KIRKOUK : UN CASSE-TÊTE POUR LES ELECTIONS PROVINCIALES


La question de Kirkouk plombe aussi l’organisation des élections provinciales qui doivent se tenir le 1er octobre 2008, dans toutes les régions de l’Irak sauf la Région du Kurdistan. Ces élections portent sur un projet de loi redéfinissant les compétences de Bagdad et des provinces. Mais leur annulation pure et simple est envisagée, tant elles exacerbent les rivalités et les conflits entre les Arabes, les Kurdes et les Turkmènes de la province.

Les Arabes et les Turkmènes demandent en effet à ce que Kirkouk soit divisé en quatre districts électoraux ce que la Coalition du Kurdistan (KC) refuse, en y voyant une tentative de partager la région et de désintégrer son unité. De plus, les Kurdes s’opposent à ce que de nouvelles élections aient lieu tant que l’article 140 et le référendum prévu ne seront pas appliqués. Au contraire, les représentants arabes et turkmènes insistent sur la nécessité de nouvelles élections, car ils rejettent les résultats du scrutin de 2005, qui avaient été boycottés par les Arabes sunnites.

De son côté, un conseiller auprès de l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad, Thomas Krajiski, a visité Kirkouk et parlé avec tous les représentants des Kurdes, des Arabes et des Turkmènes, au sein du gouvernorat : «  Nous soutenons la tenue d’élections à Kirkouk et nous ne souhaitons pas leur ajournement, car la ville de Kirkouk est importante pour tous les Irakiens et les pays voisins, ainsi que pour les nations du monde. Les Etats-Unis d’Amérique et les Nations Unies cherchent à trouver une solution au problème de Kirkouk qui satisferait toutes les parties." Mais le conseiller s’est refusé à préciser quel type de solution pouvait être envisagé de son point de vue. D’autres officiels américains estiment que ces élections pourraient être reportées d’un mois.

Mohammed Ihsan, le ministre des Affaires Extra-régionales du Kurdistan, a jugé cette visite et ses propos comme une « ingérence » : « Les Etats-Unis n’ont pas le droit d’interférer dans cette question car elle est purement irakienne. Nous ne disons pas que les élections ne doivent pas avoir lieu, mais nous demandons l’application de l’article 140, et nous n’acceptons aucune ingérence dans ce problème, qu’elle vienne des Américains ou d’Irakiens. »

Du côté irakien, le porte-parole du parlement irakien, Mahmud al-Mashhadani, a, dans une déclaration, émis le souhait que le problème de Kirkouk ne compromette pas la tenue des élections, avant de demander à tous les blocs politiques de l’assemblée de se mettre enfin d’accord pour les tenir ou les reporter. Jalal al-Din Al-Sagheer, le chef du bloc de l’Alliance chiite, estime qu’il sera très difficile qu’elles se déroulent selon le calendrier prévu, notamment en raison de Kirkouk, même si la commission électorale a indiqué que le projet de loi devait être adopté au plus tard début juillet, afin de laisser trois mois nécessaires à la préparation du scrutin. Aussi, des juristes arabes et turkmènes ont proposé de différer les élections, mais uniquement à Kirkouk, en préparant pour cette province une loi et des élections à part, ce que rejettent les Kurdes, qui craignent de perdre les acquis des dernières élections de 2005, contestées par les deux autres groupes ethniques.

En ce qui concerne les provinces de Ninive et de Diyala, qui contiennent d’autres districts disputés, les partis politiques kurdes ont annoncé qu’ils participeraient aux élections en formant une liste unique, afin de remporter un nombre maximum de sièges dans les conseils provinciaux de Mossoul. Selon Khasro Goran, l’adjoint du gouverneur de Mossoul et le chef du Parti démocratique du Kurdistan pour la province de Ninive, les Kurdes obtiendront la majorité des sièges, en s’unifiant sous une liste commune, la Fraternité de Ninive. Cette liste inclura l’Union patriotique du Kurdistan, le Parti démocratique du Kurdistan, l’Union islamique du Kurdistan, le Parti communiste du Kurdistan, le Parti communiste irakien et des partis politiques chrétiens.

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