ELECTIONS MUNICIPALES EN TURQUIE : TASSEMENT DES VOTES AKP, AVANCE DU DTP DANS LES REGIONS KURDES
Avec 39 % des voix, le Parti de la justice et du développement (AKP) reste le parti dominant en Turquie, suivi du Parti républicain du peuple (CHP, centre-gauche nationaliste), principale force d’opposition au parlement, qui a obtenu 23,3% et du Parti de l’action nationaliste (MHP, nationaliste) avec 16,1% des votes. Cette victoire est une semi-défaite pour le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui avait déclaré qu’il considérerait comme un échec un score de moins de 47% des voix, score obtenu aux législatives de 2007.
« C’est insuffisant, a reconnu dès l’annonce des résultats, le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan. Nous allons en tirer les leçons. » Dans les régions kurdes, l’AKP est même en recul par rapport au DTP, qui regagne la ville de Van et garde Diyarbakir dont l’actuel maire, Osman Baydemir a obtenu plus de 65, 43 % des voix, ce qui était prévisible en raison de la popularité de cet élu, malgré l’ambition très affichée du gouvernement de faire tomber ce bastion symbolique de la résistance kurde. Autre ville importante remportée par le DTP, Tunceli (Dersim), qui vote DTP à 30% devant un indépendant local (24%). Il faut tout de même noter tout de même le score de l'AKP (21%) dans une région alévie où la méfiance envers les musulmans, même Kurdes, est encore tenace. A Batman, même victoire écrasante du DTP avec Necdet Atalay et ses 59%, l'AKP n'arrivant qu'à 36% des voix. A Siirt, le DTP l'emporte à 49%, talonné par l'AKP qui arrive à 45%. La victoire la plus écrasante du parti pro-kurde est à Hakkari, avec 79%, qui présentait une candidate féminine assez novice sur la scène politique, et qui offre un démenti cinglant à l'AKP qui n’obtient que 15% des voix, alors qu’il avait remporté un certain succès lors des législatives de 2007. Sirnak, autre ville particulièrement éprouvée par la guerre et les exactions du JITEm, et récemment secouée par la découverte des puits de la mort, vote aussi DTP à 53% et AKP à 42%. Igdir, ville kurde au pied du mont Ararat, à la frontière de l’Arménie, vote DTP à 36.47 % et AKP à 32.33 %. Enfin Van qui était la grande municipalité perdue en 2004 pour cause d'alliance malencontreuse avec le SHP retourne au DTP avec 51.84% des voix, contre 40.77% pour l'AKP.
Mais d’autres grandes municipalités à majorité kurde ont été remportées ou conservées par l’AKP : Mardin (qui compte aussi beaucoup d'Arabes et dont les Syriaques sont partis en masse) vote AKP à 45 % contre 36% pour le DTP ; Bitlis choisit l'AKP à 43.10 % contre 34.43% pour le DTP. A Mush, l'AKP bat nettement le DTP, 51% contre 39% ; même chose pour Bingöl, 42% (AKP) contre 34% (DTP). A Agri, l'écart est moins marqué, 39% pour l'AKP, 32% pour le DTP. Et à Kilis, petite région en fait coupée par la frontière syrienne et ses compatriotes d'Afrin, l'AKP l'emporte sur le MHP avec 48% et le DTP n'y est quasiment pas représenté. Concernant les villes mixtes turques et kurdes ou bien avec une minorité kurde : Adiyaman, vote largement AKP (49%) et le DTP n'a que très peu de représentation (5%) loin derrière le Parti islamique (SP), le CHP et même les nationalistes du MHP (6%). Elazig, sans surprise vote AKP (47;76%), le parti du gouvernement réussissant tout de même à évincer le parti ultranationaliste MHP (23%) qui y a toujours été bien implanté. A Karamanmarash, ancienne région alévie, mais décimée par les pogroms, l'AKP domine largement le MHP, 65.31% contre 21.97%.
L’élection surprise est celle d’Urfa, qui ne vote ni AKP ni DTP mais un candidat indépendant (en fait le maire sortant AKP qui s’est présenté en dissident contre le candidat parachuté par son parti) à 44% contre 39% AKP et seulement 10% pour le DTP. Enfin à Istanbul, Akin Birdal, ancien président de l’Association des droits de l’homme qui se présentait pour le DTP a obtenu 4% des voix.
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