Kirkouk : Interview de Fuad Hussein

Interview de Fuad Hussein, directeur du Bureau présidentiel pour le Gouvernement de la Région du Kurdistan sur la question de Kirkouk. Interview un peu poussive, qui en apprend peu pour qui suit bien le sujet, mais qui est un bon résumé de l'état des choses à ce jour. En italique, mes propres commentaires.

A la fin, un résumé de la loi nouvellement sortie sur le partage des ressources.


RFE/RL: Le Président de la Région du Kurdistan, Massoud Barzani, a été cité dans les médias cette semaine comme ayant déclaré qu'il se pouvait que les Kurdes acceptent un délai dans l'application de l'Article 140.

Fuad Hussein : Non, il n'a pas dit cela. En fait, les média ont mal interprété ce qu'il a dit. Le président Barzani a dit : "Nous ne reporterons jamais; nous n'accepterons jamais aucun report dans l'application de l'Article 140." Il a dit qu'il n'accepterait aucun changement dans cet article et nous n'accepterons aucun retard.

Il a dit que c'est au Comité (du GRK) de l'Article 140 de décider quand ils appliqueraient entièrement l'article. Et si le comité dit que d'un point de vue technique nous avons besoin de quelques mois, alors le gouvernement en discutera. Mais ce ne sera jamais une décision politique ni un changement légal de la Constitution. Il a donc mis les choses au clair. Il n'acceptera pas de report, ni aucun changement dans le déroulé de l'Article 140."

Ce qu'il faut comprendre, c'est que les Kurdes, jamais fichus d'arriver à l'heure, ne pourraient être pas techniquement prêts à assurer le déroulé matériel du référendum. Pour les réclamations, s'adresser au Ministère des Affaires extérieures et au Cabinet du Premier Ministre, comme d'hab.

RFE/RL: Où en est-on dans le processus à présent?

Husayn: Cela concerne bien sûr leComité de l'Article 140, mais ils ont une limite dans le temps et cette limite est atteinte à la fin de l'année. Mais l'Article 140 comprend plusieurs étapes. L'une, - la normalisation- concerne la réinstallation des Arabes amenés à Kirkouk par Saddam Hussein dans leur région d'origine et le retour à Kirkouk des Kurdes qui en avaient été déplacés. Le Comité de l'Article 140 a pris plusieurs décisions en ce sens et ils sont en train de les faire appliquer.

La deuxième étape est de pratiquer un recensement - et un recensement ne signifie pas recueillir des informations sur tout - mais cela signifie savoir qui est originaire de la région et qui peut voter. Et il est facile de le savoir puisque depuis 2003, nous avons eu plusieurs élections. Il suffit donc de se reporter au registre des électeurs et de savoir qui est originaire de la région et qui peut voter. A partir de là nous pouvons aborder la dernière étape, qui est celle d'un référendum optant pour le rattachement à la Région du Kurdistan ou non.

RFE/RL: Il a été rapporté dans les média que 100 billions de dinars (près de 80 millions de $) ont été alloués à l'application de la première phase de l'Article 140. Où est allé cet argent et comment a-t-il été dépensé ?

Hussein : Pour ce qui est de l'argent pour le Comité, il lui a été alloué. Une partie de ce budget a été donné aux Arabes (les colosn installés à Kirkouk par Saddam Hussein) pour qu'ils puissent partir et redémarrer leur vie dans leur ville d'origine. Une autre partie a servi a assurer le travail du Comité lui-même. Par là, le gouvernement irakien a déjà financé le travail de ce Comité et aider les Arabes à partir.

RFE/RL: Est-il possible d'avancer dans le processus d'application de l'Article 140 étant donné la situation sécuritaire à Kirkouk?

Husayn: Oui, oui. Je pense que les activistes actuels - les terroristes et les supporters du régime du Ba'ath essaient par leurs actions de faire reporter l'Article 140. Ilsont pour but soit la suppression de l'article, soit son report. Quand son application commencera - et cela a déjà commencé, cela aidera les gens de la région à se sentir assurés de leur avenir. Et nous pensons que cela réduira les atatques terroristes.

En vérité, il y a des gens qui pensent que l'application de l'Article 140 mènera à une guerre civile. Nous pensons différemment là-dessus, car ces petits groupes qui attaquent en ce moment les Kurdes et d'autres officiels du gouvernement à Kirkouk, ce sont ces gens qui cont contre l'Article 140. Il y a des gens qui sont contre la constitution. Il y a des gens qui sont contre la nouvelle situation en Irak.

Ainsi quand l'étape de l'application commencera, je crois qu'ils sentiront qu'ils ont perdu. Et que la population d'origine de Kirkouk se sentira plus en sécurité, et avec un avenir.

RFE/RL: Qu'arrivera-t-il si des familles arabes refusent d'être rapatriées dans leur ville d'origine ? Auront-elles le droit de rester à Kirkouk?

Hussein : Selon mes inforamtions, des milliers d'Arabes ont déjà été recensés comme ayant regagné leur ville d'origine. Donc, les Arabes qui ont été amenés par Saddam Hussein sont prêts à repartir.

Les Arabes originaires de Kirkouk - car bien sûr nous avons ici des Arabes installés depuis longtemps- bien sûr qu'ils peuvent rester et qu'ils seront une partie de la société, une part de la communauté. Mais ceux qui ont été amenés, leur enregistrement sera transféré dans leur ville d'origine et il quitteront Kirkouk.

RFE/RL: Il y a eu une proposition d'Arabes et de Turkmènes de désigner Kirkouk par un "statut spécial" où les Kurdes, les Turkmènes et les Arabes partageraient le pouvoir. Quelle a été la réponse du GRK à cette proposition ?

Hussein : Nous nous en remettons à l'Article 140 et à la constitution. L'Article 140 dit qu'à la fin, un référendeum décidera. Par ailleurs, ce n'est pas juste sur Kirkouk, mais sur toute une région- Sindjar, Khanaqin, et d'autres villes kurdes. C'est donc à la population de ces régions de décider, et non à un petit groupe ou à un parti politique. Quand le référendum sera tenu, et quand les gens voteront, alors nous saurons dans quelle direction ira Kirkouk. Ce n'est pas à quelques personnes, surtout émanant de petits partis politiques arabes ou turkmènes de décider.

Par ailleurs, il y a beaucoup de Turkmènes qui font partie de ce processus, et ils soutiennent l'application de l'Article 140. Et il y en a d'autres parmi les Arabes - oui, même parmi les Arabes d'otigine - qui disent qu'il est préférable de faire partie d'une région sûre que d'une région dangereuse- et donc de faire partie du Kurdistan.

RFE/RL: Quelle sera la réaction des Kurdes si Bagdad faillit à l'application de l'Article 140?

Hussein : Nous avons le sentiment que le gouvernement irakien est coopératif à ce stade, et qu'ils soutiennent le Comité qui a été formé à Bagdad, celui de l'Article 140.

De plus, la majorité des membres de ce Comité sont ministres dans le gouvernement irakien. Le Premier ministre (Nurî al-Malikî) a déclaré plusieurs fois : "Il est de mon devoir d'appliquer la constitution et l'Article 140 fait partie de cette constitution."

RFE/RL: Il y a un comité au Parlement de Bagdad qui travaille à amender certains articles de la constitution, dont l'Article 140.

Hussein : Oui, il y a un comité qui a pour tâche de porposer des changements dans les articles - et donc dans la constitution. Mais changer la constitution doit être fait par le mécanisme de la cosntitution elle-même. En ce qui concerne les Kurdes, nous n'accepterons pas de changer l'Article 140, car un changement signifierait sa suppression. L'Article 140 doit être appliqué dans un certain délai et ceux qui parlent de le reporter, parlent en fait de le supprimer. Aussi nous ne l'accepterons jamais.

RFE/RL: Certaines personnes accusent des forces extérieures d'influencer la situation à Kirkouk...

Hussein : Kirkouk est une partie de l'Irak - comme Erbil et d'autres villes. C'est une partie de l'Irak. Donc, même si Kirkouk devient une partie de la Région du Kurdistan, nous resterons une part de l'Irak.

(ici, aparté qui n'a rien à voir mais les derniers propos me font irrésistiblement penser à la scène II de l'Acte V de Henry V par shakespeare, quand le roi explique laborieusement en français à sa future fiancée : "Je quand sur le possession de France, et quand vous avez le possession de moy,—let me see, what then? Saint Denis be my speed!—donc vostre est France, et vous estes mienne. ")

Nous resterons une part de l'Irak. Ce n'est pas à des pusisances étrangères de décider du futur de Kirkouk. C'est à la population de Kirkouk de décider du futur de la ville, et aussi à la constitution irakienne qui a été approuvée par vote à 80% par les Irakiens, en y incluant l'Article 140. C'est donc une affaire interne qui ne concerne pas les autres pays."

rferl org

Loi sur le Partage des Revenus

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Quant à la loi sur le partage des revenus, pour les flemmards que lire en anglais ou en arabe fait déjà soupirer, en bref :

- Un fond unique est mis en place pour collecter tous les revenus pétroliers de l'Irak, aussi bien que les autres revenus de la fédération.

Les revenus net, après déduction des dépenses du Gouvernement fédéral irakien iront au Kurdistan à 17%, de façon mensuelle et automatique. Le reste sera réparti dans les gouvernorats non organisés en régions, selon les besoins des populations, qu'elle vive dans une région pétrolière ou non.

Commentaires

  1. Anonyme6:52 PM

    Ce communiqué de Fuad Hussein est quelque peu confus, or ce qui prime c'est la liberté des peuple a retrouver leur terre des ancêtre et a ce que justice soit faite sans parti pris, sans discrimination de religion, et au Kurdistan le problème est religieux. Nous avons les Chaldéens minoritaire et pourtant a l'origine du Kurdistan, ceux ci ont aucun droit et aucun moyen économique, il faut souligner cette injustice, cependant nous avons rien a dire sur Monsieur M.Barzani.

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