mercredi, octobre 07, 2009

Aliments et santé


"Mange peu et évite le docteur". Au Kurdistan, le régime alimentaire joue une rôle fondamental dans la médecine traditionnelle et le soin des maladies. Le régime accompagne souvent les soins médicaux et même de nos jours certains régimes ou plats sont recommandés pour une maladie. Certaines de ces préparations se situent entre médecine et gastronomie et peuvent même avoir plusieurs fonctions.

Cette relation étroite entre les prescriptions médicales et la cuisine est des plus évidentes quand le médecin recommande la privation de viande, de graisse, de sauces et autres additifs.

"Quand vous êtes fatigués, vous n'avez pas besoin d'oreiller et quand vous avez faim, vous n'avez pas besoin d'épices." Les épices sont utilisées pour leurs propriétés thérapeutiques car elles peuvent équilibrer les caractéristiques de différents aliments.

Les vertus analgésiques du miel ont été louées par le célèbre écrivain Ereb Shemo dans son roman La Citadelle Dim-Dim :

Je lui ai porté du miel pour qu'elle en prenne avant de manger : Beaucoup de docteurs disent que le miel apaise les douleurs et que rien d'autre ne peut la guérir.

Dans un autre passage, il insiste pour qu'un homme malade aille visiter la tombe du Sheikh et mollah Kasmi car ce pèlerinage peut être source de guérison immédiate.

Selon les coutumes islamiques, si un enfant guérit, c'est à la mère dont le vœu s'est accompli. Dans de tels cas, on sacrifie un agneau et on l'offre aux pauvres (nadhr).

À Zakho, la tombe du missionnaire dominicain Père Poldo (Leopoldo Soldini, qui mourut en 1779) est un lieu de pèlerinage pour les malades venant réclamer son intercession afin qu'ils guérissent. Les parents y amènent leurs enfants malades, avec un morceau de pain sans levain, un oignon, un peu de sel, et les y déposent en offrande au "saint". Ils apportent aussi une jarre en terre cuite pour laver l'enfant malade et ils la brisent sur le sépulcre du saint après la toilette. Au nord de l'Irak, il y a des lieux saints chrétiens où les Kurdes musulmans vont en pèlerinage.

"Pain et gratitude sont mangés ensemble". Le sens le plus profond donné au pain apparaît dans de telles circonstances. Si une personne fait un rêve particulier, en se levant, elle prépare un morceau de pain avec de l'huile et l'offre aux voisins.

Enfin, quelques mots brefs sur les effets sur la santé des aliments produits au Kurdistan. Ils sont complètement organiques car les fertilisants chimiques et autres produits ne sont pas utilisés dans l'agriculture, étant étrangers aux traditions paysannes et d'un coût trop élevé. C'est seulement dans la seconde moitié des années 1970 que des fertilisants minéraux ont fait leur apparition dans les villages du Kurdistan irakien, lancés par les services pour l'extension des cultures et vendus au détail par les coopératives.


Mirella Galletti, Cuisine and customs of the Kurds and their Neighbors, JAAS, 23, nº1, 2009.

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