Les Sept Portraits : Le Kurde, sa fille, le Dôme du Santal
"Le Kurde, sage et avisé, releva la tête et, du hall, renvoya tous les serviteurs.
Il dit à Bon : "Ô jeune homme éclairé, à la fois réfléchi, beau, aimable et réservé :
suppose que, de retour en ta ville, de quelque autre compagnon tu subisses l'épine !
Ici, richesse, bien-être et bonheur sont à toi ; sur tous, bons et mauvais, tu as haute main.
Les hommes bons ne lâchent pas la bride aux mauvais ; ils ne livrent pas l'ami à l'ennemi.
Je possède de grands biens, mais voici : je n'ai qu'une fille unique et chérie,
une fille aimante, serviable et douce : dire qu'elle n'est pas parfaite serait indigne !
Le musc a beau être caché dans la poche, avéré de par l'univers est son parfum.
Si tu mets ton coeur en notre fille et en nous, tu nous seras plus cher que la vie.
Pour cette fille incomparable, je te choisis, de plein gré, comme époux.
Je te donne tout ce que j'ai en moutons et chameaux ; tu seras ainsi pourvu de capital.
Quant à moi, heureux et fortuné, je vivrai parmi vous jusqu'à l'heure de mon trépas."
Bon à cette plaisante offre du Kurde s'inclina avec gratitude ainsi qu'il se doit.
Après avoir échangé propos de cette joyeuseté, ils s'endormirent, le coeur léger et satisfait.
L'aube, ce vigile, quand noua la ceinture, l'oiseau, telles les clochettes d'or, lança son appel.
Selon l'ascendant à l'auguste fortune, le monarque d'Orient prit place sur le trône.
le Kurde, d'un coeur allègre, se leva et s'adonna aux apprêts des noces.
En mariage, qui est principe d'union - toute progéniture par ce lien est bénie -,
il accorda sa fille à Bon : Vénus il plaça en orbite avec Mercure.
Celui mort de soif trouva l'Eau de la Vie ; l'éclat du soleil sur le bourgeon resplendit.
L'échanson aux douces lèvres, à l'assoiffé donna une gorgée de l'eau du Kawsar.
Au début, s'il donna l'eau de la fontaine, à la fin, il prodigua l'Eau de la Vie.
Ils vécurent heureux, tous deux ensemble ; de tout ce qu'ils souhaitaient, rien ne manquait.
Ils se remémoraient le temps passé et, de ce qu'ils tenaient présent, se réjouissaient.
Le Kurde transmit à ses précieux enfants tout ce qu'il possédait en capital.
Si bien que, campement, trésors, troupeaux, tout échut intégralement à Bon.
Quand ces prairies, tout verdures et ombrages, ce fut le temps de quitter pour la plaine,
Bon se rendit à l'arbre odorant le santal aux feuilles duquel il devait la guérison.
Des deux branches du tronc, et non d'une seule, il cueillit à foison de larges feuillées.
Il fit de ces deux feuilles deux sacoches pleines qu'il disposa parmi la charge d'un chameau :
l'une, remède suprême contre l'épilepsie, l'autre, collyre par excellence pour les yeux.
A personne il ne s'ouvrit de ces feuilles ; cet électuaire il garda caché aux regards."
Nezâmi, Les Sept Portraits, trad. Isabelle de Gastines.
Il dit à Bon : "Ô jeune homme éclairé, à la fois réfléchi, beau, aimable et réservé :
suppose que, de retour en ta ville, de quelque autre compagnon tu subisses l'épine !
Ici, richesse, bien-être et bonheur sont à toi ; sur tous, bons et mauvais, tu as haute main.
Les hommes bons ne lâchent pas la bride aux mauvais ; ils ne livrent pas l'ami à l'ennemi.
Je possède de grands biens, mais voici : je n'ai qu'une fille unique et chérie,
une fille aimante, serviable et douce : dire qu'elle n'est pas parfaite serait indigne !
Le musc a beau être caché dans la poche, avéré de par l'univers est son parfum.
Si tu mets ton coeur en notre fille et en nous, tu nous seras plus cher que la vie.
Pour cette fille incomparable, je te choisis, de plein gré, comme époux.
Je te donne tout ce que j'ai en moutons et chameaux ; tu seras ainsi pourvu de capital.
Quant à moi, heureux et fortuné, je vivrai parmi vous jusqu'à l'heure de mon trépas."
Bon à cette plaisante offre du Kurde s'inclina avec gratitude ainsi qu'il se doit.
Après avoir échangé propos de cette joyeuseté, ils s'endormirent, le coeur léger et satisfait.
L'aube, ce vigile, quand noua la ceinture, l'oiseau, telles les clochettes d'or, lança son appel.
Selon l'ascendant à l'auguste fortune, le monarque d'Orient prit place sur le trône.
le Kurde, d'un coeur allègre, se leva et s'adonna aux apprêts des noces.
En mariage, qui est principe d'union - toute progéniture par ce lien est bénie -,
il accorda sa fille à Bon : Vénus il plaça en orbite avec Mercure.
Celui mort de soif trouva l'Eau de la Vie ; l'éclat du soleil sur le bourgeon resplendit.
L'échanson aux douces lèvres, à l'assoiffé donna une gorgée de l'eau du Kawsar.
Au début, s'il donna l'eau de la fontaine, à la fin, il prodigua l'Eau de la Vie.
Ils vécurent heureux, tous deux ensemble ; de tout ce qu'ils souhaitaient, rien ne manquait.
Ils se remémoraient le temps passé et, de ce qu'ils tenaient présent, se réjouissaient.
Le Kurde transmit à ses précieux enfants tout ce qu'il possédait en capital.
Si bien que, campement, trésors, troupeaux, tout échut intégralement à Bon.
Quand ces prairies, tout verdures et ombrages, ce fut le temps de quitter pour la plaine,
Bon se rendit à l'arbre odorant le santal aux feuilles duquel il devait la guérison.
Des deux branches du tronc, et non d'une seule, il cueillit à foison de larges feuillées.
Il fit de ces deux feuilles deux sacoches pleines qu'il disposa parmi la charge d'un chameau :
l'une, remède suprême contre l'épilepsie, l'autre, collyre par excellence pour les yeux.
A personne il ne s'ouvrit de ces feuilles ; cet électuaire il garda caché aux regards."
Nezâmi, Les Sept Portraits, trad. Isabelle de Gastines.
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