Duhok
PETIT DEJ PRESQUE PARFAIT MAIS SANS CAFE
Le lendemain à Duhok, visite de la grotte çarstin, un ensemble qui fait très néolithique qui est présenté comme voué à Anahita et pour bien montrer que c’est la preuve que les Kurdes sont les plus anciens du monde avec la religion la plus ancienne du monde, on a en plus des stèles représentant le premier roi mède « premier empire du Kurdistan unifié » et Ahura Mazda. Bon la grotte est une caverne avec quatre piliers marrants taillés au centre. Sinon, jolie vue autour sur la montagne et le barrage, avec une cascade.
Ensuite Dream City, le parc, piscine, bowling, jeux video et cinéma d’épouvante, accolé à un « Supermarcket », dont les Kurdes et surtout les Duhoki sont très fiers. Il y a de quoi, c’est sur l’emplacement de l’ancien complexe palatial qu’avait fait construire Saddam en rasant tout autour. Que les Kurdes, au lieu d’en faire un énième mémorial, aient transformé ça en aire de jeux, je trouve ça splendide.
Le soir, on se met en quête d’un endroit où manger ET boire. Parce que souvent, c’est difficile de faire les deux en même temps, c’est-à-dire dans le même établissement. Donc tranquille, je demande au jeune de la réception un endroit où on peut dîner avec de l’alcool. Il capte vite et écrit un nom, gribouille un plan, tandis que son collègue est à mort de rire tout en regardant ses pieds. Et donc on part dans Duhok en demandant le chemin au passage jusqu’au Nadir. On finit par arriver dans un parking retiré, peu éclairé, où les gardiens nous mènent jusqu’à une sorte de hangar, avec plein de mecs dedans, et autour des baraques qui ressemblent aux mobile home des chantiers. A l’air effaré du patron qui refuse d’abord énergiquement, à l’insistance des Kurdes autour (pas question de nous mettre dehors quel que soit le bizarre de la demande, je commence à me marrer. Quand désespéré, le tenancier nous demande combien d’heures on pense rester, je fais « euh… » d’un air que j’en sais rien, et quand on se retrouve installées dans une de ces baraques, où il n’y a rien sauf une table avec une nappe crade que le patron s’empresse de remplacer par une propre, et qu’il part en fermant soigneusement la porte, on se regarde et on se tord de rire. Atterrir dans un clandé, fallait le faire ! Après Lalish, le bordel de Duhok, ben voyons. En tout cas le patron s’est donné un mal fou pour qu’on ait l’air de continuer de se douter de rien, et a tout fait comme s’il tenait un vrai resto : prenant la commande du vin, amenant trois bouteilles qu’on choisisse, proposant des fisteks, et puis des brochettes de poulet… tout juste s’il n’allait pas faire des tulipes avec les serviettes de papier. Le problème est qu’il n’arrivait pas à cacher sa panique, et que je n’ai jamais vu un service aussi rapide, et aussi épouvanté. Il entre en coup de vent, apporte les plats, s’éponge le front, roule sur nous des yeux traqués, « Temam ? temam ? » et repart aussi prestement en fermant la porte. Il était à la fois très pressé qu’on se casse, mais tout en se donnant l’allure d’un brave patron de brasserie familiale. Le vin n’était pas mauvais, du Syrah français. Et comme on est gentille, on s’est pas attardé en en redemandant une deuxième.
Le lendemain, on passe faire tamponner nos visas pour la prolongation, au ministère de l’Intérieur. Ça prend bien deux heures et demi, mais ils sont gentils et marrants et en plus on les sidère. D’ailleurs très bien équipés. Apprenant sur place qu’il fallait une photo d’identité (que je n’avais pas sur moi), je me préparais à une longue bataille désespérée pour faire admettre que euh… photocopier la photo de mon passeport et la coller sur le formulaire, c’était pareil non ? Mais quand tout à la fin, après avoir décliné en kurde nos noms, prénoms, noms du père et occupation respective, et que j’ai expliqué piteusement que je n’avais pas de photo, le jeune me regarde d’un air « ben c’est pas la mort » en expliquant comme à une attardée qu’on veut rassurer : « On va t’en faire une ». Et de fait, à côté, l’autre garçon a un numérique avec lui, on s’assoit sur un tabouret, devant un tissu rouge tendu contre le mur, il imprime et voilà. Pourquoi on se fait tellement chier dans les administrations françaises ?
Ensuite Dream City, le parc, piscine, bowling, jeux video et cinéma d’épouvante, accolé à un « Supermarcket », dont les Kurdes et surtout les Duhoki sont très fiers. Il y a de quoi, c’est sur l’emplacement de l’ancien complexe palatial qu’avait fait construire Saddam en rasant tout autour. Que les Kurdes, au lieu d’en faire un énième mémorial, aient transformé ça en aire de jeux, je trouve ça splendide.
Le soir, on se met en quête d’un endroit où manger ET boire. Parce que souvent, c’est difficile de faire les deux en même temps, c’est-à-dire dans le même établissement. Donc tranquille, je demande au jeune de la réception un endroit où on peut dîner avec de l’alcool. Il capte vite et écrit un nom, gribouille un plan, tandis que son collègue est à mort de rire tout en regardant ses pieds. Et donc on part dans Duhok en demandant le chemin au passage jusqu’au Nadir. On finit par arriver dans un parking retiré, peu éclairé, où les gardiens nous mènent jusqu’à une sorte de hangar, avec plein de mecs dedans, et autour des baraques qui ressemblent aux mobile home des chantiers. A l’air effaré du patron qui refuse d’abord énergiquement, à l’insistance des Kurdes autour (pas question de nous mettre dehors quel que soit le bizarre de la demande, je commence à me marrer. Quand désespéré, le tenancier nous demande combien d’heures on pense rester, je fais « euh… » d’un air que j’en sais rien, et quand on se retrouve installées dans une de ces baraques, où il n’y a rien sauf une table avec une nappe crade que le patron s’empresse de remplacer par une propre, et qu’il part en fermant soigneusement la porte, on se regarde et on se tord de rire. Atterrir dans un clandé, fallait le faire ! Après Lalish, le bordel de Duhok, ben voyons. En tout cas le patron s’est donné un mal fou pour qu’on ait l’air de continuer de se douter de rien, et a tout fait comme s’il tenait un vrai resto : prenant la commande du vin, amenant trois bouteilles qu’on choisisse, proposant des fisteks, et puis des brochettes de poulet… tout juste s’il n’allait pas faire des tulipes avec les serviettes de papier. Le problème est qu’il n’arrivait pas à cacher sa panique, et que je n’ai jamais vu un service aussi rapide, et aussi épouvanté. Il entre en coup de vent, apporte les plats, s’éponge le front, roule sur nous des yeux traqués, « Temam ? temam ? » et repart aussi prestement en fermant la porte. Il était à la fois très pressé qu’on se casse, mais tout en se donnant l’allure d’un brave patron de brasserie familiale. Le vin n’était pas mauvais, du Syrah français. Et comme on est gentille, on s’est pas attardé en en redemandant une deuxième.
Le lendemain, on passe faire tamponner nos visas pour la prolongation, au ministère de l’Intérieur. Ça prend bien deux heures et demi, mais ils sont gentils et marrants et en plus on les sidère. D’ailleurs très bien équipés. Apprenant sur place qu’il fallait une photo d’identité (que je n’avais pas sur moi), je me préparais à une longue bataille désespérée pour faire admettre que euh… photocopier la photo de mon passeport et la coller sur le formulaire, c’était pareil non ? Mais quand tout à la fin, après avoir décliné en kurde nos noms, prénoms, noms du père et occupation respective, et que j’ai expliqué piteusement que je n’avais pas de photo, le jeune me regarde d’un air « ben c’est pas la mort » en expliquant comme à une attardée qu’on veut rassurer : « On va t’en faire une ». Et de fait, à côté, l’autre garçon a un numérique avec lui, on s’assoit sur un tabouret, devant un tissu rouge tendu contre le mur, il imprime et voilà. Pourquoi on se fait tellement chier dans les administrations françaises ?
Après, re-queue de l’autre côté, pour faire tamponner le visa. En gros je me suis retrouvé au bout de 5 secondes de l’autre côté de la barrière, sur une chaise, à côté du jeune peshmerga. Et on s’est tapé la discute. Roxane m’ayant bientôt, on apprend que m’on doit avoir respectivement 18 et 20 ans. Quand on rectifie le tir ils font « ah bon ? » presque que comme si on était d’une autre espèce et que c’était forcément pas le même âge que ça voulait dire.
Entre temps Pîr Xidir avait appelé plusieurs fois pour savoir ce qu’on faisait où on était quand on venait (litanie habituelle des Kurdes). On repasse à l’hôtel, on prend les sacs et on va au Centre Lalesh pour dire au revoir. On en profite aussi pour se faire amener un taxi. Le Pîr arrive, on papote dans la salle des invités, thé, sourire, présentation à tout le monde, etc. Et puis bien sûr, grande manœuvre pour nous persuader qu’entre temps Amadiya avait vachement reculé par rapport à Zakho et que c’était loin, très loin de Zakho, Amadiya, et que donc, mieux valait rester à Duhok, faire un tour dans la journée à Zakho (où de toute façon il n’y a RIEN, mais alors RIEN à voir, juste un pont, insiste le Pîr (il a pas dit un vieux pont tout cassé mais le ton y était). Et ensuite revenir à Duhok, et il nous emmènerait à Amadiya si on voulait (il voyait pas pourquoi mais bon si on y tenait). Grand sourire de ma part : « Mais tu sais bien que de Zakho à Amadiya, la route est belle, c’est la montagne, et pour les photos, c’est mieux. » Air déconfit, évidemment, il va quand même pas dire du mal de ses montagnes. Vient le moment où le taxi arrive, ça marchande, on se lève pour partir, Pîr Xidir me serre la main et même pas le temps de tourner la tête, qu’il fonce dehors, saute dans la voiture où l’attendait son chauffeur et s’en va sans même nous accompagner au taxi. J’adore leur manière exquise de filer quand ils sont tristes, quand on les connaît pas, c’est d’un charmant…
PHOTOS SANDRINE ALEXIE NON LIBRES DE DROIT
C'est à dire qu'au Kurdistan c'est un peu comme ailleurs dans le monde, les quartiers populaires c'est quand-même plus sympas!
RépondreSupprimerDéjà les ONG qui ont toujours préféré la proximité des églises à celle du bazar s'étaient installées à Ankawa et y logeait leur personnel. Depuis le boom de la construction, c'est le quartier où les firmes étrangères ont implanté leur bureau-logement pour le patron et le personnel qualifié. Les propriétaires de logements ne doivent pas être sur la paille à Ankawa quand on voit le prix du moindre loyer!!-
Et plus ça devient riche, plus ça devient moche. Même les terrasses des pizzérias sont devenus presque sinistres maintenant qu'on ne voit plus flâner les groupes de filles chrétiennes le soir -où sont-elles donc passées d'ailleurs???
Ankawa c'est le Neuilly-la Défense kurdistanais, qui est nettementplus con aussi que la place des fêtes..
(ouf, les ONG sont rarement yézidies, ça a sauvé Lalesh!)
Remarquez si ça continue c'est le bazar qui va ressembler à Chatelet! L'énorme centre commercial flambant neuf qui domine le bazar, ça ne vous a pas inspiré on dirait..Pas des admiratrices du style "palais ceauscescu version arabesque"??