vendredi, mars 20, 2009

Massoud Barzani : "La Région du Kurdistan existait avant l'arrivée des Américains, et elle continuera d'exister après leur départ"

Lors de sa tournée en Europe Massoud Barzani a accordé une interview au journal arabe Asharq Al-Awsat, ce qui inscrit donc ses propos comme des messages adressés au monde arabe en général et irakien en particulier.

[Asharq Al-Awsat] Quelles ont été la nature et les résultats de votre tournée européenne ?

[Barzani] Cette tournée a eu lieu à l'invitation de l'Italie, de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne. Le but en était d'expliquer la situation en Iraq, en général, et dans la Région du Kurdistan en particulier, et de les encourager à investir en Iraq et dans la Région, par ce que la situation en terme de sécurité y est bonne et parce que la Région est une porte sûre pour tout l'raq. Nous avons expliqué les développements de la situation et les perpespectives d'avenir. Cette tournée était politique, économique et diplomatique.

[Asharq Al-Awsat] Bien que plusieurs pays européens, la Turquie et l'Iran aient ouvert des consulats dans la Région du Région, pourquoi les Etats arabes n'ont pas fait de même ?

[Barzani] C'est une bonne question, mais c'est une question que je pose moi-même, via le journal Asharq Al-Awsat aux Etats arabes. Pourquoi n'ouvrent-ils pas de consulats à Erbil ? Ce n'est pas pour des raisons de sécurité. Tout le monde sait que la situation sécuritaire dans la Région est stable. Peut-être n'en sont-ils pas encore convaincu, malgré ma récente visite au Koweit et au Qatar, au cours duquel nous avons fait beaucoup de progrès dans les relations et la compréhension entre ces deux pays.

[Asharq Al-Awsat] Envisagez-vous d'accueillir le Sommet arabe si l'Irak décide de le tenir sur son territoire en accord avec ses droits protocolaires ?

[Barzani] Je ne peux pas envoyer d'invitations pour accueillir le Sommet arabe, mais je peux dire que la Région du Kurdistan serait enchantée que cette conférence se tienne à Erbil, et de fournir tout le nécessaire à son succès, en y incluant la sécurité, le confort, une atmosphère de dialogue et tout ce que la conférence demandera. Mais c'est à d'autres et non à moi-même d''envoyer les invitations.

[Asharq Al-Awsat] Vous qualifiez le gouvernement de Bagdad de "fédéral" et celui-ci insiste pour se désigner comme "central." Comment l'expliquez-vous ?

[Barzani] Nous devons comprendre que tout ce que nous avons accepté l'a été en vertu de la Constitution. Quand nous avons accepté de rester à l'intérieur de l'Iraq et de contribuer au processus politique, nous l'avons fait avec l'idée que nous allions avoir une constitution. Il y a eu un référendum sur cette constitution, qui a défini l'identité de l'Iraq comme un pays fédéral. Ce gouvernement est un gouvernement fédéral. Si "gouvernement central "signifie qu'une seule personne dirige l'Iraq, il n'est plus d'actualité. S'il a pour but de renforcer le rôle du gouvernement fédéral avec ses institutions constitutionnelles, ses décisions et ses lois, nous lui faisons bon accueil.

[Asharq Al-Awsat] Pensez-vous qu'il y a eu des violations de cette Constitution?

[Barzani] Bien sûr. Des violations graves et majeures de cette Constitution ont eu lieu. Nous avons des différents avec le gouvernement fédéral. Nous avons formé des commissions pour étudier ces questions et nous espérons parvenir à un résultat.

[Asharq Al-Awsat] Comment accueillerez-vous les amendements constitutionnels demandés par le Premier ministre du gouvernement fédéral ?

[Barzani] Tout amendement doit être fait en accord avec les mécanismes fournis par la Constitution. Aucun amendement à la Constitution ne peut être fait en opposition à ces mécanismes. Nous ne nous opposons à aucun amendement en accord avec les mécanismes constitutionnels. Mais s'ils sont décidés contre ces mécanismes, alors cela torpillera la Constitution.

[Asharq Al-Awsat] Il y a des problèmes en suspens entre le gouvernement de Bagdad et vous-mêmes, tels la loi sur le pétrole, la question de Kirkouk et l'article 140 [de la Constitution].

[Barzani] Nous avons été très tolérants jusqu'ici parce que nous nous soucions des intérêts de l'Iraq. Nous avons accordé beaucoup de temps et de chance aux officiels et avons formé finalement cinq commissions pour discuter de ces problèmes. Nous espérons que les commissions parviendront à des résultats sur toutes les questions de fond, qui sont le partenariat, la sécurité et l'armée, le pétrole et le gaz, l'article 140, et la politique étrangère. Nous nous efforcerons d'insuffler assez d'énergie à ces commissions pour qu'elles nous donnent une image claire de la situation et des perspectives d'avenir, ainsi que la possibilité de parvenir à une compréhension mutuelle sur ces questions. Alors les autres problèmes en seront très simplifiés. Attendons et voyons ce que ces commissions vont pouvoir faire.

[Asharq Al-Awsat] Quelles sont les limites à votre patience ?

[Barzani] Bien sûr, il y a des limites à la patience (rires). Ces questions doivent être résolues. Une fois encore, je dis que notre arbitre est la Constitution. Nous rejetons des décisions prises sur des coups de tête et acceptons toute décision en accord avec la Constitution, qu'elles soient ou non en notre faveur. Nos relations sont régies par la Constitution, et nous n'accepterons aucune autre décision ou point de vue.

[Asharq Al-Awsat] Pouvez-vous imaginer la Région du Kurdistan sans Kirkouk ?

[Barzani] Kirkouk a été la cause de tous les problèmes que les Kurdes ont eu avec les gouvernements iraquiens. Maintenant nous voulons une solution au problème, et nous ne voulons pas qu'il empire. Il est possible de le résoudre en accord avec l'article 140 de la Constitution. C'est la meilleure solution pour la question de Kirkouk. Nous insistons sur l'importance d'appliquer l'article 140 pour mettre fin au problème dans le bon sens . Il ne peut y avoir aucune stabilité en Iraq sans qu'une solution soit apportée au problème de Kirkouk.

[Asharq Al-Awsat] Quelle est votre opinion sur la proposition de partager l'autorité à Kirkouk et sur celle de considérer Kirkouk comme uner égion indépendante ?

[Barzani] Nous rejetons totalement ces contournements de l'article 140. L'article 140 de la Constitution dit : normalisation, recensement et référendum. La population du gouvernorat de Kirkouk est la seule à devoir décider. S'ils décident de faire partie de la Région du Kurdistan, nous devons respecter leur avis et leur choix. S'ils décident de rejoindre une autre région, ou si la population de Kirkouk décident que leur gouvernorat doit être indépendant, nous respecterons cette décision. Mais l'article 140 doit être appliqué.

[Asharq Al-Awsat] Savez-vous ce que le gouvernement, central ou fédéral, veut des Kurdes ?

[Barzani] Il me semble que certains officiels à Bagdad pensent que la Région du Kurdistan doit être un gouvernorat subordonné à Bagdad et qu'aucune institution comme le Parlement et les ministères ne doit exister. Ils veulent que la Région soit subordonnée à Bagdad et qu'ainsi il n'y ait plus de Région du Kurdistan, avec ses acquis, ses droits et tout le reste.

[Asharq Al-Awsat] Certains en Iraq disent que les demandes des Kurdes sont trop élevées. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

[Barzani] C'est faux. Nos demandes sont inférieures à la réalité et on ne peut les comparer aux sacrifices que nous avons fait pour l'Iraq et pour le Kurdistan. Nos demandes sont iraquo-kurdes et pas seulement kurdes. Quand nous insistons sur la démocratie, c'est un sujet qui intéresse tous les citoyens iraquiens. Quand nous parlons de partenariat, nous ne voulons pas dire un partenariat kurdo-arabe, mais le partenariat de toutes les forces politiques en Iraq. Certaines de ces forces ont lutté et ont offert des sacrifices. Comment peut-on les priver de participer à la construction du pays ? Il y a des composantes de base en Iraq. Comment peut-on les marginaliser ? La question du partenariat n'est pas seulement une demande kurde. Il y a aussi les questions de l'armée, de la sécurité, du pétrole, du gaz. Tout cela est propriété du peuple iraquien. Comment une seule de ces composantes peut nommer unilatéralement des officiers de l'armée iraquienne et écarter la Constitution et le Parlement ? L'armée est l'armée du peuple iraquien, et un équilibre doit y régner à l'intérieur. Ces questions n'affectent pas seulement les Kurdes, mais tous les Iraquiens. Nous défendons l'avenir de l'Iraq, la démocratie et la Constitution en Iraq. Nous luttons pour que l'Iraq ne revive pas la même tragédie que dans le passé.

[Asharq Al-Awsat] Êtes-vous déçu par les forces politiques irakiennes, que vous avez embrassés et pour qui vous avez fait des sacrifices depuis 1991 ?

[Barzani] J'ai le grand regret de dire que nous sommes déçus par leur attitude envers notre cause. Nous ne nous sommes jamais attendu à une telle attitude. Nous imaginions qu'en notre absence, ils défendraient la cause kurde et les droits des Kurdes. Nous leur faisions confiance là-dessus.

[Asharq Al-Awsat] A la dernière conférence de l'opposition iraquienne à Londres en 2002, un accord avait été trouvé entre les forces politiques qui sont présentes actuellement à Bagdad sur les droits des Kurdes. Que s'est-il passé ensuite ?

[Barzani] Ces droits ont été confirmés dans la Constitution. Les accords passés au cours de la conférence de Londres ont presque tous été inscrits dans la Constitution sous une forme ou une autre. Maintenant, il y a des tentatives de contrevenir à cette Constitution. Comment pouvons-nous dès lors reparler d'accords qui avaient été faits lors d'une conférence dans l'opposition ?

[Asharq Al-Awsat] Pensez-vous que Khanaqin et Mandali fassent partie des territoires disputés ?

[Barzani] Bien sûr. Si nous nous référons aux dernières élections provinciales, nous voyons que la liste kurde y a remporté les suffrages de tous les citoyens et gagné tous les sièges.

[Asharq Al-Awsat] Est-ce que des mesures similaires à celles de l'ancien régime sont prises à Kirkouk et dans le reste des territoires disputés, selon vous, par exemple comme augmenter les forces gouvernementales et le pourcentage des officiers arabes par rapport aux autres éléments ?

[Barzani] Oui, malheureusement ce type de pratiques existe.

[Asharq Al-Awsat] Le premier ministre de la région du Kurdistan, Nêçirvan Barzanî a exprimé les craintes de la Région dans le cas où les USA retireraient leurs forces d'Iraq. Comment expliquez-vous ces craintes ?

[Barzani] Si les forces américaines se retirent avant que la situation politique en Iraq soit stabilisée et avant que les forces politiques soient prêtes à remplir le vide, des problèmes surgiront à coup sûr. Il existe des dangers et une possibilité que des problèmes majeurs surviennent en Iraq entre les sunnites et les chiites, et entre les Arabes et les Kurdes. Tout est possible.

[Asharq Al-Awsat] Est-ce que ces craintes comprennent la possibilité d'un affrontement militaire entre le gouvernement central et la Région du Kurdistan ?

[Barzani] Nous espérons que cela ne se produira pas. Nous ne pensons pas que cela ira jusque là. Dieu veuille que cela ne se répète pas en Iraq ! Nous devons tous utiliser l'arme de la Constitution pour résoudre ces questions et ne penser à aucun autre moyen, surtout pas au moyen militaire. Nous espérons que nous n'atteindrons pas ce point. Quiconque usera de la Constitution gagnera au final.

[Asharq Al-Awsat] Qu'ont founir les forces américains à la Région du Kurdistan ?

[Barzani] A vrai dire, les forces américaines ne sont pas du tout présentes dans la Région. Elles n'y sont pas présentes et ne nous ont rien fourni, même pas en terme d'aides. Je le dis ouvertement : L'administration des Etats-Unis n'a fourni aucune aide à la Région. Toutes leurs dépenses sont allées à l'Iraq central et du Sud, et pas au Kurdistan. Nous n'avions aucun vide sécuritaire ni juridique après la chute de l'ancien régime. La Région du Kurdistan existait avant l'arrivée des Américains, et elle continuera d'exister après leur départ. Mais la présence américaine protège actuellement l'Iraq contre plusieurs menaces. Elle garantit aussi qu'aucun problème interne ne surgira.

[Asharq Al-Awsat] N'avez-vous pas le sentiment de travailler et de lutter seul pour la cause kurde ?

[Barzani] Non, des forces politiques iraquiennes et arabes coopèrent et maintiennent une solidarité avec nous. Ils sont d'accord avec nos points de vue et notre politique. J'ai aussi remarqué un grand intérêt arabe dans des pays comme l'Arabie saoudite, le Koweit et le Qatar ainsi qu'en Europe sur ces questions. Nous ne sommes pas seuls. De plus, les relations se sont récemment améliorées avec la Turquie.

[Asharq Al-Awsat] Quel est le niveau des progrès dans les relations entre le Kurdistan et la Turquie ?

[Barzani] Des rencontres ont eu lieu avec la Turquie. Il y a une bonne compréhension et je peux voir un champ très vaste pour une coopération commerciale avec la Turquie voisine. Il y a plus de 500 sociétés turques qui opèrent dans la Région du Kurdistan. Je peux dire que nous sommes très satisfaits des progrès dans nos relations avec la Turquie.

[Asharq Al-Awsat] Craignez-vous encore une menace militaire de la Turquie ?

[Barzani] Non, non, le cours des relations montre que la situation est bonne.

[Asharq Al-Awsat] Quand des problèmes ont surgi à l'UPK, votre allié, certains ont craint que l'équilibre de la Région ne soit rompu.

[Barzani] Malheureusement, c'est vrai que des problèmes internes sont apparus au sein de l'UPK, mais j'ai confiance en l'aptitude et en la sagesse du président Jalal Talabani et de la direction de l'UPK pour surmonter et résoudre ces problèmes. Nous avons offert toute notre aide pour permettre à l'UPK d'éviter de tels problèmes et de sauvegarder l'équilibre et l'unité de la Région.

[Asharq Al-Awsat] Comment les problèmes de l'UPK affectent votre tâche ou la stabilité et l'équilibre de la Région du Kurdistan ?

[Barzani] Le PDK n'exploite pas du tout ces problèmes - au contraire ; nous coopérons avec l'UPK pour les résoudre. Nous sommes fermes là dessus. Nous serons un allié siincère et loyal dans cette crise, en toutes circonstances. Nous soutiendrons l'UPK pour résoudre toutes les crises auxquelles il pourrait faire face.

[Asharq Al-Awsat] Quelle serait votre position au cas où une liste indépendante participerait aux prochaines législatives en-dehors de la coalition du Kurdistan ?

[Barzani] Toute personne, tout parti, toute liste a le droit de participer aux prochaines législatives. C'est leur droit légitime.

[Asharq Al-Awsat] Est-ce que cela ne compromettrait pas l'équilibre de votre alliance avec l'UPK ?

[Barzani] Si cela arrive, les dirigeants des deux partis étudieront la situation. Si le problème n'affecte pas l'organisation des deux partis, tout citoyen est libre de se présenter. Mais si ce candidat vient d'un des deux partis et veut se présenter aux élections nous devrons étudier la question.

[Asharq Al-Awsat] Qui dirigera le prochain gouvernement de la Région du Kurdistan ?

[Barzani] En vertu de l'accord avec l'UPK, la direction du prochain gouvernement lui revient.

[Asharq Al-Awsat] Il y a eu un accord ?

[Barzani] Oui, il y a eu un accord et nous le respecterons.

[Asharq Al-Awsat] Le Premier ministre Nêçirvan Barzanî a travaillé à des projets, des programmes ; certains ont été crées à son initiative personnelle et grâce à ses relations. ne pensez-vous pas que si quelqu'un d'autre devient chef du gouvernement, cela pourrait affecter certains plans et leur menée à bien ?

[Barzani] Les programmes du gouvernement seront certainement affectés, mais c'est le droit de notre allié et nous le pouvons l'en priver. Il est possible de débattre de ces questions, mais laissez-moi répéter que c'est leur droit. Cependant, s'ils montraient un intérêt dans la poursuite de notre travail et dans le succès des plans du gouvernement, et s'ils soulèvent d'autres questions, alors nous en discuterons. Je le redis pour la troisième fois : notre allié a le droit d'assurer la direction du gouvernement.

[Asharq Al-Awsat] Comment décririez-vous l'unité entre l'UPK et le PDK ?

[Barzani] Cette unité est forte et stratégique, et il n'y a aucun moyen d'y forfaire.

[Asharq Al-Awsat] Mais certains disent qu'il pourrait y avoir des problèmes entre les deux partis si les problèmes de l'UPK perdurent.

[Barzani] Ils rêvent.

[Asharq Al-Awsat] Quelles sont les relations entre le PDK et le gouvernement de la Région du Kurdistan ?

[Barzani] Le parti est un moyen et non une fin pour servir le peuple et créer une entité. Maintenant nous avons atteint le point où il faut fonder des institutions constitutionnelles, des institutions d'Etat. Nous avons un gouvernement et un parlement. Le gouvernement est pour tous les citoyens. Le parti soutient le gouvernement, qui doit diriger la Région du Kurdistan. La tâche du parti est de soutenir le gouvernement et non d'interférer dans ses affaires. C'est le cas dans tous les domaines, politique, économique et sécuritaire. Le gouvernement dirige la Région du Kurdistan et non le parti.

[Asharq Al-Awsat] Avez-vous toujours l'ambition de fonder un Etat kurde ?

[Barzani] Oui, c'est une ambition légitime, mais nous devons faire avec les réalités en place.

[Asharq Al-Awsat] Croyez-vous que la situation des Kurdes iraquiens serait meilleure sans l'Iraq ?

[Barzani] Non, bien sûr que non. La force des Kurdes réside dans un Iraq fédéral et démocratique, mais je préférerais la mort plutôt que vivre dans un Iraq dictatorial.

[Asharq Al-Awsat] Comment vous confrontez-vous aux points de vue de certains Arabes nationalistes et à leurs positions concernant la Région du Kurdistan ?

[Barzani] Certaines personnes ont de telles vues et doivent apprendre les leçons du passé. Ils doivent réaliser où cette façon de penser et cette approche a mené l'Iraq. Veulent-ils répéter cette expérience destructrice et vouée à l''échec en Iraq? Je crois qu'ils n'ont aucun avenir. Ce qu'ils suggèrent ne sont que des mots et ils ne sont que des obstacles temporaires sur le chemin d'un Iraq démocratique.

[Asharq Al-Awsat] Quand achèverez-vous l'unification des institutions du gouvernement kurde, en y oncluant les services de sécurité ?

[Barzani] Nous l'aurions complètement terminée s'il n'y avait pas eu cette crise interne à l'UPK Nous avons suspendu la question jusqu'à ce que l'UPK résolve cette crise. L'une de nos priorités maintenant est d'aider l'UPK à la surmonter.

[Asharq Al-Awsat] Est-ce que les coupes dans le budget affectent les projets de la Région ?

[Barzani] Certainement.

[Asharq Al-Awsat] Pourquoi votre gouvernement n'a-t-il pas le droit de produire et d'exporter du pétrole pour financer ses projets ?

[Barzani] Laissez-moi vous dire ceci : Le ministère du Pétrole n'a fourni aucun service tangible à l'Iraq. Le ministère du Pétrole a reçu 8 milliards de $US pour améliorer et développer le secteur pétrolier, mais il n'a rien fait. Il n'a développé aucun champ de pétrole, ni bâti ni développé aucune raffinerie. Où l'argent est-il allé ? Le ministère du Pétrole a-t-il été capable de conclure un quelconque accord, respectable et raisonnable, avec une quelconque société dans le monde ? Ils ont détruit l'Iraq avec leur politique erronée, et ils ne veulent pas nous laisser faire quoi que ce soit. Concernant la question des exportations de pétrole venant des gisements de la Région, la Région peut exporter 100 000 barils par jour. Nous voulons exporter le pétrole via le pipeline entre Kirkouk et le port turc de Ceyhan. Les revenus pourraient aller au gouvernement fédéral, mais nous prendrions notre part comme l'énonce la Constitution, qui est de 17%. Le ministère du pétrole n'a pas accepté, bien que les exportations de l'Iraq sont actuellement inférieures à sa capacité et sa quote-part de pétrole. Le pétrole est prêt à être exporté. Les revenus iraient au peuple iraquien, mais le gouvernement fédéral s'y oppose.

[Asharq Al-Awsat] Que pensez-vous des accords et des contrats que le Premier ministre de la Région a signé avec des sociétés internationale ? Quel sera leur sort ?

[Barzani] Ces accords et ces contrats sont valides et nous ne reviendrons pas là dessus. Nous travaillerons dur pour parvenir à une entente sur la loi des revenus du pétrole et du gaz. Cette loi devra être appliquée. En nous appuyant sur elle, nous lancerons nos projets. Mais si le ministère du Pétrole persiste dans son approche erronée et sa politique d'échec, nous ne prêterons aucune attention à ce que fera le ministère et nous continuerons nos projets. Nous ne faisons pas cela uniquement pour le bien de la Région du Kurdistan mais pour tout le peuple d'Iraq. Nous ne suivrons pas la mauvaise voie prises par le ministère du Pétrole.

[Asharq Al-Awsat] Quel est votre degré de satisfaction à l'égard du Premier ministre de la Région du Kurdistan ?

[Barzani] Il ne fait aucun doute que le Premier ministre Nêçirvan Barzanî a prouvé qu'il était hautement qualifié et abilité à gouverner la Région du Kurdistan, comme chacun l'atteste. Pour sauvegarder l'intérêt suprême de la Région, on pourrait lui demander de continuer à diriger le gouvernement - ceci bien que j'affirme que l'UPK y a droit. Je suis vraiment très satisfait de lui. Je l'aime et je l'admire. Je ne veux pas le louer, parce que je le considère comme une part de moi-même, ce qui signifierait me louer moi-même. C'est une part de ma vie et la personne qui m'est le plus chère. Ceci est d'un point de vue personnel, et d'un point de vue pratique, il a réussi, et chacun en témoigne.

[Asharq Al-Awsat] Des rumeurs circulent dans la Région du Kurdistan sur un conflit masqué entre votre fils aîné, Masrour, et le Premier ministre Nêçirvan Barzanî concernant la position de ce dernier. A quel point cela est-il vrai ?

[Barzani] Je vous assure que tout cela n'est que pure illusion et souhaits de gens assez simples. Je vous assure que si Masrour sentait que Nêçirvan était en danger, il serait prêt à affronter de danger à la place de Nêçirvan. Il n'y a pas de compétition et il n'y aura pas de compétition. Il y a une unité forte, étroite, entre eux et entre les membres de notre famille. Il y a des personnes dans cette famille dont je ne suis pas satisfait. Nous avons un large clan, et je ne suis pas responsable des actions de tous. Mais en ce qui concerne les membres de la famille proche, et particulièrement les fils de mon défunt frère Idris, ils me sont plus chers que mes propres enfants. Ceci est ma position et celle de la famille. Je sais que mes enfants sont prêts à sacrifier leurs vies pour sauver les enfants de leur oncle Idris.

[Asharq Al-Awsat] Y a-t-il eu des tentatives de diviser cette famille ?

[Barzani] Beaucoup ont essayé mais ils ont échoué.

(source Asharq Al-Awsat, 14 mars 2009).

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