TURQUIE-IRAN : 12ème REUNION DELA HAUTE COMMISSION DE SECURITE
Une fois de plus, la Turquie et l’Iran annoncent un renforcement de leur coopération en matière de sécurité. Lors de la 12ème réunion de la Haute Commission de sécurité (, la dernière réunion ayant eu lieu à Téhéran, en février 2006), qui s’est tenue à Ankara du 14 au 18 avril, les discussions ont tout particulièrement porté sur les activités du PKK et son alter ego iranien, le PJAK.
La délégation iranienne, composée de huit membres, était menée par le représentant du ministre de l’Intérieur
Ali Akbar Mohtaj, la délégation turque par le Sous-secrétaire du ministre de l’Intérieur, Osman Gunesh. La délégation turque comprenait de hauts officiels de la Police nationale, des services de renseignements (MIT), de la Gendarmerie et du ministère des Affaires étrangères.
Cette commission existe depuis 1988 mais n’a guère été active durant la première décennie qui a suivi sa création. A la fin des années 1980 et au début des années 1990, les services iraniens avaient noué des liens étroits avec des groupes islamistes turcs, en les armant et les entraînant. Ces groupes islamistes turcs opéraient à la fois en Turquie, pour assassiner des dissidents iraniens et en Iran, contre des diplomates étrangers. Quant au PKK, même si le soutien de Téhéran était minime envers cette organisation, l’Iran acceptait de servir de refuge aux combattants kurdes qui opéraient en Turquie.
« Très souvent, j’ai observé les terroristes du PKK qui fuyaient en traversant la frontière vers l’Iran », raconte ainsi Dogan Beyazit, un général turc en retraite, sur le site Web de la Fondation Jamestown. Si nous protestions, ils tergiversaient, avant d’envoyer une voiture à la frontière en nous disant d’aller voir par nous-mêmes. Mais si nous acceptions la voiture, elle ne roulait qu’à 20 km/heure et puis tombait en panne. Le temps que nous arrivions, les terroristes étaient déjà partis. Alors les Iraniens niaient qu’ils avaient jamais été là. C’était un mensonge, bien sûr. »
Mais depuis le début des activités du PJAK en 2004 (et, dans une moindre mesure depuis l’élection de l’AKP en 2002) la coopération s’est renforcée, l’Iran étant bien plus motivé à éradiquer les activités du PKK qui, maintenant, le visent directement. Les deux pays s’échangent des renseignements et l’Iran a déjà extradé des militants du PKK en Turquie. De même, en mars dernier, les forces de sécurité turques ont arrêté à Van Memichir Eminzade, un commandant du PJAK, alors qu’il était entré en Turquie via le Kurdistan d’Irak. Quant aux bombardements contre les camps du PKK au Kurdistan, ils sont menés, depuis 2007, à un rythme assez régulier, même si les attaques iraniennes sont loin d’avoir l’ampleur de la récente opération turque.
Quant à l’attitude des Etats-Unis envers le PJAK, elle est soupçonnée d’être à double face. L’Iran, en tout cas, accuse régulièrement les Américains de soutenir en sous-main les attaques du PJAK, ce que Washington, bien sûr, dément, même si un leader du PJAK, Hadji Ahmedi, a obtenu, en 2007, l’autorisation de se rendre aux Etats-Unis, où il a rencontré plusieurs officiels américains (source Jamestown Foundation). Une déstabilisation modérée de l’Iran ne pouvait qu’apparaître opportune aux USA mais depuis l’hiver dernier qui a vu une coopération américano-turque soutenue, au moins en matière d’informations, contre le PKK, on observe un durcissement de la position américaine sur le PJAK, même si un renforcement de la coopération entre la Turquie et l’Iran n’entre guère dans leurs intérêts.
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