La siddiqiyya et les Ayyârûn kurdes


Encore une allusion à la connexion des soufis et des brigands, spécialement chez les Kurdes et les Turkmènes, présentés comme très sunnites, en réaction contre l'ismaélisme bouyide. Par la suite, vu la multiplication des sectes ésotériques issus du chisme en territoire peuplé de Kurdes, on peut se demander si les Ayyârûn et les Kurdes du coup ne se sont pas diversifiés religieusement parlant, sous une police redevenue sunnite... Dans ce cas on peut aussi envisager des alliances fidawîs ismaéliens/ayyârûn, tout comme les Yézidis, au XII° siècle (et jusque très tard dans l'Empire ottoman), étaient immanquablement associés aux brigands de haute Mésopotamie. En fait la rase campagne ou la montagne est toujours peuplée des mêmes gens : derviches, brigands, nomades, dissidents religieux ou politiques (les mêmes souvent). Sous un pouvoir bûyide, les brigands clandestins s'appuient sur les mystiques sunnites. Sous un pouvoir redevenu sunnite, comme sous les Zengîdes et les Ayyûbides, les agents ismaéliens ou duodécimains devaient trouver plus d'échos.

"D'après Louis Massignon, il semble que ce soit dans les milieux de la futuwwa sunnite hostile au shî'isme que soit né le thème de la siddîqiyya. Ce concept vient du surnom du premier calife Abû Bakr (m. 13/634), le véridique, Siddîq, celui qui atteste de la vérité de l'ascension du Prophète. La siddîqiyya qui se manifestait à travers un attachement passionné à la personne d'Abû Bakr dans ces milieux aboutit à des soulèvements de bandes de bandits d'honneur, les 'Ayyârûn, turcs et kurdes contre la police de l'Etat bûyide, souvent de tendance hanbalite voire shafî(ite. Hallâj dirigea certains de ces groupes qui d'ailleurs s'en réclamèrent. Toujours est-il que ces groupes de futuwwa clandestins s'appuyèrent sur des autorités mystiques sunnites pour lutter contre le shî'isme d'Etat."

L'ennuagement du coeur de Rûzbehân

En tout cas Rûzbehân, né sous autorité bûyide, était, lui, très hostile aux Ismaéliens et essuya une tentative d'assassinat de leur part. Il fut peut-être influencé en cela par son sheikh kurde, Djagir Kurdî.

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