lundi, octobre 15, 2012

Karzan Karim : Human Rights Watch demande l'annulation du verdict et l'amendement de l'article 21

source ruber.net
Le 7 octobre 2012, Karzan Karim qui travaillait à la fois à l'aéroport d'Erbil en tant qu'agent de sécurité (Asayish) et écrivait en journaliste indépendant (journaliste ET Asayish, il y en a qui ont des vies compliquées) a été condamné à 2 ans de prison par la Deuxième cour pénale d'Erbil, après un procès à huis-clos. Selon la défense, la raison en est que Karzan Karim a dénoncé, dans plusieurs articles au Kurdistan Post, la corruption au sein de l'Agence de sécurité du Kurdistan. 

Karzan Karim a été accusé d'avoir violé l'article 21 (2003) qui interdit, en des termes on ne peut plus flous et généraux, toute action pouvant nuire "aux institutions de l'État" et "miner la sécurité et la stabilité de la Région". 

"Envoyer Karzan Karim en prison, sur la base d'accusations aussi vagues est une menace pour tous les journalistes au Kurdistan" a déclaré Joe Stork, directeur du département Moyen-Orient à HRW. Il semble que les autorités du GRK (Gouvernement régional du Kurdistan) préfèrent faire taire la dissidence plutôt que d'appliquer le droit."

Karzan Karim est affilié au Syndicat des journalistes du Kurdistan depuis 2008. Il a travaillé aussi comme officier de sécurité à l'aéroport international d'Erbil, au salon des VIP, de 2009 à 2011. En novembre 2011, il a été arrêté après avoir publié cinq articles critiquant l'administration de l'agence de sécurité de l'aéroport, dans lesquels il accusait les Asayish de corruption.

Selon Niyaz Abdullah, coordinateur pour Metro Center, un groupe de presse très actif dans les dénonciations des atteintes aux droits de la presse, le 5 novembre 2011, peu de temps après la parution de ses articles, Karzan Karim a été enlevé par les Asayish, alors qu'il se trouvait en voiture. Une personne prétendant être "un ami" de Karzan Karim a ensuite rendu visite à sa famille en disant que l'agent-journaliste avait quitté le Kurdistan et se trouvait maintenant à l'étranger. Selon la famille Karim, il s'agissait d'un Asayish. Les parents de Karzan Karim reçurent des nouvelles trois mois plus tard, quand celui-ci les contacta en leur apprenant qu'il avait été détenu en isolement à la prison de haute sécurité des Asayish à Erbil, et était maintenant transféré à Asayishi Dishi, une prison de haute sécurité générale. La famille a été alors autorisée à visiter le détenu, mais toujours en présence d'un Asayish. Le frère de Karzan, Kamran Karim a déclaré que le prisonnier a été battu, psychologiquement et physiquement torturé, durant son isolement.

Son avocat, Karim Sofy, a indiqué à HRW que son client n'avait eu droit à aucun avocat lors de son arrestation ou durant l'enquête. Lui-même a été autorisé à voir son client au bout de neuf mois de détention et a subi des menaces de la part des anciens collègues de Karzan.

Human Rights Watch a exprimé ses inquiétudes au sujet de ce dossier auprès du département des Affaires étrangères du GRK qui, le 6 septembre dernier, a reconnu franchement, dans un courrier adressé à l'ONG, que Karzan Karim faisait l'objet d'une enquête pour "publications d'informations sensibles" et que son arrestation était due à une "série d'articles publiés sur le web traitant de l'Agence de sécurité du Kurdistan et de l'aéroport d'Erbil. Dans ce courrier, HWR apprenait aussi que le détenu avait passé sept mois en prison avant d'être officiellement accusé d'avoir violé l'article 21 du code pénal qui énonce que "quiconque est intentionnellement impliqué dans tout acte visant à nuire à la sécurité, à la stabilité et à la souveraineté des institutions du Gouvernement régional du Kurdistan et est la cause de cette nuisance, encourra l'emprisonnement à vie."

Pourtant, dans un communiqué daté du 8 août 2012, l'Agence de sécurité du Kurdistan niait que l'arrestation de son ancien membre était due aux articles qu'il avait publiés.

Al-Rafidayn, un organe de presse locale, a rapporté sur son site que le 12 septembre, le Premier Ministre du GRK, Nêçirvan Barzanî (dont le cousin, le fils de Massoud Barzanî, est à la tête des Asayish) avait déclaré que "le gouvernement ferait en sorte que Karzan Karim ait un procès équitable" et le département des Affaires étrangères avait promis, lui, un procès public. Il n'en fut rien et les Asayish ont bouclé le tribunal et empêché d'entrer la famille de l'accusés et des militants des droits de l'homme.

Le déroulé du procès nous est ainsi parvenu à travers le récit de la défense. Selon l'avocat Karim Sofy, un haut responsable des Asayish l'aurait pris à part pour le menacer de connaître le même sort que Serdesht Osman, "s'il ne se comportait pas mieux". Au moins, cela aura permis d'élucider sans l'ombre d'un doute qui fut derrière le meurtre de Serdesht Osman.

Karim Sofy a affirmé à HRW qu'aucune preuve n'avait pu être présentée contre son client lors du jugement, les Asayish alléguant que la cour avait jugé en s'appuyant sur des "documents secrets".

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