lundi, septembre 11, 2006

Duhok : livres français, salle de classe et Monseigneur

Ensuite, HELAS on doit se fader encore un de ces déjeuners protocolaires qui casse les couilles de tout le monde, et fait perdre le temps qu'on aurait pu consacrer à continuer la balade. Bon, déjeuner avec le président de l'université de Duhok, j'ai à peine participé à la conversation, quand on quitte les yézidis de Lalesh, hum ce genre de mondanité, ça paraît bien fadasse et mortel. De totue façon il était déjà tard, on n'a que le temps de passer au lycée international de Duhok déposer trois sacs de livres scolaires. Le lycée est fermé mais j'avais eu au téléphone monseigneur Raban, de qui ce lycée francophone, mixte, ouvert à tous les élèves quel que soit leur culte est la grande oeuvre. Patroné et financé par Monaco, il est équipé d'une salle pleine d'ordi (un par élève) et un internat à plusieurs étages se construit à côté. Bref j'explique à monseigneur Raban qui lui était à Hewlêr qu'on vient, et il prévient les gardiens. Un petit tour au Lycée, ensuite passage obligé au supermarket de Duhok (le premier ouvert au Kurdistan) qui évidemment ne nous dépayse pas trop des Francprix, mais permet de se ravitailler en eau. Et on repart, car de Duhok à Hewlêr la route est longue, 4 heures.

Arrivée à Hewlêr à 10 heures, où je retrouve finalement monseigneur Raban attablé avec Kendal, Joyce et les Kutschera. Monseigneur Raban a les yeux bleus très chauds de certains chrétiens ici (dont le chef de rang du buffet du Sheraton), une classe terrible dans son bel habit d'évêque. Avec ça une gentillesse et une drôlerie... Il n'arrête pas de me remercier pour le risque que j'ai pris en amenant ses livres, je me demande quels risques, vu que le chauffeur était bon conducteur, mais je crois que cet évêque là, toujours actif, toujours sur les routes, a la réputation d'un Fangio. Il avait amené plusieurs bouteilles de vin de messe, un truc aussi redoutable que le marc à Minouche, aux conséquences imprévisibles paraît-il mais que moi j'ai trouvé très bon et qui ne m'a pas nui du tout. Ces évêques chrétiens du Kurdistan sont tellement intégrés à leurs montagnes et aux gens qui les peuplent, tous cultes réunis... Ainsi à un moment, je l'entend protester auprès de kndal "Tout de même, on a nos droits ! On peut les réclamer !" Je pensais qu'il s'agissait d'une querelle entre millet, mais en fait non, c'était parce que la conférence avait appelé des universitaires de Hewlêr et de Silêmanî, pays soranî, et pas de Duhok, qui est du Bahdinan. "Nous, les Bahdinanî, nous avons été exclus !" voilà ce contre quoi protestait l'évêque d'Amadiya. J'étais éclatée. Que les évêques assyro-chaldéens épousent les querelles régionales des Kurdes du Soran et du Bahdinan... On peut vivre des années avec eux, il y a toujours un moment où on reste scié.
Mais il était charmant, monseigneur Raban, en expliquant que pour lui, le paradis, il le voyait déjà, tous les matins, quand il regardait ses élèves dans la cour du Lycée. Et c'est vrai qu'il peut être fier de ce qu'il a fait, et la France est une fois de plus lamentable, en laissant Monaco financer le premier et le seul lycée francophone du Kurdistan.



PHOTOS SANDRINE ALEXIE NON LIBRES DE DROIT

1 commentaire:

  1. Pff on avait pas pu le rencontrer avec Roxane à Amidya..kidnappés par le PDK... il a l'air bien sympa pourtant...

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Concert de soutien à l'Institut kurde