Nêçirvan Barzanî veut lancer le micro-crédit au Kurdistan

Alors que l'économie du Kurdistan d'Irak connaît un boum un peu désordonné, entre corruption, fortune rapide, réseau d'influence tribale et américanisation rêvée, Nêçirvan Barzanî, sans doute pour stimuler l'entreprise individuelle, annonce le lancement d'un organisme de micro-crédit au Kurdistan, avec la Bright Future Foundation (BFF ou Fondation pour un avenir radieux, en gros) pour le Microcrédit dans la Région du Kurdistan. La BFF a élaboré, semble-t-il, un plan spécialement adapté à ce pays.

Actuellement, l'économie du Kurdistan d'Irak offre un curieux mélange d'économie post-socialiste (rations alimentaires fournies par l'Etat chaque mois), un budget gouvernemental grevé par les salaires d'un nombre de fonctionnaires assez pléthorique (autour de 67% du budget va aux salaires), de corruption traditionnelle et nonchalante très moyen-orientale, de capitalisme et de libéralisme sauvage si l'on veut avec des investissements turcs, arabes, occidentaux dans cet Eldorado économique.

Quant au taux de chômage il s'accompagne paradoxalement d'une pénurie de main d'oeuvre, à tel point que le Kurdistan d'Irak doit faire appel, en plus des Kurdes de Turquie, aux Chinois, Philippins et tous autres travailleurs immigrés du Golfe. Il n'y a pas que la trouée démographique dans la population masculine due au génocide, c'est aussi une évolution des mentalités qui ne s'est pas encore faite chez ces nobles tribaux : le travail est dégradant et les Kurdes d'Irak ne veulent pas "servir", seulement faire du buiseness ou être fonctionnaires et mieux encore Peshmerga ou Asayish, seules activités de prestige qu'on ne veut laisser aux anciens "rayas". Quant à l'activité agricole, anéantie par Saddam, elle peine à trouver ses volontaires pour le retour à la terre, et ce ne sont pas les chrétiens réfugiés d'Irak, citadins de Bagdad, Bassorah, Mossoul, qui sont enclins à s'y coller... De même, dans les hôtels, les restaurants, le bâtiments, on trouve surtout beaucoup d'Arabes ou de Turkmènes, de yézidis, de chrétiens parmi les employés ...

Est-ce que le micro-crédit, qui a ses partisans et ses détracteurs, est adapté au Kurdistan et dopera l'esprit d'entreprise chez les Kurdes ? L'avenir le dira...

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