Régime de 40 jours pour lire la Sagesse orientale et finalement se faire frapper par la Lumière divine
Avant de commencer la lecture de ce livre, il faut absolument pratiquer pendant quarante jours la vie spirituelle, s'abstenir par exemple de la chair des animaux, ne prendre qu'un minimum de nourriture, pour s'absorber dans la méditation de la Lumière divine et cela selon ce qu'ordonne le Mainteneur du Livre.
Le Maître de l'Instant ne donne, on le voit, que de vagues conseils pour le déroulé de la retraite, conseils qui semblent plus suggérés qu'incontournables. On sent plutôt un laisser-aller, du style 'fais comme tu le sens', chez ce philosophe décrit comme un 'parfait ascète" qui "ne rompait le jeûne qu'une fois par semaine" par son biographe Al-Sharazûrî.
Comme il arrive souvent, disciples et successeurs ont développé et ajouté des règles plus précises, pour aboutir à une diète digne d'une star de la minceur, telle celle de son commentateur Qotboddîn Shîrâzî. On notera qu'il ne s'agit pas d'aliments méprisables et rustiques, comme aimaient souvent à s'en régaler les soufis pratiquant la voie de la mortification. Philosophe et gnostique, Qotboddîn applique plutôt le précepte grec, très pythagoricien : 'tu es ce que tu manges'. Donc si tu veux faire flamber ta cervelle dans les sphères, pas de nourritures grossières ou indigestes. De même, une grande propreté corporelle semble requise, ce qui est très musulman et fort à l'opposé des pratiques masochistes et fort peu hygiéniques qui avaient cours à la même époque chez les qalandars, ou bien chez nombre d'ascètes chrétiens :
Voici les modalités de la retraite. Il faut d'abord que les attaches et les entraves extérieures soit entièrement coupées, de sorte qu'il ne reste plus au pèlerin d'autre soucis que celui de sa retraite, après que son corps a été purifié des humeurs superflues, si cela était nécessaire.
Qu'il s'installe ensuite dans un petit ermitage obscur, hors de la portée du bruit des gens et de leurs occupations tumultueuses. Qu'il jeûne et ne rompt le jeûne qu'après la prière du soir par une nourriture de petite quantité mais de grande qualité, telles que le pain blanc et les mets confectionnés avec des graines choisies, les légumes et les herbes agréables et les assaisonnements assortis (avec beurre, amande, noix, huile de sésame et tout autre chose semblable). Qu'il retranche chaque jour de sa ration une bouchée de pain et une cuillerée de mets cuits.
Que jamais sa tête ni son corps ne soient privés des onguents de la plus excellente qualité, et son ermitage jamais ne soit vide des parfums les plus purs.
Qu'il soit absorbé nuit et jour en la remémoration de Dieu et des anges très saints, des Princes très saints de la tour céleste, par les lèvres et par le cœur, s'éloignant du corps et de ce qu'il contient, considérant son âme comme déjà séparée des étendues et des dimensions spatiales, des temps et des instants ; comme si elle était un temps très long suspendue, esseulée en sa pure essence, séparée, délivrée. Car si elle persiste en cet état, c'est pendant ce temps que la frappera un éclair, une Lumière effusant de l'Intelligence sur l'âme, Lumière délicieuse et qui passe aussi rapide que l'éclair, comme on l'a dit. Ensuite embrasement : une Lumière qui incendie les corps. Ensuite déclin et effacement : l'âme est sans conscience de tout ce qui est autre que son Aimé unique et originel, et c'est là le degré suprême des degrés mystiques.
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