Quelques scènes du bombardement de Halabja
"Le premier bombardement eut lieu à 11h45 du matin et fut si soudain que les tables préparées pour le déjeuner furent laissées telles quelles. C'est seulement un mois plus tard que les habitants purent revenir et voir la ville ruinée et ses victimes.
Des dizaines de personnes étaient restées dans leurs caves, en attendant qu'on les secoure mais aucune d'entre elles ne survécut. Ils furent retrouvés morts, comme endormis, tout le sang s'étant échappé de leurs corps desséchés comme ceux des momies.
Ce que l'on pouvait voir à l'intérieur des maisons, dans les rues et les passages était épouvantable. Des cadavres amoncelés, hommes et bétail, se mêlaient à la pierre et au bois des bâtiments et des maisons, tout cela dans l'odeur des bombes chimiques.
Une photo d'Omar Khawer, tenant un bébé dans ses bras fut prise par les journalistes devant le seuil de sa maison.
La route entre le village collectif d'Eneb et le village d'Eneb avait eu le plus grand nombre de personnes tuées, femmes, enfants, vieillards. Le spectacle en était insoutenable. Les corps étaient tombées ça et là sur un kilomètre de distance.
Dans le village d'Eneb, les scènes étaient encore plus terribles. Il y avait entre 600 et 800 corps autour de la fontaine, dans le passage de Bakhan, sur la route d'Eneb-Dereshish-Mileqlewî. Cette route demeura obstruée par les cadavres jusqu'à ce que les forces iraniennes et les citoyens kurdes les ramassent.
Il y avait beaucoup de cadavres dans les caves des quartiers de Shehidan, Pacha, Djewlakan, Benzinkhane, Pîr Mohamed, Kanî Tollke. Ils ne furent pas aperçus par les journalistes et les cameramen. Les 19, 20, 21 et 22 mars ils furent enlevés et enterrés dans leurs vêtements dans les fosses communes de Golan, Shehidan, et Eneb par les Kurdes et les forces iraniennes.
La façon dont les gens mouraient révoltait tristement les consciences. Pendant plusieurs heures, les victimes du poison étouffaient et appelaient à l'aide ceux qui passaient près d'elles mais en vain. Ils finissaient par mourir à la vue de tous. Un citoyen raconte : "J'ai retiré une mère de famille et ses quatre enfants d'une cave. La mère était morte. Quand j'ai arrosé d'eau les enfants, ils ont repris un peu conscience, mais quand je suis revenu le jour suivant ils étaient morts près de leur mère."
Dans une maison du quartier de Sera, un père, une mère, leur fille, leur fils et la grand-mère furent retrouvés tous morts. Le garçon, âgé de six ans, avait dû essayé d'atteindre la citerne. Il paraissait être mort au moment où sa main touchait le bord. Cette scène était terriblement désolante.
Un citoyen raconte : "Près de la mosquée de Shehidan (des Martyrs), un jeune homme de 20 ou 25 ans était encore debout et disait : "Au secours, je suis vivant !" et je n'ai pu répondre car j'ai perdu connaissance. Quand je suis revenu à moi et que j'ai ouvert les yeux, il était mort."
Un autre citoyen raconte : "En soirée, parmi les cadavres, j'ai vu un garçon près de sa mère. Il disait : "Oncle, amène moi près de la source." Je l'ai porté et lui ai lavé le visage. Il a dit : "Oncle, tu peux partir, Je peux vivre ici." A la nuit, quand je suis revenu, je l'ai vu, assis tristement près de la source !"
Un citoyen du quartier de Benzinkhane raconte : "Quand le gaz nous a touchés, je suis devenu aveugle et je ne pouvais plus entendre ni un murmure ni un pas des membres de ma famille. Je les ai cherchés à tâtons. J'ai touché leurs visages. Et puis je suis sorti en rampant. Quand j'ai ouvert les yeux, je me trouvais dans un hôpital de Téhéran."
Un autre dit : "De ma famille, je suis le seul qui ai pu partir. Le 20 mars je suis revenu pour voir ce qui était arrivé à ma famille. Je n'ai retrouvé que mon petit frère, sur sa bicyclette, dans une petite boutique tenue par notre voisin, et son corps était tout noir. J'ai voulu pleurer sur lui mais aucune larme n'est venue... Au lieu de cela, je me suis mis à hurler !"
Un autre raconte : "Dans ma famille, nous étions 13 personnes. Je ne savais ce qu'il était advenu d'eux. Je les ai cherchés jusqu'au 20 mars, quand j'ai trouvé les vêtements de ma mère, devant une pelle, avec les corps de mes parents qui avaient été emmenés dans la fosse commune de Shehidan."
Un citoyen du quartier de Djewlekan (quartier des Juifs) raconte : "En plus de la mort de 72 personnes de ma famille, deux de mes fils ont disparu et jusqu'à aujourd'hui j'ignore tout de leur sort."
Mémoires de Halabja, Bekir, Heme Sidîq Arif.
Des dizaines de personnes étaient restées dans leurs caves, en attendant qu'on les secoure mais aucune d'entre elles ne survécut. Ils furent retrouvés morts, comme endormis, tout le sang s'étant échappé de leurs corps desséchés comme ceux des momies.
Ce que l'on pouvait voir à l'intérieur des maisons, dans les rues et les passages était épouvantable. Des cadavres amoncelés, hommes et bétail, se mêlaient à la pierre et au bois des bâtiments et des maisons, tout cela dans l'odeur des bombes chimiques.
Une photo d'Omar Khawer, tenant un bébé dans ses bras fut prise par les journalistes devant le seuil de sa maison.
La route entre le village collectif d'Eneb et le village d'Eneb avait eu le plus grand nombre de personnes tuées, femmes, enfants, vieillards. Le spectacle en était insoutenable. Les corps étaient tombées ça et là sur un kilomètre de distance.
Dans le village d'Eneb, les scènes étaient encore plus terribles. Il y avait entre 600 et 800 corps autour de la fontaine, dans le passage de Bakhan, sur la route d'Eneb-Dereshish-Mileqlewî. Cette route demeura obstruée par les cadavres jusqu'à ce que les forces iraniennes et les citoyens kurdes les ramassent.
Il y avait beaucoup de cadavres dans les caves des quartiers de Shehidan, Pacha, Djewlakan, Benzinkhane, Pîr Mohamed, Kanî Tollke. Ils ne furent pas aperçus par les journalistes et les cameramen. Les 19, 20, 21 et 22 mars ils furent enlevés et enterrés dans leurs vêtements dans les fosses communes de Golan, Shehidan, et Eneb par les Kurdes et les forces iraniennes.
La façon dont les gens mouraient révoltait tristement les consciences. Pendant plusieurs heures, les victimes du poison étouffaient et appelaient à l'aide ceux qui passaient près d'elles mais en vain. Ils finissaient par mourir à la vue de tous. Un citoyen raconte : "J'ai retiré une mère de famille et ses quatre enfants d'une cave. La mère était morte. Quand j'ai arrosé d'eau les enfants, ils ont repris un peu conscience, mais quand je suis revenu le jour suivant ils étaient morts près de leur mère."
Dans une maison du quartier de Sera, un père, une mère, leur fille, leur fils et la grand-mère furent retrouvés tous morts. Le garçon, âgé de six ans, avait dû essayé d'atteindre la citerne. Il paraissait être mort au moment où sa main touchait le bord. Cette scène était terriblement désolante.
Un citoyen raconte : "Près de la mosquée de Shehidan (des Martyrs), un jeune homme de 20 ou 25 ans était encore debout et disait : "Au secours, je suis vivant !" et je n'ai pu répondre car j'ai perdu connaissance. Quand je suis revenu à moi et que j'ai ouvert les yeux, il était mort."
Un autre citoyen raconte : "En soirée, parmi les cadavres, j'ai vu un garçon près de sa mère. Il disait : "Oncle, amène moi près de la source." Je l'ai porté et lui ai lavé le visage. Il a dit : "Oncle, tu peux partir, Je peux vivre ici." A la nuit, quand je suis revenu, je l'ai vu, assis tristement près de la source !"
Un citoyen du quartier de Benzinkhane raconte : "Quand le gaz nous a touchés, je suis devenu aveugle et je ne pouvais plus entendre ni un murmure ni un pas des membres de ma famille. Je les ai cherchés à tâtons. J'ai touché leurs visages. Et puis je suis sorti en rampant. Quand j'ai ouvert les yeux, je me trouvais dans un hôpital de Téhéran."
Un autre dit : "De ma famille, je suis le seul qui ai pu partir. Le 20 mars je suis revenu pour voir ce qui était arrivé à ma famille. Je n'ai retrouvé que mon petit frère, sur sa bicyclette, dans une petite boutique tenue par notre voisin, et son corps était tout noir. J'ai voulu pleurer sur lui mais aucune larme n'est venue... Au lieu de cela, je me suis mis à hurler !"
Un autre raconte : "Dans ma famille, nous étions 13 personnes. Je ne savais ce qu'il était advenu d'eux. Je les ai cherchés jusqu'au 20 mars, quand j'ai trouvé les vêtements de ma mère, devant une pelle, avec les corps de mes parents qui avaient été emmenés dans la fosse commune de Shehidan."
Un citoyen du quartier de Djewlekan (quartier des Juifs) raconte : "En plus de la mort de 72 personnes de ma famille, deux de mes fils ont disparu et jusqu'à aujourd'hui j'ignore tout de leur sort."
Mémoires de Halabja, Bekir, Heme Sidîq Arif.
Commentaires
Enregistrer un commentaire