RAPPORT 2009 DE HUMAN RIGHTS WATCH SUR LA SITUATION DES KURDES EN SYRIE ET EN IRAN


Human Rights Watch-Royaume Uni a publié ce mois-ci son rapport annuel pour 2009, qui étudie notamment la situation des Kurdes, qui continuent de faire face à une politique d’intimidation et de discrimination principalement en Syrie et en Iran.

En ce qui concerne la Turquie, le rapport suggère au gouvernement d’accorder plus de droits culturels et spécifiques à ses deux minorités kurdes et roms : « Il y a des indications sur une levée des interdictions encore en vigueur sur l’usage de langues autres que le turc, et la Réglementation des programmes de diffusion turcs a introduit une législation en septembre permettent d’émettre 24 heures en d’autres langues, à la télévision et à la radio. »

En Syrie, par contre, le rapport se montre beaucoup plus sévère, estimant qu’1,7 million de Kurdes continuent de souffrir de discrimination, d’une absence de représentation politique, et de restrictions sérieuses concernant leur expression culturelle et sociale. « Il y a tout particulièrement un certain nombre de mesures mises en place pour réprimer l’identité kurde, en restreignant l’usage de la langue kurde en public, à l’école et sur les lieux de travail. Les publications en langue kurde sont interdites ainsi que les célébrations des fêtes kurdes, comme le Nowruz, le Nouvel an traditionnel kurde. »

Le rapport ajoute que 300 000 Kurdes continuent de se voir refuser la citoyenneté, et que le décret présidentiel 49 remet en cause les droits des citoyens kurdes à la propriété dans les zones frontalières, ce décret affectant particulièrement les Kurdes. « Les Kurdes en Syrie se plaignent que cela leur interdit de facto de vendre, d’acheter ou d’hériter de terres. » De plus, plus de 150 Kurdes ont été emprisonnés pour des motifs politiques en 2009, surtout après des manifestations et des célébrations de Newroz. Le 20 mars 2009, la police a utilisé un bulldozer pour abattre les estrades dressées pour la fête dans cinq villes et villages kurdes.

En dehors de ces arrestations, Human Rights Watch mentionne 19 décès de Kurdes faisant leur service militaire, alors que les corps des victimes portaient des traces de torture ou de blessure par balles qu’elles n’avaient pu s’infliger elles-mêmes.

En Iran, la situation n’est guère plus réjouissante dans le domaine des droits de l’homme ainsi que celui des minorités, tels les habitants de l’Ahwaz, du Khuzistan, du Baloutchistan, du Turkmenistan et, bien sûr, du Kurdistan, qui font tous face à une lourde politique d’intimidation et de répression, allant en s’aggravant. Le rapport indique que dans les jours qui ont suivi les résultats des élections présidentielles, alors que tout le pays était gagné par la contestation, une série d’exécutions massives a eu lieu dans les prisons des régions frontalières du pays, en guise d’avertissement lancé aux populations locales, sans doute pour les dissuader de prendre part au mouvement.

Les Kurdes sont parmi ceux qui ont payé le plus lourd tribut à cette politique d’exécution : “Le 11 novembre, Ehsan Fattahian a été exécuté après avoir été condamné préalablement à dix ans de prison en exil, sa peine ayant été alourdie en haute cour. Nous exprimons nos craintes que Fattahian ait été torturé en détention, et que son procès ait été entaché d’irrégularités. Plusieurs ressortissants de groupes minoritaires attendent dans les couloirs de la mort, accusés de terrorisme, de trahison ou d’agissements contre la sécurité nationale. »

Human Rights Watch-Royaume Uni aborde aussi la situation des droits de l’homme en Irak et au Kurdistan d’Irak, en soutenant le Centre indépendant des media au Kurdistan et l’ONG allemande WADI, qui œuvre pour éradiquer la pratique de l’excision dans la région kurde, ceci avec le soutien du gouvernement du Kurdistan et du ministre hollandais des Affaires étrangères. Le rapport indique que des visites officielles dans les prisons de la Région kurde en novembre 2009 ont montré la volonté du Gouvernement régional kurde pour fournir des installations adéquates et faciliter la réinsertion. Notant que les violences domestiques et les crimes dits « d’honneur » restent un problème dans tout l’Irak, que des milliers de femmes irakiennes sont tuées ou battues chaque années, HWR prend acte que dans la Région kurde ces crimes sont désormais punis aussi sévèrement que les autres et ne sont pas traités différemment par les autorités judiciaires. “Les mutilations génitales féminines [FGM] sont aussi très répandues. Mais le Gouvernement régional kurde et un pourcentage croissant de la population prennent de plus en plus conscience de leur existence et du besoin de traiter ce problème.”

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