À lire sur Les Clefs du Moyen Orient par David Rigoulet-Roze :
Les deux principaux soutiens de Damas sont, au niveau international, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, qui a par deux fois opposé son veto à une résolution condamnant le régime syrien et, au niveau régional, la République islamique d’Iran. L’affaire syrienne constituerait presque un cas d’école pour la méthode d’analyse géopolitique. En effet, deux spécificités qui fondent l’identité disciplinaire de la géopolitique peuvent être utilement mobilisées ici : il s’agit de l’analyse interscalaire, tant en matière d’espaces que de temporalités dans lesquels s’inscrivent les « représentations » à l’œuvre dans tout conflit de nature géopolitique. Cela passe notamment par l’utilisation de la méthode dite « diatopique » telle qu’élaborée par Yves Lacoste, laquelle apparaît particulièrement fertile dans toute étude géopolitique. Comme le souligne ce dernier : « Par diatope [de topos en grec ancien, signifiant « lieu », « espace »], j’entends une combinatoire de très diverses observations que l’on peut faire à différents niveaux d’analyse spatiale dans le but de mieux comprendre un problème ou de mener une action. Un diatope, c’est en quelque sorte la superposition des observations géographiques très différentes que fait, par exemple, un pilote d’avion qui vole d’abord à haute altitude avant de descendre très bas sur l’objectif précis qu’il a repéré à des altitudes intermédiaires. Selon qu’ils sont observés à haute altitude (ou même de satellite) ou à très basse altitude, ces espaces sont de tailles très inégales et on peut les représenter par des cartes d’échelles différentes. Ces cartes vues en perspective cavalière peuvent être superposées les unes aux autres : le local en bas, le planétaire en haut. C’est un diatope. Ceci fait, il faut surtout comprendre les rapports entre ces différents niveaux d’analyse, les articuler les uns aux autres. Cette méthode correspond en fait à l’essentiel du raisonnement stratégique. Il permet de mieux comprendre comment peuvent évoluer des situations stratégiques déjà très compliquées sur le terrain, sous l’effet de rapports de force plus ou moins lointains [1] …
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