Mahmoud Othman : "L'administration Obama sera meilleure pour les Kurdes que l'administration Bush"
Au rebours de Massoud Barzani, Mahmoud Othman, député de l'Alliance kurde au Parlement irakien, et dont le franc-parler se fait souvent entendre dans la presse arabe et kurde, pointe, dans une interview, l'inefficacité des commissions sur lesquelles le président du GRK faisait reposer une possible conciliation irako-kurde :
Q: Quel est le coeur du conflit entre Bagdad and Hewlêr (Erbil)?
M. Othman : Les conflits sont : politique, juridique et administratif. (Les conflits) administratif et jurdiques viennent de ce que le systéme fédéral est nouveau en Irak. Ni le gouvernement irakien, ni nous-mêmes avons eu une expérience de ce système auparavant. Si bien que nous commettons des erreurs, des deux côtés. En ce qui concerne les aspects politiques, et aussi idéologiques, il y a deux autres problèmes qui viennent s'ajouter : le premier est que le gouvernement irakien ne croit pas au fédéralisme. Avez-vous jamais entendu Nouri Al-Maliki, le Premier Ministre, dire "Irak fédéral" ? Ce sont seulement les Kurdes qui utilisent ce terme. Maliki dit que la constitution doit être amendée, l'autorité du gouvernement central consolidée, l'autorité de la Région du Kurdistan réduite et que les forces des Peshmargas doivent se retirer de la ligne bleue (zones qui étaient sous le contrôle de la Région du Kurdistan avant le 19 mars 2003). Il dit que le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) n'est pas autorisé à signer des contrats pétroliers de son propre chef. Tous ces points indiquent un refus du fédéralisme : Cosntitutionnellement, le GRK a de telles prérogatives. Le second problème est qu'il y a une idéologie chauvine arabe qui pense que la constitution a été rédigée alors que le gouvernement irakien était faible et le pays instable, et que la Région du Kurdistan a obtenu de la sorte de tels acquis, mais que peu à peu, l'équilibre doit être rétabli en affaiblissant l'autorité de la Région et en consolidant le gouvernement central.
Q: Pensez-vous que Maliki a la même idéologie ?
M. Othman: Ce n'est pas l'un de (ses adeptes) mais c'est le chf de cette idéologie. Le parti Al-Dawa (le parti de Maliki) ne croit pas du tout au fédéralisme. Il existe une forme de chaivinisme dans ce parti. Je ne dirais pas qu'ils sont nombreux, mais à un certain degré, il y a des gens dans ce parti qui soutiennent l'arabisation. Maliki n'a pas soutenu la situation des Kurdes, mais l'a (seulement) acceptée parce qu'il avait d'autres problèmes, telles que le conflit entre chiites et sunnites et des questions sécuritaires. Maintenant que le gouvernement s'est débarrassé de ces problèmes, il rouvre le dossier kurde en disant que c'est une question politique et idéologique. Ce qui veut dire que notre différend avec le gouvernement de Bagdad est politique, juridique et administratif. Mais nous aussi, dans la Région du Kurdistan,a vons commis des fautes. Nous avons beaucoup de points faibles dans les domaines juridiques et de l'administration.
Q: Pouvez-vous donner des exemples ?
M. Othman : Par exemple, concernant la constitution, dont nous demandons l'application, les revenus des douanes doivent être sous le contrôle du gouvernement central. Aussi, pourquoi le GRK n'a rien envoyé à Bagdad depuis trois ou quatre ans… Si nous voulons que la constitution soit respectée, nous devons aussi la respecter. Il y a eu beaucoup de discussions au sujet des contrats pétroliers et au regard de la constitution, cela pose problème. Si bien que ce n'est pas seulement le gouvernement irakien, mais aussi les Kurdes qui ont commis des fautes. Les manquements des Kurdes sont liés à leur administration. Ceux de Bagdad sont idéologiques et politiques.
Q: Si Bagdad ne croit pas au fédéralisme, pourquoi continuer le dialogue avec le gouvernement central ?
M. Othman : Parce qu'ils ne reconnaissent pas ne pas croire au fédéralisme. Il voient cela comme une forme de décentralisation. De sorte que certains problèmes pourraient être résolus, d'autres restés en suspens, tandis que nous pourrions avoir besoin de faire des compromis pour le reste. Mais le problème est qu'il n'y a pas de négociations. Cela fait trois mois qu'il n'y a aucun pourparlers (entre Bagdad et Hewlêr). Il faudrait se parler constamment, mais ce n'est aps le cas. Le président du Kurdistan va à Bagdad, y reste une semaine, et rien n'est résolu. Il n'a pas besoin d'y être tout le temps, mais une commission devrait être là-bas et négocier durant cinq ou six mois.
Q: Est-il possible que les Kurdes essaient un vote de défiance (au Parlement) contre Maliki, ou bien est-ce que Maliki en est venu à conclure que les Kurdes n'ont pas de pouvoir?
M.Othman : Les Kurdes ont des alliés : le Conseil suprême islamique irakien est encore plus mécontent de Maliki que nous, et le Parti islamique irakien est en désaccord avec lui. Si ces factions se rassemblent pour débattre de certains sujets, elles pourraient aboutir à quelque chose.
Q: Pourraient-elles s'entendre pour un vote de défiance envers Maliki ?
M. Othman : Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas atteint un tel point, mais cela dépend du comportement du gouvernement. Si les conflits sont résolus, le mécontentement n'atteindra pas un tel degré ; dans le cas contraire, cela serait possible.
Q: Maliki a prévu une visite à Hewlêr. Selon vous, cette visite a-t-elle pour but de rechercher le soutien des Kurdes ou bien veut-il résoudre réellement les problèmes ?
M. Othman : Pour moi, cette visite a ce double but. Il cherche à maintenir des relations avec les Kurdes, de sorte qu'ils ne tentent pas de le renverser. Dans le même temps, il veut résoudre les problèmes, dans la mesure où ils seront résolus comme il le souhaite. Cependant, il y a deux éléments majeurs : la première est la constitution et la seconde le consensus. L'Irak a été rebâti sur le principe du consensus. Sans consensus, le président irakien n'aurait pas été un Kurde. Les décisions doivent être prises à l'unanimité et en accord avec la constitution. Mais dans la constitution elle-même, des paragraphes sont interprétés différemment, ce qui provoque des désaccords. Mais il y a la haute Cour, on peut s'y rendre et demander un éclaircissement de ces paragraphes. Tous les problèmes ont leurs solutions. Mais il semble que le gouvernement ne soit pas pressé de les résoudre car il pense qu'avec le temps l'équilibre des forces se fera en sa faveur. Le gouvernement irakien pense que le pacte de sécurité avec les USA rnforcera son pouvoir, que l'Iran et la Turkey aideront l'Irak et que peu à peu les Kurdes seront affaiblis. Nous devons hâter le processus car le temps ne joue pas en notre faveur. J'ai le sentiment que l'Irak traîne pour résoudre les problèmes, et que les Kurdes n'y prêtent pas attention, ou l'ignorent. J'ai rencontré le président du Kurdistan, il est impatient, mais rien ne semble se faire. Il st nécessaire d'entamer un dialogue, mais il n'est pas nécessaire que Maliki vienne ici ou que le président du Kurdistan aille à Bagdad. Une délégation peut se rendre à Bagdad, rencontrer Maliki et négocier avec lui cinq mois durant pour enfin trouver une solution.
Q: Certains pensent que les Premiers Ministres de l'Irak de l'Après-Saddam ne sont aps différents dans leur gestion des requêtes du peuple kurde. Comment évaluez-vous ces Premiers Ministres ?
M. Othman : Le Dr. Ayad Allawi a été le meilleur de tous car il connaissait les Kurdes , il avait été avec eux dans l'opposition, et était proches d'eux. C'est un homme à l'esprit ouvert, qui croit au fédéralisme, mais cette idéologie n'est pas dominante dans son groupe. Je ne sais ce qui résultera avec Maliki, mais il est mieux que Jafari (l'ancien Premier Minsitre Ibrahim Jafari). Jafari était très religieux et n'avait pas de bonnes relations avec les Kurdes.
Q : Le Dr. Ibrahim Jafari dit que Talabani, le président irakien, a pris sa revanche sur lui en proposant que la présidence revienne aux sunnites. Pensez-vous que les Kurdes peuvent gagner les futures élections ?
M. Othman : Cela dépend des accords. Les Arabes sunnites sont prêts à prendre ce poste, mais ils ne sont pas unanimes entre eux. Même maintenant, ils sont confrontés à plusieurs problèmes pour désigner un président du Parlement, afin de remplacer Mashhadni (f'ancien président du Parlement qui vient de démissionner). Mais pour les Kurdes la quesiton est simple puisque le président est Talabani et que nous sommes d'accord avec sa présidence qu'il reste à son poste.
Lecond point est que si nous savons ce qu'est ce consensus, nous nous en remettrons à lui. En vertu de ce consensus, le Premier Ministre doit venir du bloc de la majorité qui est celui de la
Coalition et qui a donc un de ces membres à ce poste. Si, aux futures élections, nous devenons le bloc majoritaire, nous serons habilités à prendre ce poste. Nous avons 58 sièges au Parlement. La Coalition en avait d'abord 138 mais est tombée par la suite à 82 sièges ; elle pourrait même tomber à 50 sièges, qui peut savoir ? Alors nous deviendrons le bloc majoritaire. Les pays arabes et islamiques souhaitent qu'un Arabe sunnite soit le président de l'Irak, mais ils sont satisfaits avec Talabani, car Talabani n'a jamais fait de discrimination entre Kurdes et Arabes et dans une certaine mesure, il a mieux réussi que les sunnites et les chiites.
Q: Robert Olson, un professeur américain, dit qu'après le retrait des forces américaines d'Irak, il existe une forte probabilité que le gouvernement irakien attaque la Région du Kurdistan. Envisagez-vous une telle possibilité ?
M. Othman : Vous ne voyez pas que c'est ce qui se passe en vérité ? Le gouvernement vient de déployer ses tanks à Khanaqin. Cette ville est peuplées à 100% de Kurdes... J'ai fait plusieurs commentaires sur le Pacte de sécurité (U.S. - Irak). Je suis inquiet car cela renforce le gouvernement central et ce n'est pas dans l'intérêt de nos autorités (de la Région), et il ne contient rien à notre égard. Après beaucoup d'efforts les rédacteurs ont été obligés d'inserrer le mot fédéralisme dans le pacte : "Le gouvernement irakien protège le pluralisme, le fédéralisme, la démocratie et la constitution”.
La Turquie et l'Iran traitent avec le gouvernement central et non le Kurdistan. Ils ne veulent pas que les Kurdes soient forts, car ils voient cela comme une menace. Si un problème survient, sans garantie, tout est possible. Il est manifeste, et cela a été approuvé par le Parlement, que l'armée irakienne ne doit pas être utilisée pour résoudre une crise intérieure, mais beaucoup de points de la constitution ne sont pas appliqués. De sorte que nous avons besoin de garanties Therefore. On m'a rapporté que Crocker (Ryan Crocker, l'ambassadeur des USA en Irak) Crocker a dit que les chiites craignent le passé, les sunnites l'avenir, et que les Kurdes craignent le passé et le futur. Eh bien, s'ils sont conscients de cela, pourquoi ne nous protègent-ils pasde ces peurs ?
M. Othman : Les conflits sont : politique, juridique et administratif. (Les conflits) administratif et jurdiques viennent de ce que le systéme fédéral est nouveau en Irak. Ni le gouvernement irakien, ni nous-mêmes avons eu une expérience de ce système auparavant. Si bien que nous commettons des erreurs, des deux côtés. En ce qui concerne les aspects politiques, et aussi idéologiques, il y a deux autres problèmes qui viennent s'ajouter : le premier est que le gouvernement irakien ne croit pas au fédéralisme. Avez-vous jamais entendu Nouri Al-Maliki, le Premier Ministre, dire "Irak fédéral" ? Ce sont seulement les Kurdes qui utilisent ce terme. Maliki dit que la constitution doit être amendée, l'autorité du gouvernement central consolidée, l'autorité de la Région du Kurdistan réduite et que les forces des Peshmargas doivent se retirer de la ligne bleue (zones qui étaient sous le contrôle de la Région du Kurdistan avant le 19 mars 2003). Il dit que le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) n'est pas autorisé à signer des contrats pétroliers de son propre chef. Tous ces points indiquent un refus du fédéralisme : Cosntitutionnellement, le GRK a de telles prérogatives. Le second problème est qu'il y a une idéologie chauvine arabe qui pense que la constitution a été rédigée alors que le gouvernement irakien était faible et le pays instable, et que la Région du Kurdistan a obtenu de la sorte de tels acquis, mais que peu à peu, l'équilibre doit être rétabli en affaiblissant l'autorité de la Région et en consolidant le gouvernement central.
Q: Pensez-vous que Maliki a la même idéologie ?
M. Othman: Ce n'est pas l'un de (ses adeptes) mais c'est le chf de cette idéologie. Le parti Al-Dawa (le parti de Maliki) ne croit pas du tout au fédéralisme. Il existe une forme de chaivinisme dans ce parti. Je ne dirais pas qu'ils sont nombreux, mais à un certain degré, il y a des gens dans ce parti qui soutiennent l'arabisation. Maliki n'a pas soutenu la situation des Kurdes, mais l'a (seulement) acceptée parce qu'il avait d'autres problèmes, telles que le conflit entre chiites et sunnites et des questions sécuritaires. Maintenant que le gouvernement s'est débarrassé de ces problèmes, il rouvre le dossier kurde en disant que c'est une question politique et idéologique. Ce qui veut dire que notre différend avec le gouvernement de Bagdad est politique, juridique et administratif. Mais nous aussi, dans la Région du Kurdistan,a vons commis des fautes. Nous avons beaucoup de points faibles dans les domaines juridiques et de l'administration.
Q: Pouvez-vous donner des exemples ?
M. Othman : Par exemple, concernant la constitution, dont nous demandons l'application, les revenus des douanes doivent être sous le contrôle du gouvernement central. Aussi, pourquoi le GRK n'a rien envoyé à Bagdad depuis trois ou quatre ans… Si nous voulons que la constitution soit respectée, nous devons aussi la respecter. Il y a eu beaucoup de discussions au sujet des contrats pétroliers et au regard de la constitution, cela pose problème. Si bien que ce n'est pas seulement le gouvernement irakien, mais aussi les Kurdes qui ont commis des fautes. Les manquements des Kurdes sont liés à leur administration. Ceux de Bagdad sont idéologiques et politiques.
Q: Si Bagdad ne croit pas au fédéralisme, pourquoi continuer le dialogue avec le gouvernement central ?
M. Othman : Parce qu'ils ne reconnaissent pas ne pas croire au fédéralisme. Il voient cela comme une forme de décentralisation. De sorte que certains problèmes pourraient être résolus, d'autres restés en suspens, tandis que nous pourrions avoir besoin de faire des compromis pour le reste. Mais le problème est qu'il n'y a pas de négociations. Cela fait trois mois qu'il n'y a aucun pourparlers (entre Bagdad et Hewlêr). Il faudrait se parler constamment, mais ce n'est aps le cas. Le président du Kurdistan va à Bagdad, y reste une semaine, et rien n'est résolu. Il n'a pas besoin d'y être tout le temps, mais une commission devrait être là-bas et négocier durant cinq ou six mois.
Q: Est-il possible que les Kurdes essaient un vote de défiance (au Parlement) contre Maliki, ou bien est-ce que Maliki en est venu à conclure que les Kurdes n'ont pas de pouvoir?
M.Othman : Les Kurdes ont des alliés : le Conseil suprême islamique irakien est encore plus mécontent de Maliki que nous, et le Parti islamique irakien est en désaccord avec lui. Si ces factions se rassemblent pour débattre de certains sujets, elles pourraient aboutir à quelque chose.
Q: Pourraient-elles s'entendre pour un vote de défiance envers Maliki ?
M. Othman : Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas atteint un tel point, mais cela dépend du comportement du gouvernement. Si les conflits sont résolus, le mécontentement n'atteindra pas un tel degré ; dans le cas contraire, cela serait possible.
Q: Maliki a prévu une visite à Hewlêr. Selon vous, cette visite a-t-elle pour but de rechercher le soutien des Kurdes ou bien veut-il résoudre réellement les problèmes ?
M. Othman : Pour moi, cette visite a ce double but. Il cherche à maintenir des relations avec les Kurdes, de sorte qu'ils ne tentent pas de le renverser. Dans le même temps, il veut résoudre les problèmes, dans la mesure où ils seront résolus comme il le souhaite. Cependant, il y a deux éléments majeurs : la première est la constitution et la seconde le consensus. L'Irak a été rebâti sur le principe du consensus. Sans consensus, le président irakien n'aurait pas été un Kurde. Les décisions doivent être prises à l'unanimité et en accord avec la constitution. Mais dans la constitution elle-même, des paragraphes sont interprétés différemment, ce qui provoque des désaccords. Mais il y a la haute Cour, on peut s'y rendre et demander un éclaircissement de ces paragraphes. Tous les problèmes ont leurs solutions. Mais il semble que le gouvernement ne soit pas pressé de les résoudre car il pense qu'avec le temps l'équilibre des forces se fera en sa faveur. Le gouvernement irakien pense que le pacte de sécurité avec les USA rnforcera son pouvoir, que l'Iran et la Turkey aideront l'Irak et que peu à peu les Kurdes seront affaiblis. Nous devons hâter le processus car le temps ne joue pas en notre faveur. J'ai le sentiment que l'Irak traîne pour résoudre les problèmes, et que les Kurdes n'y prêtent pas attention, ou l'ignorent. J'ai rencontré le président du Kurdistan, il est impatient, mais rien ne semble se faire. Il st nécessaire d'entamer un dialogue, mais il n'est pas nécessaire que Maliki vienne ici ou que le président du Kurdistan aille à Bagdad. Une délégation peut se rendre à Bagdad, rencontrer Maliki et négocier avec lui cinq mois durant pour enfin trouver une solution.
Q: Certains pensent que les Premiers Ministres de l'Irak de l'Après-Saddam ne sont aps différents dans leur gestion des requêtes du peuple kurde. Comment évaluez-vous ces Premiers Ministres ?
M. Othman : Le Dr. Ayad Allawi a été le meilleur de tous car il connaissait les Kurdes , il avait été avec eux dans l'opposition, et était proches d'eux. C'est un homme à l'esprit ouvert, qui croit au fédéralisme, mais cette idéologie n'est pas dominante dans son groupe. Je ne sais ce qui résultera avec Maliki, mais il est mieux que Jafari (l'ancien Premier Minsitre Ibrahim Jafari). Jafari était très religieux et n'avait pas de bonnes relations avec les Kurdes.
Q : Le Dr. Ibrahim Jafari dit que Talabani, le président irakien, a pris sa revanche sur lui en proposant que la présidence revienne aux sunnites. Pensez-vous que les Kurdes peuvent gagner les futures élections ?
M. Othman : Cela dépend des accords. Les Arabes sunnites sont prêts à prendre ce poste, mais ils ne sont pas unanimes entre eux. Même maintenant, ils sont confrontés à plusieurs problèmes pour désigner un président du Parlement, afin de remplacer Mashhadni (f'ancien président du Parlement qui vient de démissionner). Mais pour les Kurdes la quesiton est simple puisque le président est Talabani et que nous sommes d'accord avec sa présidence qu'il reste à son poste.
Lecond point est que si nous savons ce qu'est ce consensus, nous nous en remettrons à lui. En vertu de ce consensus, le Premier Ministre doit venir du bloc de la majorité qui est celui de la
Coalition et qui a donc un de ces membres à ce poste. Si, aux futures élections, nous devenons le bloc majoritaire, nous serons habilités à prendre ce poste. Nous avons 58 sièges au Parlement. La Coalition en avait d'abord 138 mais est tombée par la suite à 82 sièges ; elle pourrait même tomber à 50 sièges, qui peut savoir ? Alors nous deviendrons le bloc majoritaire. Les pays arabes et islamiques souhaitent qu'un Arabe sunnite soit le président de l'Irak, mais ils sont satisfaits avec Talabani, car Talabani n'a jamais fait de discrimination entre Kurdes et Arabes et dans une certaine mesure, il a mieux réussi que les sunnites et les chiites.
Q: Robert Olson, un professeur américain, dit qu'après le retrait des forces américaines d'Irak, il existe une forte probabilité que le gouvernement irakien attaque la Région du Kurdistan. Envisagez-vous une telle possibilité ?
M. Othman : Vous ne voyez pas que c'est ce qui se passe en vérité ? Le gouvernement vient de déployer ses tanks à Khanaqin. Cette ville est peuplées à 100% de Kurdes... J'ai fait plusieurs commentaires sur le Pacte de sécurité (U.S. - Irak). Je suis inquiet car cela renforce le gouvernement central et ce n'est pas dans l'intérêt de nos autorités (de la Région), et il ne contient rien à notre égard. Après beaucoup d'efforts les rédacteurs ont été obligés d'inserrer le mot fédéralisme dans le pacte : "Le gouvernement irakien protège le pluralisme, le fédéralisme, la démocratie et la constitution”.
La Turquie et l'Iran traitent avec le gouvernement central et non le Kurdistan. Ils ne veulent pas que les Kurdes soient forts, car ils voient cela comme une menace. Si un problème survient, sans garantie, tout est possible. Il est manifeste, et cela a été approuvé par le Parlement, que l'armée irakienne ne doit pas être utilisée pour résoudre une crise intérieure, mais beaucoup de points de la constitution ne sont pas appliqués. De sorte que nous avons besoin de garanties Therefore. On m'a rapporté que Crocker (Ryan Crocker, l'ambassadeur des USA en Irak) Crocker a dit que les chiites craignent le passé, les sunnites l'avenir, et que les Kurdes craignent le passé et le futur. Eh bien, s'ils sont conscients de cela, pourquoi ne nous protègent-ils pasde ces peurs ?
Q: Quels sont vos commentaires sur le pacte de sécurité entre Irak et USA ?
M. Othman: Il y a deux points en lui que je considère comme mauvais. L'un est que le gouvernement irakien a le droit de signer des accords de sécurité, économiques, et politiques avec les voisins (pays). Des accords semblables ont été signés dans le passé, et tous étaient dirigés contre nous. Même à présent, quand Maliki visite l'Iran et la Turquie, il ne prend pas de Kurdes dans la délégation.
Ma seconde crainte concernant le pacte de sécurité, est que le gouvernement irakien peut faire usage de la force pour réprimer Al-Qaïda et les partisans du Baath, les hors la loi, les rebelles. Le terme “hors la loi” se réfère à nous et nous a déjà désignés. Le gouvernement se confond avec la loi et cela signifie que "hors la loi" désigne tous ceux qui ne lui obéissent pas ! Ce point peut être utilisé contre les Kurdes à tout moment, en proclamant les Kurdes "hors la loi".
Q: Mais les représentants des Kurdes ont signé le pacte, et parmi eux Hoshyar Zebari.
M. Othman: Mais Zebari a-t-il jamais tenu compte des Kurdes? Il es toujours occupé avec l'Irak et est ministre du gouvernement irakien, traitant avec la Ligue arabe.
Q: Pourquoi les Kurdes ne se plaignent-ils pas de n'avoir aucun représentant dans les délégation de Maliki en pays étrnagers ?
M. Othman: Nous sommes fatigués de nous plaindre constamment à ce sujet.
Q: Pensez-vous que la présidence de la Région du Kurdistan accepterait que Kirkouk devienne une région indépendante ?
M. Othman : Jusqu'à maintenant le but de la présidence de la Région du Kurdistan est d'appliquer l'article 140 de la constitution. Mais il y a beaucoup d'obstacles à cette aplication. Cet article fournit une solution moderne et civile. Nousa vons eu des négociations dans le passé et n'avons pu parvenir à un compromis, aussi l'article 58 a été introduit (dans la Loi sur l'administration transitoire). Nous avons beaucoup lutté pour tenter d'introduire les frontières du Kurdistan dans la constitution irakienne. Nous leur avons dit d'indiquer les frontières par écrit, mais les autres factions ont refusé. Les Américains et les Britanniques étaient de leur côté. Nous avons suggéré de séparer les zones et de laisser les zones totalement habitées par les Kurdes en dehors du débat. Nous avons proposé que l'article 140 concerne les régions disputées, mais que Makhmur, Khanaqin et Shekhan ne soient pas compris dans ces régions disputées. Les Americains étaient contre cette idée, encore plus que les autres. Ils ont dit qu'"aucun centimère de l'Irak ne devait être rattaché au Kurdistan en raison de notre guerre en Irak car ainsi personne ne pourrait dire que l'Amérique en est la cause. L'Article 58 a été ratifié et puis changé en article 140. L'acceptation de cet article est fondée sur un compromis. Je pense personnellement que l'article 140 est bon si nous l'appliquins et nous ne pouvons pas faire un pas en arrière de plus.
Q: Pensez-vous que cet article sera appliqué ?
M. Othman: Je ne sais pas. Son application n'est pas facile. La présidence du Kurdistan devrait avoir un plan pour indiquer ce qui devra être fait en cas où l'application de l'article ne pourrait avoir lieu. Il doit y avoir un second plan, un plan B.
Q: Le conseil provincial de Kirkouk purrait décider unilatéralement de rattacher la province à la Région du Kurdistan. Est-ce que cela pourrait être un des plans ?
M. Othman : Cela entrainerait la guerre. Le problème vient de Bagdad et d'autres Etats, si jusqu'à présent il n'y a pas eu de référendum ; Beaucoup de Turkmènes et d'Arabes nous soutiendraient. Mais ce n'est pas notre seul problème. Si nous le réclamons à Maliki, il répondra que l'article 140 doit être appliqué, mais si nous demandons le budget de son application, il ne le fournira pas. Si nous demandons quelque chose, il nous faut attendre trois mois pour avoir une réponse.
Q: Certains suggèrent que Kirkouk soit une région indépendante pendant dix ans .
M. Othman: Si Kirkouk devient indépendant pour 10 ans, comment pourra-t-elle être rattachée au Kurdistan?
Q: Beaucoup voient les USA comme le principal obstacle au retour de Kirkouk au Kurdistan. Avez-vous pu observer cette position chez les Américains ?
M. Othman: Quand nous l'avons demandé aux Américains, ils sont dit que l'article devait être appliqué puisqu'il est dans la constitution. Cependant, les USA sont du côté de la Turquie. En Turquie, quicinque lance une pierre est un terroriste. Bush dit que le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est un ennemi des Américains. Mais le PKK n'a pas tué un seul (Americain), pourquoi doit-il être compté comme un ennemi de l'Amérique ? Le soutien que les USA apporte à la Turquie est unique. Ainsi, les USA ne répondront pas à notre demande concernant Kirkouk. Notre problème avec l'Amérique est que, à tort ou à raison, les USA sont avec la Turquie.
Q: Des gens pensent que l'administration Obama ne sera pas aussi bonne pour les Kurdes que l'administration Bush l'a été. Quelle est votre opinion ?
M. Othman: Au contraire, je pense que l'administration Obama sera meilleure. La nouvelle administration sera meilleure pour les Kurdes et pas seulement pour les Kurdes irakiens mais pour tous les Kurdes. Joe Biden (le Vice-Président) connaît bien les Kurdes et a débattu autour du projet de fédéralisme. Hillary Clinton est de même familière des Kurdes et l'administration Clinton a été meilleure que l'actuelle administration pour les Kurdes. En général, Clinton would n'accuse pas les autres de terrorisme… Dans le passé quand de l'armement était vendu à la Turquie, Biden et Obama ont été les deux membres du Congrès a protesté et dire que la Turquie doit respecter les droits de l'homme. Je ne sais pas s'ils resteront les mêmes quand ils prendront en main l'administration. Mais je ne pense pas que la situation va empirer pour les Kurdes. La nouvelle administration américaine comprend des gens qui connaissent les Kurdes et sont en relation avec eux. Mais les Kurdes doivent agir en lobby auprès de cette administration pour leurs problèmes. Il faut savoir qu'on n'obtient jamais rien des autres si l'on reste assis à ne rien faire. Quand Obama prendra le pouvoir, il aura à s'occuper d'économie, avec l'Iran, la Russie, la Chine et l'Europe. Comment pourra-t-il se souvenir de nous si nous ne nous montrons pas et n'exerçons pas de lobby. Pour les Kurdes, je ne pense pas que la situation empirera par rapport à ce que nous avons connu sous l' administration Bush. Bush a eu l'avantage pour nous de détruire le régime de Saddam Hussein, un régime très dangereux pour nous .
Q: Vous être réputé pour avoir des prises de positions rudes envers les USA. Quelle en est la raison ?
M. Othman: Je ne suis pas rude mais réaliste et je souhaite que les Kurdes aient des liens puissants avec les USA. Nous nous considérons comme les amis des Americains, mais pas eux.
Q: Mais ce n'est pas ce que disent les dirigeants kurdes.
M. Othman: Mon opinion diffère. En 1966, pour la première fois, j'ai voyagé aux Etats-Unis en tant que représentant du Parti démocratique (PDK) et de Barzani. Cela fait 42 ans que je voyage entre les deux pays, aussi ce que je dis provient de ma propre expérience. La république de Mahabad a été réprimée par les USA, conjointement avec la Russie. La Coalition de Baghdad est l'oeuvre des USA. Les mêmes ont soutenu les Accords d'Alger. Toutes l'opression qu'ont subi les Kurdes de 1980 à 1988 ont été soutenues par les USA. Les USA ont été impliqués dans les opérations Anfal et les attaques chimiques. C'est vrai que depuis 1991 les Etats-Unis nous reconnaissent et nous ont permis d'accomplir certaines réussites, mais ils ont toujours donné la priorité aux Turcs, aux Arabes, et au pétrole ; pas à nous. Je ne suis pas contre les USA mais je crois que nous ne devons pas tromper notre nation en lui disant que les Etats-Unis vont résoudre tous nos problèmes, parce que ce n'est pas vrai. Dans le pacte de sécurité avec l'Irak, les USA npouvaient dire un mot pour garantir la Région du Kurdistan mais ils ne l'ont pas fait. Ils laissent l'Iran et la Turquie nous attaquer dans le dos et Maliki de front. Je ne suis pas contre les Americains mais je ne veux pas les suivre inconditionnellement.
Source Rudaw.Net.
Pourquoi avons nous comme président un incompétent et comme 1er ministre un homme d'affaire avant tout?
RépondreSupprimerSi seulement le Kurdistan était dirigé par des hommes comme Mahmoud Othman.