vendredi, septembre 25, 2009

Nourriture et territoire

photo : Sandrine Alexie
"Au printemps, du mouton; en automne, du raisin; en hiver, moi."* Ce dicton kurde résume l'opinion des femmes sur les plaisirs, tout autant que les relations des gens avec les nourritures saisonnières. Selon un autre dicton, " fortune rapide : vignes et moutons", ce qui signifie que les bonnes années, la culture de la vigne et l'élevage peuvent amener de grands profits. Du Néolithique à nos jours, l'économie régionale et le régime alimentaire se sont fondées sur l'élevage des moutons et la culture de la vigne.

Les Kurdes vivent dans une aire qui va des montagnes du Zagros au plateau du désert Syrien. À la fin du 19ème siècle, beaucoup étaient encore nomades ou semi-nomades, mais leur mode de vie allait connaître de grands changements. Aujourd'hui les Kurdes vivent pour la plupart dans des villes et des villages, et pratiquent l'agriculture et l'élevage. Dans l'économie traditionnelle, les hommes s'occupent de l'élevage et de la tonte des moutons, tandis que les femmes ont en charge la traite des brebis comme des vaches, et toutes les différentes étapes dans la fabrication de beurre et de fromage.

Les Kurdes sont en interaction avec les populations non kurdes, comme les Arméniens, les Assyro-Chaldéens, les Turkmènes (et, dans le passé, les Juifs), et ces influences réciproques ont eu un grand impact sur la société, la culture, ainsi que sur la cuisine. Les mets kurdes sont très semblables à ceux que l'on trouve dans les cuisines arabe, persane, assyrienne et turque, et souvent les différentes traditions gastronomiques subissent des révisions particulières et originales. Les mets kurdes, bien que portant le même nom dans les différentes régions du Kurdistan, varient entre eux dans leurs méthodes de préparation et de cuisson et dans les ingrédients utilisés. Des plats sont reliés à des lieux spécifiques ou des fêtes.

Les tentatives d'assimilation du peuple kurde (violentes ou non) dans les parties irakienne et turque en particulier, sont les facteurs les plus importants à affecter actuellement la société kurde, et, par extension, leur régime alimentaire. La destruction de l'économie agricole et de l'élevage dans les années 1980 ont provoqué un amoindrissement des savoir, et quelquefois une perte pure et simple des technologies traditionnelles.

Mirella Galletti, Cuisine and customs of the Kurds and their Neighbors, JAAS, 23, nº1, 2009.
*Joyce Blau, Mémoire du Kurdistan, p. 22, Findakly, 1984.

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