Il a appris à écouter…

Il y a un passage saisissant, dans l'épitre aux Hébreux (5, 710), bien éloigné de l'image du Christ stoïque sous la douleur et la peur de la mort, hormis, peut-être une crise de larmes dans le Jardin des Oliviers :


C'est lui qui, aux jours de sa fragilité humaine, a offert, hurlant et pleurant, prières et supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort.

Au fond, mis à part le grand cri embarrassant du "pourquoi m'as-tu abandonné ?" on ne sait rien de son comportement lors du supplice. A-t-il crié de douleur ? A-t-il pleuré et supplié, sans doute pas ses bourreaux mais au moins Dieu ? Les Évangiles n'en disent rien mais peut-être Paul avait-il dans l'oreille des récits plus détaillés de la mort sur la croix. Ou bien la nuit de Gethsémani fut-elle plus agitée qu'une suée d'angoisse. On ne sait pas. On ne peut plus savoir.

Cela dit, comme dit Paul, il fut exaucé car sauvé de la mort ; bon, pas de la façon dont tout le monde s'y attendait, c'est sûr (et lui ???), mais Dieu agit souvent comme ça. Le plus intéressant est la fin, "il a appris à écouter". À écouter qui ? Dieu ou les hommes ? Dans ce dernier cas, est-ce qu'avant ce n'était pas le cas ? Est-ce qu'il est devenu vraiment, totalement humain, non pas au moment de la conception, non pas au moment du baptême comme le croyaient certaines sectes, mais au moment de l'agonie ?

Exaucé en raison de sa piété, il a néanmoins, par la souffrance, appris à écouter. Et ainsi mené à la perfection, devient-il, pour tous ceux qui l'écoutent à leur tour…

En tout cas, le happy end fait penser à deux fins de David Lynch, celle de Blue Velvetet des moineaux et surtout celle de Twin Peaks. Mais si, mais si, tout finit bien…

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