Allahu Akbar vs les "pilules du mensonge"

Les premiers procès des opposants à Ahmadinjad ont commencé en Iran. Un classique des tribunaux révolutionnaires ou religieux, l'auto-confession des accusés, histoire de donner moins de boulot à la défense. Parmi eux, des manifestants, mais aussi des personnalités politiques dont les aveux vont les écarter définitivement de la politique. C'est ainsi que Mohammad Ali Abtahi, qui fut vice-président sous Khatami jusqu'en 2005, mais a fait campagne cette fois-ci pour Mehdi Karroubi, avec un blog influent, a "reconnu" que les fraudes étaient un "mensonge" destiné à faire de l'Iran un pays comme l'Afghanistan et l'Irak, c'est-à-dire déchiré par la guerre civile et aussi sous la coupe américaine. Comme il s'agit, à travers lui, d'atteindre de plus gros poissons, Abtahi a chargé Khatami, plus encore que Moussavi, qu'il taxe d'ignorance sur la situation du pays. Rejoindre Moussavi a été, de la part de Khatami, une "trahison", qu'il se le tienne pour dit. Karroubi est aussi dénoncé : "J'ai commis une erreur en participant aux rassemblements mais Mehdi Karoubi m'a dit que nous ne pouvions pas appeler à manifester avec des résultats aussi faibles, et qu'il valait mieux descendre nous-mêmes dans la rue pour manifester".



Si l'on compare les deux portraits d'Abtahi, avant et après sa détention et son arrestation, on peut remarquer qu'il a quand même pris un sacré coup de vieux. Quant à la perte de poids, c'est sûrement le remords... Malheureusement pour les Gardiens de la Révolution, le soir où ont été diffusées ces confessions, les allahu akbar aux fenêtres et sur les toits ont fait trembler les murs à Téhéran. Ils sont lancés régulièrement, mais redoublent avec une intensité particulière quand les gens sont en colère.

Peut-être pas très certains que ces aveux "spontanés" suffisent à convaincre que tout ceci n'est qu'un complot israélo-américain pour ruiner l'Iran, le lendemain, la télévision iranienne a aussi diffusé un entretien filmé entre Abtahi (toujours prisonnier) et sa fille, cette dernière lui demandant s'il était vrai qu'on lui avait administré des "pilules" qui l'avaient obligé à dire tout ce qu'il avait dit. "Mais non, mais non", a rétorqué mollement Abtahi, "on ne m'a pas donné de pilule." De fait, les méthodes d'interrogatoire et de pression des services iraniens se passe fort bien de pilules à aveux.


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