vendredi, mars 05, 2010

les Grottes de Haydrahodahus : les moitiés de rêve

Théony prit la parole : "J'ai vu une belle moitié de rêve, pendant la nuit. J'attends l'arrivée de la princesse Anaxaméda pour le compléter. C'est elle qui a l'autre moitié."
Chaque créature, à Haydrahodahus, a un proche avec qui partager son demi-rêve. Néanmoins, chacun ne raconte sa moitié de rêve qu'à son partenaire de rêve. Il raconte ce que lui dictent les images, en couleurs ou en noir et blanc. Dès l'âge de six ans, ces créatures, dont le tronc humain s'articule à une ossature de cheval, ont choisi, chacune, leur partenaire. C'est un arrangement précieux, conclu en fonction de l'identité de chacun. Et il n'est jamais arrivé que cet arrangement, véritable pacte entre deux personnes, soit rompu. Ce choix est définitif, en ce qui concerne les rêves – ces espaces décorés avec la délicatesse d'un hasard choyé, où se meuvent des ombres et des formes.
Ces créatures qui, lorsqu'elles s'interpellent, font précéder leur prénom de l'étiquette d'Hodahus, savent par instinct que chaque couple partage ses rêves. Et personne ne transgresse cette coutume qui consiste à garder son rêve uniquement pour soi et pour son partenaire. Ces couples peuvent échanger des indices, faire des allusions qui témoignent du contenu des rêves partagés : "Ces deux-là passaient par les champs d'or" ; "Ce couple montait les ruelles des nuages avec des sabots d'un métal qui n'était pas celui des sabots habituels" ; "Ceux-là échouaient à accomplir un désir".
Ils faisaient des hypothèses au sujet du contenu de ces rêves, utilisant leur clairvoyance, ou s'essayant à une analyse psychique de l'état qu'ils éprouvaient après ces rêves qui séduisaient l'imagination de leur sommeil. La déception, le désir, le cauchemar, la satisfaction, le conflit, le trouble, le sentiment de claustration, les signes de l'angoisse, tout cela laisse dans les yeux, après l'éveil, une trace de son invisible passage. Néanmoins, une hypothèse n'est jamais qu'une hypothèse. Quant au demi-rêve, avec ses images authentiques et celles qui se sont effacées et qu'on réinvente, il est nécessairement tributaire des connaissances de chacun des partenaires.


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