécondité des cendres de Hallaj, jetées au fleuve, sanctifiant les novices qui s'y désaltèrent, faisant concevoir les vierges qui en boivent (la soeur de Hallâj, chez les kurdes yézidis, pour qui Hallâj est le saint du Jugement ; l'origine des clans Qaraqirghiz, telle qu'elle se conte à Osh ; la naissance du poète hallagien Nesîmî, d'Alep, telle qu'on la chante à Bukhara ; Satya Pir en Bengale, Siti Jenar à Java). Déformation charnelle de cette vérité : que le sang des témoins est une semence spirituelle de confesseurs de la foi, qui assurent la résurgence perpétuelle du témoignage."
Sur la reconnaissance de sa valeur spirituels par des "philosophes musulmans indépendants", nous retrouvons sans surprise quelques noms, parmi bien d'autres : Ibn Sîna (Avicenne), Sohrawardî, Jalâl al-Dîn Rumî, Nasîr Tusî (quoiqu'ismaélien, mais al-Hallâj eut contre lui des shiites comme des sunnites de toute façon), le vizir du Mongol Hulagu, Rashid al-Dîn, philosophe et savant éminent en plus d'être ministre et Fakhr Farîsî, qui débattit avec François d'Assise devant l'Ayyoubide al Malik al Kamil.
Massignon mentionne aussi le rôle de la confrérie 'Adawiyya pour diffuser ce culte en pays arabe, ce qui permet de refaire le lien avec les Yézidis, puisque Sheikh Adî en était membre et qu'une tariqat 'adawiyya fut tout de même bel et bien à l'origine de Lalish.
"En pays arabe, une légende populaire (Qissa), diffusée dès le XIII° siècle en Syrie et en Egypte par l'ordre éphémère des 'Adawiya, prêchée alors à Damas et à La Mecque par le hanbalite Izz Ghânim Maqdisî, chantée à l'Albayçin de Grenade au XIV° siècle (Ibn Sîd Bono) perpétue humblement cette conviction.Hallâj est invoqué dans la dévotion privée, surtout en pays turc ; notamment pour faire cesser les pleurs des petits enfants. Le cénotaphe qui lui a été érigé dès le XI° siècle àBagdad est visité principalement par des hindous. La flûte principale des concerts spirituels des Mewlewis, en Antolie, ney-è-Mansûr, lui est dédiée."
Hallâj fut aussi vénéré par les akhis (corporations à caractère mystique, liées par la futuwwat) qui eurent une importance primordiale dans toute l'Anatolie et la Mésopotamie du XIII° et XIV° siècle. Par ailleurs le "gibet de Mansûr" fait partie des rites initiatiques alévis et bektashis, ce qui n'a rien de surprenant quand on sait leurs liens étroits.
"Dans les Futuwwetnamé, livres corporatifs initiatiques, retouchés au XIV° siècle, d'origine selmanienne, Hallâj prit place, sous le nom de Mansûr, comme patron des cardeurs ; qui l'invoquent encore aujourd'hui en pays turc. Où le "gibet de Mansûr" est le rite d'initiation des Qyzylbash ; et des Bektashis (issus des Yesawiya) : surtout en Albanie. Actuellement, quatre grands centres hallagiens subsistent : Osh (en Kirghizie) ; Maij Bhandar (Chittagong) et Shureshwara (Faridpur) en Pakistan oriental ; chez les Ghudf (en Mauritanie)."
Dans ses notes, Massignon que si pour ses adversaires, par exemple un zahiriste comme Ibn Hazm, ou d'autres fuqaha, Hallâj est un "dajjâl", un "antichrist annonciateur du Jugement", inversement, les Yézidis voient en lui le "septième Ange qui cardera le monde."
Le Cardeur est de fait un de ses surnoms (c'était par ailleurs la profession de son père) auquel il donna lui-même une portée symbolique et mystique qui se perpétua.
"En mai 1940, une femme turque, vaticinant sur la guerre mondiale à Istanbul, déclarait : "les hommes vont être punis, le Cardeur (Hallâj) va volatiliser le monde."
mercredi, avril 11, 2007
TV, Radio, concert, exposition : Vodka Lemon, Arménie, musique arménienne
Lundi 16 avril à 20h45 sur Cinécinéma culte : Vodka Lemon, de Hiner Saleem. 2003.
Radio
Dimanche 15 avril, à 17h00 sur RCF : Histoire de l'Arménie, avec Jean-Luc Pouthier. D. Fouilloux.
Concert
Armenia : mercredi 11 avril, 20h30, à l'Athénée-Louis Jouvet. Musique de chambre arménienne des XX° et XXI° siècles. Avec Jean-Marc Phillips-Varjabédian (violon), Vahan Mardirossian (piano) et Xavier Phillips (violoncelle).
4 square de l'Opéra, Paris IX°. 01 53 05 19 19. (20-25 e).
Exposition
Les Chemins de l'Arménie, Musée Arménien de France, jusqu'au 22 avril : Objets religieux, livres précieux, peintures, sculptures. 59 avenue Foch, Paris XVI°. 06 79 94 74 89. Entrée libre.
mardi, avril 10, 2007
Moines et Brigands
Jacques Soubrier.
Dernière prise de bec
Globe photo
Ayant réclamé l'ajournement du référendum qui doit se tenir à Kirkouk à la fin de l'année, la Turquie a eu la douloureuse surprise de se voir répondre, par le président du Kurdistan : "Si vous vous mêlez de vos affaires, on peut se mêler des vôtres."
C'est en effet, en gros, le message qu'a adressé Massoud Barzani à propos des menées turques visant à empêcher la tenue du référendum de Kirkouk : "Nous ne laisserons pas les Turcs intervenir à Kirkouk", a déclaré Barzani sur la chaîne al-Arabiyah.
Naturellement l'intervieweur a fait remarquer que la Turquie, tout de même, militairement c'était pas trois pétoires et un char poussif. Réponse du président :
"Je ne crains pas leur puissance militaire. Quelque puissante que soit leurs forces armées, elles ne pourront jamais l'être autant que Saddam. Je ne crains pas leur puissance militaire ou diplomatique, car ils interviennent dans une affaire qui ne les regarde pas. Ils interfèrent dans les affaires internes d'un autre pays."Kirkouk est une ville irakienne avec une identité historique et géographique kurde. Tous les faits prouvent que que Kirkouk est une partie du Kurdistan.... La Turquie n'est pas autorisée à intervenir dans la question de Kirkouk et si elle le fait, nous interviendrons dans les problèmes de Diyarbakir et des autres villes en Turquie."
Rappelons que c'est se fondant sur la présence de quelques milliers de Turkmènes à Kirkouk que la Turquie prétend avoir le droit d'empêcher le référendum, pour défendre les droits de "ses compatriotes d'Irak." D'où la réponse du berger à la bergère de Massoud Barzani : "Il y a 30 millions de Kurdes en Turquie et nous n'y intervenons pas. S'ils interviennent à Kirkouk pour seulement quelques milliers de Turkmènes, alors nous agirons pour les 30 millions de Kurdes en Turquie."
30 millions de Kurde en Turquie ? Hum... il a dû ajouter les cigognes à la liste, mais bon, l'argument est clair, d'autant plus qu'il est aisé de comparer les droits des Turkmènes au Kurdistan et ceux des Kurdes en Turquie.
Barzani a ajouté : "Si l'on nie nos droits à nous établir et à vivre librement, je jure par Dieu que nous ne permettrons pas aux autres de vivre dans la sécurité et la stabilité. Nous sommes prêts à défendre notre liberté et notre cause jusqu'à la fin."
Quand on lui demande si les Kurdes d'Irak aident les Kurdes de Turquie et d'Iran, il répond : "pour parler clairement, nous soutenons leurs droits, mais nous n'interférons pas dans leurs affaires : ils choisissent eux-même la façon de réclamer leurs droits ou de se battre pour eux."
A la question de savoir s'il les fournissait en armes (lol !) Massoud a répondu non, que cette aide était seulement politique et morale. "Nous sommes contre l'usage de la violence, mais nous sommes prêts à les aider par d'autres moyens".
Naturellement, suffoqués qu'on ose leur rendre les menaces qu'ils profèrent chaque semaine depuis 2004,
(1) mais pas turque, évidemment.
Les US y sont donc allés de leur réprimande : "Nous pensons que des commentaires de ce genre sont vraiment fâcheux et qu'ils ne font pas avancer l'objectif d'une coopération plus large entre la Turquie et l'Irak", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack." source AFP. "Les dirigeants irakiens feraient mieux de se concentrer sur la façon dont ils pourraient coopérer étroitement avec le gouvernement turc pour faire avancer leur objectif commun d'Irak stable et sûr", a ajouté le porte-parole." (Et les Américains sont de de fins connaisseurs dans les moyens d'arriver à un Irak stable et sûr, comme on sait...).
Troisième acte, on ne peut plus prévisible, l'intervention de Talabani, toujours prêt à fournir gracieusement à son interlocuteur toutes les bonnes paroles qu'il attend de lui. Donc, Talabanî regrette les propos de son président de Région, "souligne l'importance des relations avec la Turquie" et se déclare prêt à attaquer le PKK dans une opération conjointe, ce qui là encore, ne mange pas de pain, étant donné que si les Peshmergas ne bougent pas, on peut douter que ce soit l'armée irakienne (qui n'est pas au Kurdistan) qui s'y mette.... D'autant plus que, selon le Kurdistan Observer, lors d'un meeting récent à Kirkouk, le député UPK (le parti de Talabanî donc), Mullah Bakhtiar a carrément menacé d'annexer Kirkouk sans référendum si l'article 140 et son application n'étaient pas respectés dès novembre 2007. "
Cela survient après les intentions affichées de Georges Bush et de son équipe de ne pas soutenir la tenue de ce référendum et après qu'à la mi-mars, les leaders kurdes de Bagdad aient menacé de se retirer du gouvernement irakien, ce qui a poussé al-Maliki à un accord satisfaisant les Kurdes. Il est évident que les chiites, pour le moment, ne peuvent se permettre de rompre l'alliance kurdo-chiite, et se retrouver seuls face aux sunnites, sans groupe-tampon entre les uns et les autres. Par ailleurs, l'activité politique et diplomatique des autres membres de la Ligue arabe, l'Arabie saoudite, l'Egypte, la Jordanie, fait pression sur les USa à la fois pour empêcher l'émergence d'un pouvoir chiite stable en Irak et celui d'une Région kurde autonome et pusisante. Shiistan-Kurdistan même combat.
Le Conseil national de sécurité turc se réunit aujourd'hui, et Erdogan a promis qu'on allait voir ce qu'on allait voir et que les Kurdes seraient bientôt punis. Attendons, donc, en espérant que Barzani soit sûr de son coup. Son attitude, en tous cas, ne manque pas de panache. Et puis après tout, les Kurdes n'en sont plus à une guerre près, et comme dit Sun Tzu, "c'est quand on est environné de tous les dangers qu'il n'en faut redouter aucun."
samedi, avril 07, 2007
des consciences où se lèvent les aurores
En Islam iranien
"En Occident, nous avons pris conscience que nos idéologies sociales et politiques ne représentent le plus souvent, en fait, que les aspects d'une théologie laïcisée. Elles résultent de la laïcisation ou la sécularisation de systèmes théologiques antérieurs. Cela veut dire que ces idéologies postulent une représentation du monde et de l'homme, d'où a été éliminé tout message d'au-delà de ce monde. Si loin que se projette l'espérance des hommes, elle ne franchit plus les limites de la mort. La laïcisation ou sécularisation de la conscience peut être constatée, par excellence, dans la réduction du messianisme théologique à un messianisme social pur et simple. L'eschatologie laïcisée ne dispose plus que d'une mythologie du "sens de l'histoire".
Il ne s'agit pas d'un phénomène soudain, mais d'un long processus. "Laïcisation" ne veut pas dire substitution du pouvoir séculier à un "pouvoir spirituel", car l'idée même d'un "pouvoir spirituel", matérialisé en institutions et s'exprimant en termes de pouvoir, c'est d'ores et déjà la laïcisation et la socialisation du spirituel. Le processus est en marche, dès lors que l'on s'attaque, comme on l'a fait pendant des siècles, à toutes les formes de gnose, sans que la Grande Eglise, en se retranchant de la Gnose, pressentît qu'elle préparait du même coup l'âge de l'agnosticisme et du positivisme.
A son magistère dogmatique ne fit que se substituer l'impératif social des normes collectives. Celui qui était "l'hérétique" est devenu le "déviationniste", quand on ne dit pas tout simplement un "inadapté". Car on en arrive à expliquer tout phénomène de religion individuelle, toute expérience mystique, comme une dissociation de l'individu et de son "milieu social". Le "réflexe agnostique" paralyse toute velléité d'accueil à l'égard des témoins d'un "autre monde". Il est poignant de constater la hantise qui agite aujourd'hui de si larges fractions du christianisme : la peur de passer pour ne pas être "dans ce monde", et partant de ne pas être pris au sérieux. Alors on s'essouffle à "être de son temps", à proclamer la "primauté du social", à se mettre d'accord avec les "exigences scientifiques" etc., et cette course dérisoire fait oublier l'essentiel. N. Berdiaev a énoncé le diagnostic exact : la grande tragédie est là, dans le fait que le christianisme a succombé à la tentation que le Christ avait repoussé."
Phrases finies et profondes, en citant Berdiaev, sur l'individualisme contemporain, miroir aux alouettes du conformisme :
"Et cette rupture une fois consommée, il ne peut plus advenir qu'un individualisme dérisoire, totalement désarmé en fait contre les conformismes collectifs, contre la socialité, tandis que l'individualité du mystique est elle-même, à elle seule, un univers, capable de faire équilibre au monde extérieur. Le paradoxe de l'expérience mystique est en effet que l'absorption mystique en soi-même est toujours en même temps une libération de soi-même, un élan hors des frontières, et cela parce que "toute mystique enseigne que la profondeur de l'homme est plus qu'humaine, qu'en elle se cache un lien mystérieux avec Dieu et avec le monde. C'est en soi-même qu'est l'issue hors de soi ; c'est du dedans et non du dehors que l'on brise les entraves par un travail tout intérieur" (Le Sens de la création, N. Berdiaev)."
En Islam iranien, aspects spirituels et philosophiques, I, le shiisme duodécimain, chap. 1, Shiisme et Iran.
Sinon, encore de l'eau au moulin de la "connaissance intuitive", si je puis dire, quand il commente les entretiens du Ier Imam avec Komayl ibn Ziyad :
"Il s'agit d'une forme d'enseignement typique trop peu considérée en général chez nous, lorsque nous parlons de l'Islam, si bien que l'on a pu se méprendre au point de parler du shî'isme comme d'une "religion d'autorité", au sens que ce terme a en Occident, tant nous avons perdu le sens de ce en quoi consiste l'initiation spirituelle. L'Imâm, on le voit, n'impose aucune formule dogmatique. La science qu'il enseigne, nos auteurs la caractérisent comme une connaissance héritée par l'âme ('ilm irthî). C'est un héritage auquel l'âme a droit - et en possession duquel elle entre - dans la mesure de sa capacité. L'héritier, c'est celui qui est capable de comprendre ; il n'a pas à conquérir son héritage par les efforts d'une dialectique conceptuelle. C'est son degré de compréhension qui assure son droit à la "succession", et fait de lui quelqu'un à qui le "dépôt confié" peut être remis ; c'est cela même qu'a fait valoir Komayl en priant l'Imâm de lui répondre."
« Notre cause est difficile. Pour la soutenir, il faut des consciences où se lèvent les aurores, des cœurs embrasés de lumière, des âmes saines, de belles natures. »
Entretien du VI° Imâm, Djafar al-Sâdik avec Mu’zafal ibn ‘Umar al-Djufî
En Islam iranien, aspects spirituels et philosophiques, I, le shiisme duodécimain, chap.3, Le combat spirituel du shî'isme.
vendredi, avril 06, 2007
Cette semaine coup de projo sur : l'église syriaque d'Antioche
L'Eglise syriaque d'Antioche aurait été fondée en 37 par Pierre lui-même, en cette ville. Son patriarche, actuellement à Damas, porte toujours le titre de "Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient" (en toute modestie et naturellement le titre est revendiqué par d'autres églises d'Orient, pour suivre toute l'histoire, c'est par ici). Par ailleurs, en raison des aléas de l'Histoire, le Patriarche connut plusieurs résidences : Malatya du XI° au XII° siècle, Mardin jusqu'en 1924, puis Homs, et enfin Damas.
L'église d'Antioche compte, entre autres, un archidiocèse de Djezireh et d'Euphrate, un à Mossoul, un archidiocèse du Tour Abdin, un à Mardin, un diocèse pour Adiaman et Kharput.
Ce CD a été enregistré à Alep, avec les membres des choeurs des éliges St-Gegrges et St-Ephrem, sous la direction de Nouri Iskandar. Il s'agit de chants de Carême et du Vendredi saint et du Credo.
jeudi, avril 05, 2007
Moines et Brigands : aventures iraniennes
Pour qui nous rencontrerait, ne passerions-nous pas pour d'authentiques bandits ? Barbus, pas lavés, les traits tirés par la fatigue, la soif, nous ferions très bonne figure dans une troupe de brigands."
"Je repenserai souvent à Djemil qui a risqué sa vie pour satisfaire un caprice de voyageur. Souvent je reverrai sa physionomie triste et noble, son regard voilé, ses gestes lents. Cette "amertume des sympathies interrompues" est pour beaucoup dans la mélancolie des voyages. Mais elle en fait aussi la richesse. Il est des heures où l'on se dit, dans le calme d'une chambre citadine : à tel moment, dans telle région sauvage, à mille lieues de la France, j'ai rencontré un homme perdu dans sa brousse ou sa bourgade barbare. Aujourd'hui je pense à lui. Mais lui aussi a dû penser à moi, a dit aux siens : vous rappelez-vous le blanc, le voyageur solitaire qui est passé chez nous, il y a six, huit ou dix ans ? Et l'on a l'impression d'avoir laissé un peu de soi-même à travers le monde, une sorte de semence fugitive, comme si l'ombre de nos pas avait marqué la terre."
Moines et brigands, Jacques Soubrier. Chapitre VIII, Aventures iraniennes.
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"L'Iran est un immense pays de déserts salins ou de steppes arides, de montagnes dénudées, avec quelques points fertiles, oasis où ...
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Le Kurdistan est une mixture unique de différents groupes ethniques et cultures : Kurdes musulmans, Kurdes yézidis, Turkmènes musulm...