Histoire des mouvements politiques de Halabja


"A partir de 1889 la ville de Halabja devint un lieu de luttes et de conflits. Les Ottomans essayèrent de rallier les chefs de la tribu Jaf. Les Britanniques, de leur côté, commençaient de collecter et d'étudier des informations sur le Kurdistan. Le major Soane, un officier britannique qui avait pris un temps l'identité d'un domestique du nom Mirza Ghulam Hussain Shirazî au palais du Pacha de Halabja, devint par la suite administrateur de la ville quand la Grande-Bretagne occupa le Kurdistan après la Première Guerre mondiale. Halabja devint un centre d'acitivités politiques et culturels aussi bien que de révoltes. Dans le passé, les gens avaient l'habitude de dire : "Halabja dans la province de Silêmanî et Koya dans la province d'Erbil avaient toujours été les centres des décisions politiques, de prise de conscience et d'activités culturelles.

Une politique de mise en place d'une autorité et de prise de conscience politique peut être clairement observée à travers la personnalité de certains Jafs. En parallèle avec l'avidité illégitime des Turcs, la venue de l'armée britannique et le début du mouvement de libération du Kurdistan augmentèrent l'action politique. Mahmûd Pacha, le fils aîné de Mohemed Pacha Jaf, qui résidait dans le village de Tazedî, près de la ville de Khurmal, à la fin des années 20 et jusqu'à quelques mois avant sa mort, réunissait la population du district, des intellectuels et des notables kurdes, pour discuter de la formation d'un Etat kurde souverain. Il mourut avant d'avoir pu réaliser son ambition mais le peuple kurde avait déjà commencé son combat pour un Kurdistan indépendant.

Adilê Khanim exerça une forte autorité politique entre 1909 et 1924. Elle apparaît comme une politicienne habile dans le jeu politique. D'un autre côté, le peuple du district de Halabja soutint la révolte de Sheikh Mahmûd et participa à la sanglante bataille qui se déroula derrière le mont Shinirwî, entre les villages de Ebaeylî et Hawar, où 32 combattants purent vaincre des forces britanniques composées de 500 soldats. (v. Bekir Heme Sidiq : Une Page de l'histoire de Halabja).

En 1924, après l'effondrement de la révolte de Sheikh Ubeydullah Nehrî, l'un de ses hommes, du nom de Sheikh Vanî vint à Byare et puis au village d'Ebabaylî. Sous son gouvernement, les citoyens kurdes apprirent la politique, et parmi eux Ahmad Mukhtar Jaf, Goran, Bikes, Tahir Begî Jaf, Ali Bapîr Agha, Mamoste Baba Resûl Bidenî, Sheikh Selam Azebî et bien d'autres.

Dans les années 40 un politicien kurde, Ibrahim Ahmad, avait l'habitude d'organiser des réunions secrètes pour éveiller la conscience politique de la population. Durant ces années, Halabja était un lieu d'exil pour des politiciens tels que Fa'îq Sameray, Behr El'lûm et d'autres. Les gens de Halabja étaient aussi en relation avec le gouvernement central, puisque des personnalités telles que Hamid Begî Jaf, Hesen Fehmî Beg, Ahmed Begî Heme Sale Beg, Ahmed Mukhtar Jaf devinrent membres du Parlement.

En ce qui concerne la prise de conscience politique et la culture, Halabja fut très tôt initiée. De Tahir Beg à Ahmad Mukhtar Jaf, avec Goran et des dizaines d'autres intellectuels de la ville, poètes et artistes, jusqu'à Hilmî, Hezhar, Natiq et les politiciens, Halabja comptait n'ombre de citoyens instruits. C'est en raison de ce niveau de culture que les activités politiques démarrèrent en 1935. C'est en effet cette année-là que la première cellule du parti Hiwa (Espoir) fut formée à Halabja. Ce parti exerça ses activités sans discontinuer jusqu'au milieu des années 40. A la même époque, Ibrahim Ahmed réunissait des intellectuels à Baxî Mîr (Jardin du Prince) pour des débats politiques. Ces activités étaient une partie du travail politique exercée par le Komelay Zhyandnewey Kurdistan (Zh.K) ou Association pour le renouveau du Kurdistan. Par la suite cette organisation devint le Parti démocratique du Kurdistan, qui avait pour but l'indépendance du pays.

Dans le milieu des années 40 ce parti, que l'on appelait couramment en abrégé le "Part'" fit son apparition avec un autre parti politique, le Teheror. Les deux comprenaient beaucoup de membres. Parmi les membres les plus connus du "Pzrt'" on compte : Re'ûfî Hadjî Heme Alî, Salih Hezhar, Nûrî Hemey Nanewa, qui plus tard devint communiste. Les membres les plus connus du Teheror étaient Arifî Hadjî Feredj, Mehmûdî Hadjî Rehim, Ali Hussain Jaf, Kemal Alî Bapîr entre autres. A la fin de 1946 les deux partis formèrent leur cellule centrale. En 1952, après la visite de Sheikh Mohamed Mehdmûd Serraf à Halabja, la première cellule du parti Ikhwan Muslimîn (Frères musulmans) fut formée avec Mollah Othman Abdul Aziz, Mollah Salihî Gewre, Mollah Abdul Aziz et d'autres.

Bien que tous ces partis différassent par leur idéologie et leur politique, ils s'unissaient concernant les affaires du pays. En 1958, quand le régime monarchique irakien se transforma en république, le peuple kurde s'inquiéta de son avenir et de la menace du nationalisme arabe.

C'est pour cela qu'ils adressèrent un mémorandum à Herold McMillan, le Premier ministre britannique. Avant cela, en 1957, 50 intellectuels, politiciens et notables de Halabja avaient envoyé une lettre de condamnation au Parlement irakien, concerning "l'unité arabe" qui refusaient de reconnaître l'existence du peuple kurde. Cette lettre fut publiée dans le magazine Shefeq.

Dans la période qui suivit la chute de la monarchie, seuls restèrent en activité à Halabja le "Part'" et le Teheror, dont le nom fut plus tard changé en Parti communiste irakien.

Les changements politiques au Kurdistan eurent un gros impact sur la ville de Halabja. En 1961, au début de la nouvelle révolte du Kurdistan, beaucoup de jeunes citoyens de Halabja s'enagèrent et avec un armement très sommaire, firent face à une puissante armée irakienne qui tentait de réoccuper le Kurdistan. La même année, l'aviation irakienne bombarda la ville et son district.

En 1963, l'armée irakienne, sous le commandement du général Sidiq, de sinistre réputation, attaque le district. Il détruisit et brûla entre autres le beau Jardin du Prince (Baxî Mîr) de Halabja, et ses bazars. La population s'enfuit dans les montagnes et les vallées. Se succédèrent continullement des combats et des heurts.

En 1974, Halabja devint un centre de meetings et un quartier général pour les Peshmergas (Forces kurdes), et le foyer de la révolte. Voulant punir Halabja de son rôle dans la lutte antionale, l'aviation irakienne, après avoir bombardé deux jours la ville de Qela Dize, faisant de nombreuses victimes, bombarda Halabja, le 26 avril 1974. 52 personnes furent tuées et beaucoup furent blessées, un grand nombre de maisons et de boutiques détruites.

Le 12 mai 1987, après une série de manifestations et de témoignages de protestations parmi la vaillante population de Halabja, le régime fasciste du Ba'ath lança une attaque avec des tanks, de l'artillerie et 8 hélicoptères, qui fit 12 martyrs. La nuit, les forces de sécurité du Ba'ath emenèrent les blessés qui étaient à l'hôpital dans un camp militaire près du village de Banûk, où ils furent tués. Il y eut d'autres exécutions au camp militaire de Shanederî, près de la ville de "Saîd Sadiq" ; les corps furent retrouvés en 1997.

Halabja, après ces événements, s'attendait à une catastrophe... Le gouvernement chauvin du Ba'ath cherchait un prétexte et une occasion d'attaquer. Durant les années 1980-1988, à Halabja, la population manifestait contre la politique chauvine du régime, lequel répliquait par des tirs. La série de ces événements tragiques se poursuivit, jusqu'au meurtrier "Printemps kurde", où 5000 innocents désarmés, enfants, femmes, jeunes et vieux, tombèrent comme des feuilles en automne."

Mémoires de Halabja, Bekir, Heme Sidîq Arif.

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