Necmedînê Dêrîkî : Siyabend û Xecê
Siyabend et Xecê (on dit aussi Siyahemed et Şemsî) est une des histoires d'amour les plus connues chez les Kurdes. Il en existe une dizaine de versions, mais le canevas est celui-ci : Siyabend est un jeune Kurde de la tribu des Silivî. Il est beau et brave, comme il se doit, mais pauvre. Il s'éprend de Xecê, qui est aussi très belle, mais dont le père est un homme riche et puissant. Il est donc inconcevable que Timûr Paşa Milli, qui est chef de village et pacha, donne sa fille à un jeune homme sans le sou. Siyabend et Xecê se languissent donc dans leur amour impossible, jusqu'à ce que Siyabend décide "d'enlever" Xecê.
Ici, il faut comprendre un 'enlèvement avec consentement de la jeune fille', quand les familles s'opposent au mariage. Si au bout de trois jours, les frères et la famille de la jeune fille ne les rattrapent pas, et que les fugitifs trouvent refuge chez un cheikh ou un autre notable, les familles ne peuvent plus interdire le mariage et de toute façon la fille est 'déshonorée' et plus bonne à marier à un autre).
C'est donc ce que tentèrent Siyabend et Xecê. Ils s'enfuirent dans les montagnes vers Xelat. Mais alors qu'ils campent dans les hauteurs, une harde de cerfs (ou bouquetins ?) vient à passer (c'était le temps béni où les chasseurs et les armées n'avaient pas dépeuplé et déboisé les montagnes kurdes). Siyabend tire sur un cerf et l'animal blessé se jette dans un ravin. Le garçon dit à sa bien-aimée de l'attendre auprès des chevaux et descend dans le ravin. En bas, le cerf, qui agonise, a le temps de se venger en lui donnant un coup d'andouiller qui lui transperce le corps. Siyabend meurt sur le coup.
Xecê attend un certain temps, s'inquiète et finalement va au bord du ravin et voit les corps de la proie et du chasseur. Désespérée, elle se jette dans le vide et part rejoindre son amoureux.
Les hommes qui les poursuivaient ne tardent pas à retrouver les corps. Xecê, pas encore tout à fait morte, a le temps de leur raconter leur infortune, et c'est tant mieux car ainsi put naître la chanson.
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