Human Rights Watch : rapport 2013
Comme chaque anéee, Human Rights Watch publie son rapport sur l’état des droits de l’homme dans le monde, continent par continent, en détaillant les pays « à problèmes ».
Les Kurdes sont mentionnés, en tant que victimes et parfois auteurs des abus, dans les chapitres traitant de la Turquie, de l’Iran et de la Région du Kurdistan d’Irak. Cette année, la Syrie n’est étudiée que via les crimes commis par le gouvernement baathiste et ceux aussi imputés à l’ASL. Apparemment, les zones kurdes n’ont pas été visitées.
TURQUIE
La Turquie est, sans surprise, blamée pour son usage abusif des lois « anti-terrorisme » et de sa persécution judiciaire contre des journalistes, des politiciens kurdes et des restrictions de libertés envers les Kurdes en général. L’indépendance des tribunaux suscite de « sérieux doutes ».
Les procureurs et les cours utilisent les lois anti-terrorisme pour poursuivre ou prolonger l’incarcération des militants kurdes, des défenseurs des droits de l’homme, d’étudiants, de journalistes et de syndicalistes. La liberté d’expression et celle des media est réduite et « des violations graves et persistantes » sont observées au sujet de l’équité des procès.
Du fait que l’AKP « ferme les yeux sur les détentions massives de militants kurdes » et de « l’escalade des attaques du parti hors-la-loi, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), 2012 a sombré dans une spirale de violence avec des conflits armés qui ont causé des centaines de morts parmi les soldats et les membres du PKK, ce qui est significativement plus élevé que les annés précédentes. Au cours de 2012, le PKK a kidnappé des membres de la sécurité et des civils, dont des politiciens, un député et des enseignants, les relâchant périodiquement. Un attentat attribué au PKK, en août à Gaziantep, a tué 9 civils, dont 4 enfants. La non-résolution de la question kurde demeure le principal obstacle à l’avancée des droits de l’homme en Turquie.»
Parmi les milliers de prisonniers accusés de terrorisme, emprisonnés et/ou dont le procès est en cours, l’universitaire Büşra Esanlı, l’éditeur Ragip Zarakolu et les journalistes Ahmet Şık et Nedim Şener ont été remis en liberté mais les charges de terrorisme n’ont pas été levées.
La majorité de ces prisonniers sont des militants kurdes et des responsables du Parti de la paix et de la démocratie (BDP). Ils sont accusés de liens avec l’Union des communautés du Kurdistan (KCK/TM), une organisation reliée au PKK. De façon générale, l’étau judiciaire s’est resserré sur le BDP et les cercles du militantisme kurde en 2012, avec des vagues d’arrestation et des prolongements de procès. Parmi eux, de nombreux journalistes, étudiants, avocats, syndalicalistes et défendeurs des droits de l’homme.
Dans le procès le plus massif, celui de Diyarbakir, qui englobe 175 accusés, 108 sont en détention depuis 3 ans et demi, dont le directeur de la branche de Diyarbakir de l’Association des droits de l’homme, Muharrem Erbey, six maires BDP, des membres de conseils municipaux, tous BDP et 5 députés élus.
HWR rappelle le bombardement de 34 jeunes villageois (jeunes gens et enfants) à Roboski (ULudere) en décembre 2011, alors qu’ils traversaient la frontière du Kurdistan d’Irak pour passer des biens de contrebande et fait part de ses inquiétudes au sujet d’un étouffement de l’affaire, au vu des déclarations du Premier Ministre, rejetant les demandes des familles, des partos d’opposition et des media réclamant une élucidation, et au vu de l’absence d’enquêtes publique et criminelle.
Cependant, il y a un progrès dans le débat public concernant des faits passés, et de nouvelles informations ont vu le jour sur des crimes antérieurs, ce qui a donné «un nouvel élan à des enquêtes criminelles portant sur des abus des droits de l’homme par des agents de l’État dans les années 1980 et 1990. En octobre, un général de brigade a été jugé pour le meurtre ou la disparition de 13 villageois à Dêrîk, au début des années 1990.
Il faut des réformes gouvernementales pour abolir le recours à l’assassinat et à la torture.
Enfin, le procès de 2 leaders encore en vie du coup d’État du 12 septembre 1980 a débuté en avril, ce qui est une occasion importante de rendre justce aux victimes des violations massives de droits de l’homme qui ont suivi le coup d’État.
IRAN
Le gouvernement refuse d’accorder la liberté de culte aux adeptes du bahaïsme, la plus importante minorité religieuse non-musulmane d’Iran. Parmi les musulmans, les non-chiites font face à des discriminations dans l’emploi et la représentation dans la société, alors que les sunnites forment 10% de la population. Ils ne peuvent construire de mosquées dans les grandes villes ni conduire des prières séparées durant l’Eïd. Les soufis sont souvent pris pour cible par le gouvernement.
Les activités culturelles et politiques des Azéris, des Kurdes, des Arabes et des Baloutches sont soumises à d’importantes restrictions. En septembre 2012, au moins 28 militants kurdes attendaient leur exécution, accusés de menaces contre la sécurité nationale et d’être moharebeh (ennemis de Dieu).
KURDISTAN D'IRAK
Le GRK n’a fait aucun progrès pour appliquer la loi de 2011 condamnant l’excision.
Cependant, en juillet 2012, les plus hautes autorités musulmanes ont délivré une fatwa signée par 33 imams et docteurs de la loi, déclarant que l’islam ne requiert pas l‘excision. Mais l’application et la mise en œuvre de la loi contre les violences familiales, qui a pris effet le 11 août 2011, incluant plusieurs dispositions pour éradiquer cette pratique, n’a eu que des effets médiocres.
HRW mentionne un certain Irfan Ahmed Mohammed, « poète mort en détention en août » sans qu’une enquête en ait résulté mais j’ignore exactement de quelle affaire il s’agit, n’en ayant jamais entendu parlé. Le lieu de cette détention et de cette mort ne sont pas précisés et dans le texte il n’est très clairement indiqué si cela a eu lieu en 2011 ou 2012, puisque les rapporteurs enchaînent sur les événements de Suleïmanieh, en février 2011 et sur le meurtre de Serdeşt Osman, qui n’a jamais été élucidé.
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