samedi, avril 25, 2009

Amedî : la Madrassa de Sheikh Nishanî



Visite à la petite madrassa seldjoukide au pied de la ville, celle dont on dit (légende ou non) que Meayê Cizirî y serait venu étudier ou enseigner. Le temps était gris, avec un scintillement argenté sur le vert tendre des montagnes qui leur donnait une lumière d'extrême-orient. Roxane rale toujours sur les temps nuageux à cause des photos mais moi j'aime beaucoup les ciels gris, tourmentés au-dessus des montagnes et les nuages qui font des ombres chinoises dessus. Le lieu est beau, apaisant, presque encore habité.





Il y avait des petites cellules, étroites, avec seules des niches à livres taillés dans les murs. C'est peut-être toutes ces générations de soufis énonçant leur zikr dans leur retraite qui donnent une bénédiction à ces lieux.


Assises sur les mastaba de pierre dans le vestibule du seuil, nous nous plaisions à imaginer que le Sheikh Nishanî s'y était assis, des siècles plus tôt. Je parlais à Roxane du voyage, intérieur ou non, du soufi, du murîd en route jusqu'au murshid arrivé. De cette errance alternée de longues retraites immobiles et méditatives qu'ont pratiquée tant de derviches ou de gnostiques. Au bout du voyage, soi-même. Qui se connaît, connaît son Seigneur, mais le maître mot de tout cela est bien l'inattendu ou, comme le dit Jambet, le "réel ignoré", c'est-à-dire le surgissement du soi caché, ne pouvant survenir que dans l'insouciance sans but fixe de l'inattendu. Mais si quêter l'inttendu amenait, sur le chemin, à buter sur un maître de l'Attendu ? En refusant l'enseignement de l'Attendu et du Vouloir, je refuserais aussi cette station singulière de mon parcours, et donc je trahirais la règle de l'inattendu. Si j'accepte ce surprenant maqam, je prends donc la voie qui est le plus éloignée de mes pas initiaux. Ainsi, par acceptation de l'inattendu je me plierais à l'attendu, lui-même soumis soudainement au jeu de l'inattendu. Oui, je sais, par étonnant que parfois, rêvassant à tout ça, je me prenne les pieds dans les cages à perdrix du réel...



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