Après sa "libération" calme relatif et incertain au Kurdistan de Syrie
Depuis le « retrait » ou le désengagement partiel des forces syriennes dans la plupart des villes kurdes, les habitants jouissent d’une paix précaire mais souffrent aussi de pénuries alimentaires et de carburant, pénuries accrues par l’afflux de réfugiés fuyant les combats d’Alep.
Le site kurde Welatê me (notre pays) parle ainsi de longues files d’attente, durant des heures, devant les boulangeries de Kobané, la seule ville qui a été complètement vidée par les forces syriennes et les administrations.
Mustafa Juma, secrétaire général du parti kurde Azadî, natif de Kobanî, confirme la pénurie alimentaire, surtout en farine, et pointe à la fois les combats entre l’armée syrienne et l’armée de libération (FSA) qui entravent la circulation, mais aussi les check-point du PYD (branche syrienne du PKK) qui dit vouloir ainsi empêcher la pénétration de l'Armée syrienne libre (ASL) dans les zones kurdes. Mustafa Juma accuse ces check-point de prélever de l’argent sur ceux qui amènent de la nourriture en ville, tout en reconnaissant que la fin des combats à Alep améliorerait largement la situation, le plus lourd à supporter, pour cette ville de 350 000 habitants, étant l’afflux des Kurdes d’Alep.
Les problèmes viennent aussi, comme les propos du secrétaire d’Azadî l’illustrent, de la difficulté des partis kurdes à s’entendre entre eux pour l’administration et la gestion des affaires courantes, alors que rien ne les a préparés à ce type de tâches et qu’une certaine mésentente règne entre des mouvements que lie un accord trop fragile et trop récent pour être véritablement effectif sur le terrain. Ainsi, il n’y a pas encore eu de rentrée scolaire à Kobanî, comme le reconnaît Abdulbaqî Yûsuf, membre du Bureau politique du PYD. L’éducation est en principe gérée par le Comité suprême kurde, et ce dernier est débordé et en proie à des querelles internes.
Muhammad Musa, le leader du Parti kurde de gauche, juge, lui que la situation à Kobanî est assez bonne, moins cependant que celle d’Efrîn, mais que la région de Djéziré est la plus désorganisée. Il confirme, comme Abdul Hakim Bashar, le président du CNL l’avait indiqué en juillet dernier, que les employés locaux des administrations syriennes, au nombre d’environ 150 000, continuent d’être payés, mais que cela cessera sans doute si l’État syrien s’effondre sous les coups de la révolution. (Rudaw).
Plus généralement, le PYD et le CNK, sans surprise, s’accusent mutuellement et volontiers d’incompétence ou de mauvaise volonté dans la collaboration, se renvoyant ainsi les responsabilités.
Mais malgré les tensions, l’escalade vers une guerre fratricide est, jusqu’ici, rejetée unanimement.
À Qamishlo, seule ville kurde où le Baath a choisi de se maintenir, l’armée syrienne a arrêté et emprisonné, début septembre, 25 jeunes Kurdes pour « insoumission » c’est-à-dire désertion, ce qui a poussé des centaines de personnes à descendre dans les rues pour réclamer leur libération. Les Komelên ciwanên Rojavayê Kurdistan (KCRK, Organisations des jeunes Kurdes du Kurdistan occidental) se sont ainsi rassemblés le vendredi qui a suivi les arrestations, devant la mosquée, tandis que des commerçants baissaient le rideau en signe de solidarité.
Certaines de ces arrestations fonctionnent plus comme des kidnappings en vue d’assurer un échange de prisonniers. Ainsi, 3 jeunes Kurdes du village de Girkê Legê ont été emmenés par l’armée syrienne après que des forces kurdes avaient, dans ce même village, capturé 5 soldats. Il y a eu alors libération réciproque des otages.
À Alep, dans le district de Sheikh Maqsoud, quartier habité par des Kurdes, c’est un bombardement aérien qui a tué une femme, deux de ses enfants et leur jeune cousin, alors qu’ils suivaient un enterrement. Le Conseil national kurde a qualifié cet acte de « criminel ».
Jusqu’ici, les forces kurdes du PYD qui tiennent Efrîn n’ont pas eu à affronter l’armée syrienne et tiennent aussi à distance l'ASL. Il est difficile de savoir si l’attaque a été délibérée ou s’il s’agit d’une bavure de la part de l’armée.
Un autre meurtre dont les motivations ne sont pas aisées à débrouiller est celui, survenu le 21 septembre, de Mahmoud Wali Babijani ou « Abu Gandhi », un activiste politique kurde, membre du parti Azadî, fondateur d’un mouvement de jeunesse et figure éminente du CNK. Il a été abattu par deux hommes masqués roulant à moto, dans la ville de Serê Keniyê, (province de Hassaké).
Neuf mois auparavant, Abu Gandhi avait été enlevé et sévèrement torturé avant d’être relâché. Il avait alors accusé le PYD d'être l'auteur de son enlèvement, ce que ce dernier avait nié. Il faisait l’objet de nombreuses menaces de mort et se cachait la plupart du temps, ne sortant que pour participer à des manifestations.
Le 30 septembre, à Qamishlo, a eu lieu un attentat-suicide, le premier de ce genre au Kurdistan, touchant principalement des forces de sécurité syriennes, sans que cette attaque à la voiture piégée ait été revendiquée par une quelconque organisation kurde.
Dans une interview accordée le 25 septembre au journal Rudaw, le leader du PYD qui a effectué, le mois dernier, une tournée politique en Europe, réfute les accusations fréquemment portées contre son parti d'être plus un allié qu'un adversaire du régime syrien. Mais selon lui, le gouvernement peut tenir encore 2 ans, en s'appuyant sur ses 170 000 membres des forces de sécurité et des Syriens qui auraient tout à perdre avec la chute de Bachar Al-Assad, notamment les Alaouites qui pourraient vouloir se retrancher dans leur zone montagneuse fortifiée, embryon d'une région politique séparée du reste d ela Syrie.
Affirmant que le PYD veut bel et bien la chute de l'État baathiste, Salih Muslim pointe les dangers et les incertitudes que rencontreraient les Kurdes au sein de la nouvelle Syrie, en noircissant un peu au passage le tableau de l'Irak post-Saddam concernant les Kurdes, au sujet desquels il affirme que leurs droits ne sont pas assurés et que l'article 140 n'est toujours pas appliqué. Enfin il rappelle l'échec de la conférence du Conseil national syrien au Caire où les délégations kurdes se sont retirées.
La déclaration finale de la première conférence du Conseil national syrien qui avait eu lieu à Tunis, en octobre 2011, mentionne bel et bien les Kurdes en tant que « groupe ethnique » devant figurer dans la constitution, aux côtés d'autres minorités comme les Assyro-Chaldéens et que les affaires kurdes, comme celles des Assyro-Chaldéens, devaient être traitées « dans le cadre des affaires générales du pays » et d'une « Syrie unie en tant que peuple et territoire » et enfin, assure des mêmes droits civiques tous ses citoyens, quelles que soient leur appartenance religieuse ou leur ethnie. Mais en juillet dernier, au Caire, les Kurdes avaient présenté comme « non négociable » la mention d'une « nation kurde » dans la constitution syrienne.
Quant à Abdullah Öcalan, il vient de déclarer, par l'intermédiaire de son frère autorisé à lui rendre visite, que « la Turquie devait s'adapter (sic) au projet implanté au Kurdistan occidental » sous peine de problèmes dans le futur, mais qu'il ne souhaitait pas la « division de la Syrie».
Le 30 septembre, à Qamishlo, a eu lieu un attentat-suicide, le premier de ce genre au Kurdistan, touchant principalement des forces de sécurité syriennes, sans que cette attaque à la voiture piégée ait été revendiquée par une quelconque organisation kurde.
Dans une interview accordée le 25 septembre au journal Rudaw, le leader du PYD qui a effectué, le mois dernier, une tournée politique en Europe, réfute les accusations fréquemment portées contre son parti d'être plus un allié qu'un adversaire du régime syrien. Mais selon lui, le gouvernement peut tenir encore 2 ans, en s'appuyant sur ses 170 000 membres des forces de sécurité et des Syriens qui auraient tout à perdre avec la chute de Bachar Al-Assad, notamment les Alaouites qui pourraient vouloir se retrancher dans leur zone montagneuse fortifiée, embryon d'une région politique séparée du reste d ela Syrie.
Affirmant que le PYD veut bel et bien la chute de l'État baathiste, Salih Muslim pointe les dangers et les incertitudes que rencontreraient les Kurdes au sein de la nouvelle Syrie, en noircissant un peu au passage le tableau de l'Irak post-Saddam concernant les Kurdes, au sujet desquels il affirme que leurs droits ne sont pas assurés et que l'article 140 n'est toujours pas appliqué. Enfin il rappelle l'échec de la conférence du Conseil national syrien au Caire où les délégations kurdes se sont retirées.
La déclaration finale de la première conférence du Conseil national syrien qui avait eu lieu à Tunis, en octobre 2011, mentionne bel et bien les Kurdes en tant que « groupe ethnique » devant figurer dans la constitution, aux côtés d'autres minorités comme les Assyro-Chaldéens et que les affaires kurdes, comme celles des Assyro-Chaldéens, devaient être traitées « dans le cadre des affaires générales du pays » et d'une « Syrie unie en tant que peuple et territoire » et enfin, assure des mêmes droits civiques tous ses citoyens, quelles que soient leur appartenance religieuse ou leur ethnie. Mais en juillet dernier, au Caire, les Kurdes avaient présenté comme « non négociable » la mention d'une « nation kurde » dans la constitution syrienne.
Quant à Abdullah Öcalan, il vient de déclarer, par l'intermédiaire de son frère autorisé à lui rendre visite, que « la Turquie devait s'adapter (sic) au projet implanté au Kurdistan occidental » sous peine de problèmes dans le futur, mais qu'il ne souhaitait pas la « division de la Syrie».
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