Chassé-croisé de fête à Kilis
Mais à aucun moment le journal n'explique pourquoi tant de "Syriens" vivant dans le gouvernorat d'Alep ont été séparés de leurs familles vivant du côté turc. Et à aucun moment il ne précise qui sont ces gens.
Or à cet endroit, de part et d'autre de la frontière, ce sont majoritairement (admettons qu'il y ait un peu d'Arabes et de Turkmènes dans le lot) des Kurdes, puisque le tracé frontalier passe en plein dans la Montagne kurde de la région d'Afrine, soit le Djebel Akrad en arabe, soit le Kurd Dagh des Turcs ; montagne rebaptisé d'ailleurs par les Baathistes nationalistes "Montagne des Arabes" et il y a lieu de parier que de leur côté les Turcs ont cessé de l'appeler le Kurd Dagh. Ce n'est qu'à la fin de l'article, que sont nommées deux "citoyennes syriens" en visite (en turcisant comiquement leurs noms ) et qu'une certaine "Hüsniye" Mamo ne laisse aucun doute sur son origine.
La question est de savoir s'il s'agit là d'une auto-censure tellement bien intégrée dans les moeurs journalistiques qu'aucune pression des autorités n'est nécessaire pour que personne ne sache que oui, le tracé de la frontière turco-syrienne, en trois points, comme celle de l'Iran-Irak et de la Turquie-Iran a séparé un peuple, et que concrètement, ce n'est pas uniquement dans l'abstraction d'une nation divisée que cela se traduit, mais tout simplement par des familles déchirées, des villages parfois coupés en deux, des terres confisquées ou devenues subitement inaccessibles. C'est aussi cela, la réalité des Etats-nations quand ils se fondent en passant certaines nations par pertes et profits. Mais était-ce si dangereux ou si subversif de nommer les gens par leur nom ?
C'est ce que semble en tout cas juger Ankara dans l'affaire "Kurdistan Airlines", dont la licence a expiré le 30 septembre, et qui pourrait ne pas voir renouveler son autorisation de survoler le territoire turc, tout simplement parce que le mot "Kurdistan" peint sur les avions, et imprimés sur les billets est une vision semble-t-il insupportable aux autorités turques.
L'accusation qui émane d'ailleurs, selon l'AFP, d'une source des Affaires étrangères turque est d'ailleurs formulée comiquement : la compagnie qui assure les vols Francfort-Cologne/Erbil ne serait "qu'une couverture" et, comble de l'horreur, sur les billets vendus seraient marqués : "Kurdistan Airlines." Non ? On a mis tant de temps que ça à le découvrir aux Affaires étrangères ?
En fait, "bayram", c'est "la fête". Donc, bien sûr on y parle de la fête du Ramadan. Maintenant, les Arabes de la région ne sont pas Musulmans, plutôt Chrétiens ou Alaouites. Ils ne fêtent pas Ramadan. Peut-être par syncrétisme chez les Alaouites ? Mais j'ai un énorme doute. Ce n'est pas un "pilier" chez eux.
RépondreSupprimerTout ça pour dire qu'on parle très spécialement des Kurdes sans les nommer.
Zaman est franchement proche de l'islam politique (journal du mania Fethullah Gülen), donc le courant "gentil avec les Kurdes".
Je ne crois pas non plus que les alaouites observent le Ramadan (sauf par pression sociale ou quand le clan al-Assad veut faire semblant d'être musulmans, le jeûne chiite de Moharram peut-être, parce qu'Ali est leur figure religieuse majeure.
RépondreSupprimerBien sûr que ce sont des Kurdes et la façon lourdaude et empêtrée avec laquelle le rédacteur passe et repasse laborieusement sur "les citoyens syriens" et les "citoyens turcs" me fait penser aux "français musulmans" lors des "événements d'Algérie"...
Noté aussi cet article sur les turcs transfrontaliers ^^ j'ai bien rigolé, je pensais écrire la dessus aujourd'hui :D
RépondreSupprimervais trouver autre chose ;)