mardi, mars 18, 2008

Des mésaventures de Terdat...


... Ou l'art de la litote. Sur Terdat (ou Tiridate) IV, roi d'Arménie, de la dynastie des Arsacides, et sa conversion au christianisme, on nous dit qu'"il n'était pas dans son état normal" à ce moment-là, puisque "métamorphosé en cochon sauvage pour châtiment de son impiété" ; on comprend effectivement que ça l'ait un peu perturbé. Heureusement, saint Grégoire dit l'Illuminateur se dévoue pour évangéliser le cochon, et la conversation du roi met fin à son état de porcidé.

La totémisation maléfique semble d'ailleurs assez répandue à l'époque. Le roi Pap, que la reine Parandzem "avait consacré aux dew (démons) "était constamment environné de serpents blancs, qui manifestaient la réalité physique de cette possession diabolique, confirmée, selon la chronique, par ses moeurs homosexuelles."

Indépendamment des préférences sexuelles du roi, la légende rappelle fortement celle de Zohak, le roi-serpent abhorré des Kurdes et de tous les Iraniens, mais ancêtre de la lignée des rois du Touran, dont le méchant Afrasyab... mais aussi ancêtre par les femmes du dévoué et valeureux Rustem, roi du Zaboulistan.

Quant au mazdéisme (ou zoroastrisme) si populaire de nos jours parmi les Kurdes nationalistes, en réaction contre l'islam "arabe", il ne devait pas l'être autant des Kurdes originels, que l'on voit mal supporter sans murmure le fardeau du clergé zoroastrien. Finalement, la rapidité avec laquelle les Iraniens se sont convertis à l'islam l'est peut-être pour les mêmes raisons qui ont fait définitivement penché les Arméniens du côté du christianisme. Ainsi, quand le Rois des rois Yazdagard II impose ce culte à l'Arménie alors dirigée par Hovsêp :

"L'enseignement de la foi mazdéenne fut imposé aux épouses, aux fils et fils de naharar. Cependant, c'est le peuple plus que les familles nobles qui devait ressentir tout le poids de la capitulation. Déjà accablé de taxes et de corvées, il se vit soudain harcelé de charges et d'obligations nouvelles. Il fallait entretenir tout à la fois les prêtres privés de leurs bénéfices, les moines chassés de leurs communautés, les mages et leurs acolytes, dont l'omniprésence soupçonneuse imposait toutes sortes de contraintes rituelles épuisantes ou ridicules : alimentation continuelle des bûchers sacrés, chasse aux animaux personnifiant les ténèbres (grenouilles, fourmis, lézards). Bouleversant les consciences, les mages imposaient la polygamie et les mariages consanguins. Ils entravaient la vie quotidienne en interdisant de se laver autrement qu'à l'urine de boeuf et de se chauffer au crottin séché (at'ar)."

IV. "Affirmation de l'Arménie chrétienne", (vers 301-590).


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