mardi, septembre 29, 2009

IRAN : MYSTÉRIEUX ASSASSINATS POLITIQUES À SANANDADJ


Plusieurs assassinats visant des personnalités religieuses et politiques ont semé un certain trouble à Sanandadj, capitale de la province du Koudestan en Iran. Le 17 septembre, Mamosta Sheikholeslam, qui représentait la province du Kurdistan à l’Assemblée des Experts, a été tué de deux coups de revolver, par un tireur non identifié, dans une mosquée de Sanadadj. Quelques jours auparavant, un autre imam de la ville, Ali Borhan Mamoste, partisan du président iranien, avait été tué de la même façon, cette fois par trois tireurs, toujours inconnus. Enfin, deux juges locaux ont échappé à des tentatives d’assassinats similaires.

L’agence gouvernementale ISNA a accusé immédiatement le PJAK, la branche iranienne du PKK, qui n’a pourtant pas revendiqué l’action, pas plus qu’aucune autre organisation kurde, et qui n’est pas coutumier de ce genre d’action sur des fonctionnaires ou des religieux, ses attaques visant surtout les militaires et les forces de sécurité. Par ailleurs, les victimes n’étaient pas des personnalités politiques de premier plan, ni très dangereuses pour les activistes kurdes. Aussi, la plupart des mouvements politiques kurdes ont condamné ces assassinats. Enfin, tout en accusant les partis clandestins kurdes ainsi que des « agents étrangers », le gouvernement a relié également ces actions à des groupes sunnites proches d’al-Qaeda, et a mené une série de coups de filet contre des milieux sunnites « extrémistes », à l’issue desquels 4 personnes ont été tuées et 14 arrêtées.
Mais des partis kurdes, comme le Parti démocratique du Kurdistan, dénoncent une série d’arrestations arbitraires au Kurdistan et alertent sur la volonté du régime d’exécuter des prisonniers politiques kurdes en instance de jugement. Pour Loghman H. Ahmedi, le représentant du PDK-Iran pour le Royaume-Uni, al-Qaeda est peut-être derrière ces assassinats, mais certainement pas les mouvements kurdes qui les ont largement condamnés. Quant aux réseaux d’al-Qaeda qui opéreraient en Iran, Loqman H. Amedi affirme qu’un bon nombre de ces groups sont en fait soutenus, financés et parfois même mis en place par l’Iran lui-même, afin d’être utilisés contre les mouvements kurdes au Kurdistan, en Irak comme en Iran.

Il est vrai qu’entre les années 1990 et jusqu’en 2003, ces groupes sunnites extrémistes contrôlaient de larges territoires dans les districts de Halabja et Penjwin, au Kurdistan d’Irak, jusqu’à ce qu’une opération conjointe des forces américaines spéciales et des Peshmergas « nettoient » ces bastions islamistes et les refoulent en Iran. Selon le représentant du PDK-Iran à Londres, après leur repli en Iran, ces groupes auraient été réorganisés avec le soutien de l’Iran et réinstallés dans des villes kurdes comme Mariwan, Sanandadj et Paveh, et leur cible a jusque là toujours été les militants kurdes laïques et non le régime chiite. Ces récents assassinats, tous dirigés contre des figures kurdes travaillant officiellement pour le gouvernement, mais sans grande envergure politique, pourraient servir de prétexte à des exécutions massives de détenus kurdes et un alourdissement de la répression contre les mouvements kurdes ou les associations de défense des droits de l’homme.

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