Les Kurdes, la nouvelle cible du Moyen-Orient ?


Le double attentat-suicide qui aux dernières nouvelles aurait fait 200 blessés et 56 morts à Arbil - et parmi elles les hauts représentants du PDK et de l'UPK - montre que les Kurdes et leurs représentations politiques sont, pour les terroristes islamistes, des cibles analogues aux bureaux occidentaux en Irak, des "kafirs" à abattre. Déjà en 1967, on stigmatisait les Kurdes comme pro-sionistes traîtres (sic) à la nation arabe ou à l'Oumma. Aujourd'hui, on peut supposer que le terme "fédéraliste kurde" rejoindra dans l'infamie celui "d'agent sioniste" et de "pro-Américain". Il aura probablement pour effet d'accélérer la formation de deux camps au Moyen-Orient, celui, derrière le bouclier américain, de peuples non-arabes et non-islamistes (tout du moins dans leurs institutions politiques), à savoir Israël, la Turquie et le Kurdistan. Et face à eux un monde arabe très travaillé par le terrorisme et l'anti-sionisme, mêlant de façon vague des revendications nationalistes et/ou religieuses, probalement, par ailleurs, promt à se déchirer entre factions comme cela fut le cas des milices chiites, sunnites, pro- ou anti on ne sait quoi au Liban.

La réussite d'un Kurdistan fédéral serait la pire des choses pour les fanatiques de tous bords. Cela donnerait trop le mauvais exemple d'un état tolérant, indifférent aux questions religieuses et qui en plus pourrait évoluer vers une démocratie et une liberté effective, en plus d'une certaine prospérité économique. Mais à vrai dire la menace terroriste peut avoir le même effet que le radicalisme chiite, celui de pousser les groupes minoritaires ethniques et religieux à se regrouper autour d'un camp certes pris pour cible par des éléments extérieurs, mais dont la politique intérieure pourrait plus sécurisante pour les communautés les plus faibles.



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