Massoud Barzani : "Le nouvel Iraq se fonde sur le principe du consensus"
Photo Usama Redha, LA Times
"Barzani est questionné sur ses attentes concernant la prochaine visite du Premier Ministre Nouri al-Maliki au Kurdistan.
Barzani: "Je crois que cela fera sa quatrième visite dans la Région en tant que Premier Ministre. La date n'a pas été encore fixée pour cette visite, cependant, mais bien sûr s'il vient, il y a cinq problèmes spécifiques qui ont déjà été retenus pour être discutés, et qui seront les points clefs des débats que nous aurons avec lui.
"Le premier sera le dossier de la sécurité et de l'armée ; Le deuxième, celui du partenariat dans le gouvernement –- en d'autres termes, notre partenariat avec le gouvernement ; le troisième sera le dossier économique, qui comprend le pétrole et le gaz ; un autre point est celui des régions disputées ; et pour finir, la politique étrangère."
Barzani est interrogé sur les désaccords entre Maliki et ses partenaires -dont les Kurdes - au sein du gouvernement. Est-ce que ces conflits ont pour source la crainte que le Premier Ministre tente de gouverner seul et y a -t-il un quelconque progrès dans la résolutions de ces problèmes ?
Barzani:"C'est ce que je disais : l'un des problèmes qui sera débattu et l'un des points clef est le partenariat dans l'administration, lequel est fondé sur la règle du consensus entre les groupes principaux tout comme le respect des principes constitutionnels et ce qui a été instauré par la constitution. En fait, c'est un très gros problème en Irak."
On demande à Barzani de décrire la politique du Premier Ministre.
Barzani:"Nous avons, indubitablement, exprimé notre point de vue très franchement et très clairement et nous l'avons aussi fait dans notre correpsondance officielle avec le Premier Ministre. Nous avons exprimé nos réserves sur certaines questions et elles ont été rendues publiques. Ce sur quoi nous avons embrayé, ce que nous visons, est résoudre ces questions par un contact direct, évidemment en accord avec la constitution qui a posé les bases pour de telles questions."
On interroge Barzani sur les commentaires qu'il a faits en novembre sur la chaîne satellite Al Hurra, en disant que le gouvernement irakien ignore le rôle des Kurdes autant que possible dans toutes les régions et qu'il veut retourner à un système de parti unique et à une autorité totalitaire. On lui demande de développer ces propos.
Barzani:"J'ai été interviewé en novembre par al Hurra et ensuite j'ai effectué une visite à Bagdad ... J'y suis resté deux semaines. Nous avons eu des rencontres où nous avons exposé notre point de vue et certaines réflexions dont j'avais déjà fait part auparavant - et les commissions qui ont été formées sont un résultat de ces réflexions, tout comme elles résultent aussi des craintes que nous avons exprimées ouvertement et aussi parfois en privé, ainsi la mise en place de ces commissions a été convenue. Nous avons donc eu une série de rencontres – avec des groupes clef, comme al-Dawa, le Conseil suprême islamique irakien, le PDK [Parti démocratique du Kurdistan], l'UPK [l'Union patriotique du Kurdistan] et le Parti islamique d'Irak, rencontre avec des composantes majeures ou des groupes politiques, ou de gouvernement à gouvernement, ou le GRK avec le gouvernement fédéral.
"Ainsi ces commissions ont été formées en vue de traiter ces questions, en vue de résoudre les problèmes en suspens qui sont une source de nuisance. C'est ce que nous tentons de faire maintenant… La formation du nouvel Irak a été fondée sur le principe du consensus. Les groupes clef doivent adhérer à la constitution, à la feuille de route qu'elle a établie, tout comme au principe du consensus puisqu'aucun parti à lui seul n'a remporté les élections et est venu au pouvoir avec la majorité absolue. Tout est fait via un consensus et nous y avons tous adhéré. Si un groupe en particulier diverge ou s'acrte de cette ligne et du principe de consensus, cela crée évidemment des problèmes tels que nous avons pu en voir récemment. Nous approuvons pleinement que des solutions puissent être élaborées et trouvées au moyen de la constitution et du dialogue. C'est ainsi que nous avons procédé et c'est ce que nous continuons à faire."
On demande à Barzani si ces comissions ont pu faire avancer les choses en quoi que ce soit.
Barzani:"Il y a eu des avancées avc certaines commissions, mais peut-être pas assez significatives ni tangibles, et cela est dû au fait que tous les parties se sont surtout concentrés sur l'accord de sécurité ou SOFA. Chacun était concerné par cela. A présent, des commissions ont commencé de travailler très sérieusement."
On demande à Barzani s'il y a eu une quelconque avancée sur la loi pétrolière.
Barzani:"En ce qui nous concerne, nous voyons une solution prévisible sur la façon dont la loi pétrolière devra être rédigée, mais malheureusement il semble que Bagdad traîne les pieds et ne souhaite pas une solution à l'amiable. Le fond des choses est que l'on a balayé de sa porte tous les problèmes et les critiques jusque sur le pas de porte des Kurdes, en un moment où l'Etat n'a aucune politique pétrolière et où le ministre est un ministre qui a échoué, avec une politique qui a échoué. Et alors qu'ils ne veulent voir aucune avancée dans ce domaine au Kurdistan, ils blâment les Kurdes des échecs de Bagdad. Alors que, tout au contraire, le problème ne provient pas de la Région du Kurdistan.
"Ces trois dernières années, il y a eu un budget de huit milliards de dollars alloués à [la réhabilitation] du secteur de l'industrie pétrolière afin d'augmenter le niveau de production ; et quand vous regardez la production, elle a peut-être même baissé, plutôt que d'augmenter. C'est cela qui doit être dit à l'opinion publique irakienne. Quelles en sont les raisons et pourquoi ce budget alloué n'a pas été dépensé de façon appropriée, qu'est-ce que ce budget devient actuellement, et pourquoi la production pétrolière n'a pas atteint le niveau requis.
On demande alors à Barzani pourquoi l'argent n'a pas été dépensé de façon appropriée.
Barzani:"C'est ce que nous aimerions bien savoir, nous aussi, en connaître les raisons et c'est ce que l'opinion publique irakienne a besoin de savoir."
On demande à Barzani si la raison en est la corruption au sein du ministère du Pétrole.
Barzani:"Je ne peux en préjuger. Je ne peux rien dire. C'est un problème très important, dont l'opinion publique irakienne doit être avertie, et sur lequel ils ont besoin d'être informés."
On demande à Barzani s'il pense que des éléments au sein du gouvernement ou de partis tentent de reporter le blâme sur les Kurdes, au sujet de la loi pétrolière afin de détourner l'attention du public irakien de problèmes politiques plus larges.
Barzani:"Jusqu'à très récemment, oui, sans aucun doute, on blâmait effectivement les Kurdes de tous les makheurs ou absences d'avancée, que ce soit de la part du Premier Ministre ou de n'importe quel ministre qui faisaient face à des obstacles ou des problèmes. Ils tentaient de reporter le blâme sur les Kurdes au sujet de tout blocage, alors que ce n'était pas le cas, mais maintenant les choses vont un peu mieux. Il y a une amélioration, mais jusqu'à une période très récente, les Kurdes servaient de bouc émissaire pour tout revers."
[Interrogé sur les négociations autour de la loi pétrolière, Barzani sparle d'un accord pour démarrer le transport du pétrole kurde au moyen d'un pipeline irakien jusqu'en Turquie, après une visite par le ministre du Pétrole irakien Hussein Shahristani au Kurdistan en novembre dernier.]
"Nous avons tous approuvé le principe de la constitution qui énonce que le pétrole et le gaz appartiennent à tout le peuple irakien et doivent être distribués équitablement , et que ces 100 000 barils peuvent être une partie de la production générale du pétrole irakien afin d'être distribué selon les modalités de l'accord auquel nous sommes parvenus."
On interroge Barzani sur ses déclarations ultérieures, faisant état d'une marginalisation des Kurdes dans l'armée irakienne.
Barzani:"Au plus tôt des développement qui ont suivi l'année 2003, quand des efforts étaient faits pour réformer et reformer l'armée irakiennea, il semble que les gens hésitaient à rejoindre l'armée – les Arabes, sunnites ou chiites n'ont pas rejoint l'armée irakienne. Les tout premiers pas ont été faits par les Kurdes. Les trois premières divisions ont été en fait formées d'unités et d'éléments kurdes. Puis d'autres personnes ont peu à peu rejoint l'armée de façon volontaire. Tout comme pour le pétrole et les autres ressources, l'armée apaprtient à tout le peuple irakien et il doit y avoir un équilibre de tous les éléments de la société irakienne, dans leur participation au sein de l'armée. Et bien sûr les militaires devraient et doivent avoir leur propre règlement sur la base de ce qui a été instauré.
"Dans des circonstances normales, il est tout naturel de muter et déplacer des officiers et des unités différentes dans les différentes parties du pays. Evidemment, si l'on considère la situation en Irak, on voit que ce n'est pas une situation normale,. Pour le moment, la situation est anormale. Et à des périodes plus récentes, nous avons pu constater une attitude délibérée pour marginaliser la participation kurde [dans l'armée]. Et il nous a semblé assister à une tentative unilatérale de vréer une armée qui ne dépendrait plus que d'un seul individu, ce qui est encore plus alarmant. Avant tout, et par-dessus tout, les militaires ne doivent aps être impliqués dans la politique. De plus, les militaires ne devraient pas être utilisés pour régler les conflits internes entre ce groupe-ci et ce groupe-là."
"Je crois qu'il y a actuellement 16 divisions dans l'armée irakienne. Normalement, les généraux de divisions doivent être nommés et agréés par le Parlement. Mais je mets au défi quiconque de trouver un seul général de division dont la nomination a été faite et agréée par le Parlement. Ils Elles ont été approuvées par des décisions personnelles [décrets], et bien sûr c'est quelque chose qui n'est pas tolérable. Ce n'est pas l'armée … que nous espériions créer.
"Nous avons été très souples et avons toléré cela ârce que nous sentions que nous deviosn débattre de ces questions et donner aux commissionsnouvellement formées une chance de revoir la situation et de faire en sorte que des solutions puissent être appliquées. C'est pourquoi nous n'avons pas voulu faire grand bruit autour de cela, jusqu'à ce qu'une solution finale soit mise en avant et approuvée. Nous espérons que cela amènera une participation équilibrée dans cette armée importante. Si rien n'était appliqué… ou de façon inacceptable, il nous sera extrêmement difficile de le tolérer. Ce n'est pas un problème pour nous seuls, les Kurdes, mais je crois que c'est le problème de tous les Irakiens."
Barzani est interrogé sur les cas où l'armée a été utilisée à des fins politiques ou pour résoudre des conflits internes entre les groupes irakiens.
Barzani:"Un exemple est le problème de Khanaqin. Et il était prévu de procéder de la même façon dans d'autres régions [d'envoyer des troupes irakiennes contre les forces des Peshmerga ]. Quand nous avons réalisé cela, bien sûr le processus a échoué.
"Très récemment il y a eu un conflit entre les gardes du corps du Premier Ministre et la sécurité du Parlement, quand le Premier Ministre a visité le Parlement. Immédiatement, l'armée a été appelée, les militaires ont cerné le Parlement et ont de fait occupé le Parlement. C'est un autre exemple. C'est tout de même un événement grave ? A quoi d'autre pouvons-nous nous attendre ?
On demande à Barzani dans quelles autres régions il était prévu d'envoyer des troupes irakiennes pour y évincer les forces kurdes.
Barzani:"Kirkouk, Mossoul [les provinces] ; pour autant que je sache les régions du Sud n'étaient pas concernées, je n'en suis pas certain."
On demande à Barzani comment les Kurdes dans l'armée ont été marginalisés.
Barzani:"Ils ont été transferrés dans d'autres unités, hors de la région ou ont été rappelés au ministère de la Défense".
On demande à Barzani si Maliki est celui auquel il faisait allusion en parlant d'une personne qui tentait de diriger seul l'armée.
Barzani:"Le Premier Ministre est le Commandant en chef des forces armées. Cela ne veut pas dire qu'il a autorité pour faire tout ce qu'il veut. Or le bureau du Commandant en chef des forces armées agit par lui-même sans coordination ni coopération avec le ministère de la défense ou le chef d'état-major, ni avec d'autres départements des forces armées.
"Et bien sûr, pourquoi blâmer une seule personne de cette situation, bien sûr que d'autres institutions sont à blâmer, comme le Conseil de Présidence, le Parlement lui-même et le Conseil des ministres. Comment peuvent-ils tolérer cela ? Je pense qu'ils ont aussi leur mot à dire."
Barzani est interrogé sur les allégations d'al-Maliki, lors de la conférence de presse du 20 novembre sur le fait que les forces kurdes seraient impliquées dans les arrestations illégales et des tortures ?
Barzani:"D'abord je pense que c'est une grande erreur de sa part de faire une telle déclaration et malheureusement, il est allé à l'encontre des relations solides que nous avions traditionnellement, avec lui et son groupe dans le passé. Il y a peut-être deux raisons à son attitude. D'abord il a pu être désinformé par des groupes ou des individus qui ont réellement essayé de créer une telle animosité. La seconder aison est peut-être qu'il voullait attirer et se gagner le soutien d'éléments et d'individus chauvins. Mais en adoptant une telle position il n'a pas calculé... qui il allait perdre exactement."
On demande à Barzani si ces deux points ont été abordés depuis la conférence de presse d'al Maliki.
Barzani:"Nous avons exprimé notre point de vue dans notre réponse - une lettre. Depuis que la lettre a été envoyée, je ne l'ai aps rencontré, ni ne lui ai parlé. J'ai été en visite à Bagdad pour deux heures quand le Président Bush y était, mais ce n'était pas pour rencontrer le Premier Ministre."
Barzani est intrrogé sur la période où il soutenait al Maliki, alors que d'autres voulaient lui faire quitter sa fonction de force.
Barzani:"Vous avez raison. C'était en avril 2007. Quand nous avons senti qu'il y avaient de sérieuses tentatives pour lui faire quitter sa place. Nous avons senti cela, et aussi que ce qui se cachait derrière tout cela n'était pas bien intentionné. Il y avait certaines personnes, malintentionnées, avec un ordre du jour malintentionné. Ce n'était pas pour le bien de l'Irak en général ni pour celui des Kurdes en particulier. Vers la fin d'avril 2007, le 26 ou le 27t, til y a eu réunion de plusieurs groupes irakiens, sous les auspices de plusieurs services secrets étrangers des pays de la région, Egypte, Jordanie, Arabie saoudite, Turquie et les Emirats. Ie crois qu'ils étaient six pays au total, à avoir organisé cette réunion de plusieurs groupes irakiens et l'idée principale en était de saper la situation, et nous nous sommes alarmés de cela. C'est pourquoi nous avons entièrement soutenu la position de Maliki parce que nous sentions que c''était d'abord et avant tout dirigé contre l'Irak. C'était une intervention très directe et très funeste dans les affaires irakiennes via les services secrets de ces pays. Nous nous sommes alarmés de cela et nous avons soutenu ouvertement le Premier Ministre. Nous sentions que tout était dirigé contre le peuple irakien, contre l'Irak et contre le peuple kurde. Cela a maené cette coalition de quatre partis, plus tard étendue à cinq [un corps consultatif regroupant Barzani, le Conseil de présidence de l'Irak et al-Maliki]."
Barzani est interrogé sur un complot visant à renverser al-Maliki au printemps dernier, lors de sa campagne militaire à Basra, face auquel il s'est également rangé de son côté.
Barzani:"Quand il s'est embarqué dans cette opération, je lui ai téléphoné … Je lui ai dit "Je vous entièrement, de toutes les façons, et si besoin est, je peux déployer des unités militaires pour vous assister dans cette opération. Vraiment, nous étions sérieux et sincères au sujet de cette intervention."
Une fois encore, Barzani est interrogé sur des tentatives visant à renverser al Maliki , de la part de certains groupes, lors de la campagne militaire de Basra.
Barzani:"C'est vrai, ce fut le cas. Il y a eu des intentions de le renverser, mais le moyen de le faire et les motifs derrière cela n'étaient pas bien intentionnés. Mais je ne suis toujours pas d'accord avec de telles mesures visant à le renverser, ni même de renverser aucun officiel du gouvernement ou de la police avec les moyens funestes offerts par les appareils des services secrets de la région. Je ne soutiens pas cela."
On demande à Barzani si al-Maliki a oublié ce que les Kurdesont fait pour lui et combien les Kurdes ont été de bons partenaires pour l'Irak.
Barzani:"Malheureusement, il semble l'avoir oublié. Pas seulement les événements récents mais aussi les relations que nous avions dans les années 1980 et ce que nous lui avons procuré alors. Nous étions en contact très étroit et avons soutenu son groupe, le parti Al-Dawa."
On demande à Barzani pourquoi al-Maliki a oublié le passé.
Barzani:"Nous aimerions le savoir. C'est aussi une surprise pour nous. En arabe il y a un proverbe qui dit que le pouvoir absolu peut mener un individu à perdre toute perspicacité ou bon sens. En d'autres termes, le pouvoir absolu lui aurait fait perdre sa personnalité."
On demande à Barzani s'il pense que c'est ce qui est arrivé à al-Maliki.
Barzani:"Malheureusement, nous sommes déçus. C'est la réalité. C'est une très triste réalité. Nous sommes déçus. J'espérais que même en mon absence quelqu'un comme al-Maliki défendrait les droits des Kurdes lors de toutes les réunions ou les plates-formes. IJe ne me serais jamais attendu à ce qu'il s'oppose aux droits des Kurdes ou à l'existence des unités de Peshmerga ou des Peshmergas ou des Kurdes au sein de l'armée irakienne, ni qu'il les marginaliseraient. Malheureusement c'est ce qui s'est passé et nous sommes déçus par cela. Pour revenir à ce que je disais auparavant, on se perd dans un pouvoir absolu. Si vous devenez trop autoritaire, vous vous perdez vous-même."
On demande à Barzani de relater son dernier entretien avec al-Maliki.
Barzani:"A un niveau personnel, c'est un ami proche. Et en fait, quand je le vois, je lui en dis plus en tête à tête que lorsque je parle en public. Je suis donc très ouverte t très franc avec lui. Dans les media, j'essaie de prendre en compte sa situation et je ne suis pas trop rigide."
On redemande à Barzani de dépeindre leurs dernières conversations.
Barzani:"Juste pour conclure là-dessus, nous étions en conflit. C'est très clair. We avons délimité les secteurs. Les commissions ont été formées avec l'agrément de toutes les parties concernées et nous attendons les fruits de ce travail. Nous ne voulons pas exacerber davanatage la situation. Nous voulons indubitablement nous concentrer sur les travaux des commissions. Nous espérons qu'ils parviendront à des accords amicaux, pragmatiques et applicables."
On demande à Barzani si un solution est envisageable via l'ONU au lieu du référendum prévu par l'article 140 de la constitution irakienne. L'ONU a préconisé des ialternatives, quiT amèneraient les factions politiques irakiennes à un consensus sur les régions qui seraient annexées au Kurdistan d'Irak.
Barzani:"Les raisons pour lesquelles nous avons accepté que la Région du Kurdistan reste dans l'Etat irakien demeureront valables aussi longtemps que l'Irak aura une telle constitution et qu'il adhérera à cette constitution. Les régions disputées sont bien plus importants que ce que l'on 'en a dit. C'est une question historique pour nous et si vous regardez les confrontations les plus récentes de l'histoire kurde ou les mouvements contre les régimes irakiens successifs et variés, ils concernaient tous les régions disputées. Il y a eu des agressions contre les Kurdes et malheureusement Les Kurdes ont été souvent durement maltraités dans l'histoire sur cette question. L'article 140 est un article constitutionnel et il fournit une feuille de route qui est une solution à ce problème.
"Nous ne pouvons nous permettre de perdre du temps et de revenir à de nouvelles propositions tous les jours. La constitution est très claire. La constitution a été votée par 80% ou plus de la population irakienne. La constitution est un tout. On ne peut être sélectif en n'en prenant qu'une partie … Par conséquent elle doit être complète. Il faut que des efforts soient faits pour appliquer entièrement la constitution. Ceux qui s'oppose à un article de la constitution auraient dû s'y opposer lors du référendum[sur la constitution en2005]. Maintenant qu'elle a été votée, elle doit être respectée. Vous ne pouvez être sélectif ni permettre à des individus ou à des groupes de n'en prendre qu'une partie et de se dresser contre une autre, ou à des groupes d'en retirer une partie, de s'opposer contre une partie et de soutenir les autres parties de la constitution… Aucune alternative à l'article 140 n'est acceptable."
On demande à Barzani s'il veut dire qu'il doit y avoir un référendum sur les territoires disputés.
Barzani:"Normalisation, recensement et référendum. Ce que le peuple a décidé doit être respecté."
On interroge Barzani sur une déclaration récente du vice-Premier Ministre Barham Salih sur des tentatives qui auraient eu lieu à Bagdad d'user de questions politiques et sociales pour provoquer un conflit arabo-kurde.
Barzani:"Un conlit arabo-kurde à grande échelle et général, c'est impossible parce que nous ne le tolérerons pas, nous n'accepterons pas un tel conflit entre les deux communautés, les deux peuples. Au cours de notre histoire, nousn'avons eu aucune animosité ni geste contre les Arabes en tant que peuple, et nous ne l'aurons jamais, et le peuple arabe dans son intégralité, la majorité d'entre eux ont de la sympathie pour nous et nous soutiennent, le conflit est entre les forces politiques.
"Mais si un individu ou un chef de tribu ou de clan essaie d'entrer en conflit et de tourner ce conflit en conflit arabo-kurde, alors il affrontera tout le monde et je pense qu'il sera perdant. S'il essaie d'amener toute la population arabe à cela, je pense qu'il échouera. Nous n'avons jamais songé à résoudre les problèmes par la violence. Nous cryons fortement en la constitution, nous croyons au dialogue, si quelqu'un ou un groupe songe à user de la force, alors, bien sûr nous avons la capacité de nous dressercontre lui…
"Les dernières années, près de 2000 Kurdes ont été tués à Mossoul … Nous n'avons pas répliqué de la même manière et nous n'avons pas répondu par des actes de vengeance, mais bien sûr, tout a une limite."
On demande à Barzani s'il pense que Maliki peut réellement changer d'attitude, avec les compromis instaurés par les commissions.
Barzani:"Je pense que nous avons beaucoup discuté avec le Premier Ministre aussi nous voulons conitnuer."
Barzani est questionné sur une rencontre en décembre des leaders politiques principaux au nord de l'Irak que des media ont décrite comme une rencontre ayant pour but l'éviction d'al Maliki. La rencontre réunissait Barzani, le président irakien Jalal Talabani et les vice-président Tariq Hashimi et Adel Abdul Mehdi.
Barzani:"En fait, la réunion était purement sociale, en raison de la fête [la fête musulmane al-Adha] qui avait lieu, et donc nous nous sommes réunis là. Des questions en tout genre, des questions générales ont été abordées. Sur la question que vous mentionnée, en aucun cas il n'a été question de le remplacer... Aucune discussion n'a porté sur son renseignement. Les discussions étaient seulement générales, sur la réconciliation et des réformes politiques qui doivent être mises en place et aussi l'activation des commissions instaurées."
On redemande à Barzani s'il n'y a eu aucune discussions parmi les grands leaders de l'Irak sur le remplacement d'al-Maliki.
Barzani:"Il n'y a eu aucune discussion sur son départ de toute la rencontre à Dukan [Sulaïmanieh]... C'était la dernière rencontre à Dukan."
On demande à Barzani si le Kurdistan d'Irak restera toujours une partie de l'Irak.
Barzani:"Aussi longtemps que l'Irak possédera une telle constitution et y adhérera, le Kurdistan restera une partie de l'Irak."
On demande à Barzani ce que feront les Kurdes si l'Irak ne reste pas fidèle à sa constitution.
Barzani:"Nous franchirons ce pont quand nous y serons. Même dans le préambule de la constitution, il est dit très clairement que l'adhésion à cette constitution est une condition préalable à l'unité de l'Irak. Il est certain que nous n'accepterons pas un Irak gouverné par une dictature."
On demande à Barzani s'il est optimiste sur l'avenir du pays et les défis auxquels ce pays doit faire face dans les années à venir.
Barzani:"Dansnotre position, l'on doit toujours se montrer optimiste. Face au terrorisme, les conflits actuels et les affrontements et bien sûr dans le gouvernement de l'Etat la culture de la démocratie doit être promue et profondément implantée."
Traduction maison d'un entretien d'une heure avec le président de la région du Kurdistan par le Los Angeles Times, fait à Salahaddin et dont la retranscription est parue hier dans le Sunday LA , (Ned Parker, Los Angeles Times Staff Writer).
L'entretien a porté principalement sur les difficiles relations des Kurdes avec le Premier Ministre chiite Nouri Al-Maliki, les non moins difficiles négociations sur le partage et l'exploitation des ressources en hydrocarbures, la question de Kirkouk, etc.
"Barzani est questionné sur ses attentes concernant la prochaine visite du Premier Ministre Nouri al-Maliki au Kurdistan.
Barzani: "Je crois que cela fera sa quatrième visite dans la Région en tant que Premier Ministre. La date n'a pas été encore fixée pour cette visite, cependant, mais bien sûr s'il vient, il y a cinq problèmes spécifiques qui ont déjà été retenus pour être discutés, et qui seront les points clefs des débats que nous aurons avec lui.
"Le premier sera le dossier de la sécurité et de l'armée ; Le deuxième, celui du partenariat dans le gouvernement –- en d'autres termes, notre partenariat avec le gouvernement ; le troisième sera le dossier économique, qui comprend le pétrole et le gaz ; un autre point est celui des régions disputées ; et pour finir, la politique étrangère."
Barzani est interrogé sur les désaccords entre Maliki et ses partenaires -dont les Kurdes - au sein du gouvernement. Est-ce que ces conflits ont pour source la crainte que le Premier Ministre tente de gouverner seul et y a -t-il un quelconque progrès dans la résolutions de ces problèmes ?
Barzani:"C'est ce que je disais : l'un des problèmes qui sera débattu et l'un des points clef est le partenariat dans l'administration, lequel est fondé sur la règle du consensus entre les groupes principaux tout comme le respect des principes constitutionnels et ce qui a été instauré par la constitution. En fait, c'est un très gros problème en Irak."
On demande à Barzani de décrire la politique du Premier Ministre.
Barzani:"Nous avons, indubitablement, exprimé notre point de vue très franchement et très clairement et nous l'avons aussi fait dans notre correpsondance officielle avec le Premier Ministre. Nous avons exprimé nos réserves sur certaines questions et elles ont été rendues publiques. Ce sur quoi nous avons embrayé, ce que nous visons, est résoudre ces questions par un contact direct, évidemment en accord avec la constitution qui a posé les bases pour de telles questions."
On interroge Barzani sur les commentaires qu'il a faits en novembre sur la chaîne satellite Al Hurra, en disant que le gouvernement irakien ignore le rôle des Kurdes autant que possible dans toutes les régions et qu'il veut retourner à un système de parti unique et à une autorité totalitaire. On lui demande de développer ces propos.
Barzani:"J'ai été interviewé en novembre par al Hurra et ensuite j'ai effectué une visite à Bagdad ... J'y suis resté deux semaines. Nous avons eu des rencontres où nous avons exposé notre point de vue et certaines réflexions dont j'avais déjà fait part auparavant - et les commissions qui ont été formées sont un résultat de ces réflexions, tout comme elles résultent aussi des craintes que nous avons exprimées ouvertement et aussi parfois en privé, ainsi la mise en place de ces commissions a été convenue. Nous avons donc eu une série de rencontres – avec des groupes clef, comme al-Dawa, le Conseil suprême islamique irakien, le PDK [Parti démocratique du Kurdistan], l'UPK [l'Union patriotique du Kurdistan] et le Parti islamique d'Irak, rencontre avec des composantes majeures ou des groupes politiques, ou de gouvernement à gouvernement, ou le GRK avec le gouvernement fédéral.
"Ainsi ces commissions ont été formées en vue de traiter ces questions, en vue de résoudre les problèmes en suspens qui sont une source de nuisance. C'est ce que nous tentons de faire maintenant… La formation du nouvel Irak a été fondée sur le principe du consensus. Les groupes clef doivent adhérer à la constitution, à la feuille de route qu'elle a établie, tout comme au principe du consensus puisqu'aucun parti à lui seul n'a remporté les élections et est venu au pouvoir avec la majorité absolue. Tout est fait via un consensus et nous y avons tous adhéré. Si un groupe en particulier diverge ou s'acrte de cette ligne et du principe de consensus, cela crée évidemment des problèmes tels que nous avons pu en voir récemment. Nous approuvons pleinement que des solutions puissent être élaborées et trouvées au moyen de la constitution et du dialogue. C'est ainsi que nous avons procédé et c'est ce que nous continuons à faire."
On demande à Barzani si ces comissions ont pu faire avancer les choses en quoi que ce soit.
Barzani:"Il y a eu des avancées avc certaines commissions, mais peut-être pas assez significatives ni tangibles, et cela est dû au fait que tous les parties se sont surtout concentrés sur l'accord de sécurité ou SOFA. Chacun était concerné par cela. A présent, des commissions ont commencé de travailler très sérieusement."
On demande à Barzani s'il y a eu une quelconque avancée sur la loi pétrolière.
Barzani:"En ce qui nous concerne, nous voyons une solution prévisible sur la façon dont la loi pétrolière devra être rédigée, mais malheureusement il semble que Bagdad traîne les pieds et ne souhaite pas une solution à l'amiable. Le fond des choses est que l'on a balayé de sa porte tous les problèmes et les critiques jusque sur le pas de porte des Kurdes, en un moment où l'Etat n'a aucune politique pétrolière et où le ministre est un ministre qui a échoué, avec une politique qui a échoué. Et alors qu'ils ne veulent voir aucune avancée dans ce domaine au Kurdistan, ils blâment les Kurdes des échecs de Bagdad. Alors que, tout au contraire, le problème ne provient pas de la Région du Kurdistan.
"Ces trois dernières années, il y a eu un budget de huit milliards de dollars alloués à [la réhabilitation] du secteur de l'industrie pétrolière afin d'augmenter le niveau de production ; et quand vous regardez la production, elle a peut-être même baissé, plutôt que d'augmenter. C'est cela qui doit être dit à l'opinion publique irakienne. Quelles en sont les raisons et pourquoi ce budget alloué n'a pas été dépensé de façon appropriée, qu'est-ce que ce budget devient actuellement, et pourquoi la production pétrolière n'a pas atteint le niveau requis.
On demande alors à Barzani pourquoi l'argent n'a pas été dépensé de façon appropriée.
Barzani:"C'est ce que nous aimerions bien savoir, nous aussi, en connaître les raisons et c'est ce que l'opinion publique irakienne a besoin de savoir."
On demande à Barzani si la raison en est la corruption au sein du ministère du Pétrole.
Barzani:"Je ne peux en préjuger. Je ne peux rien dire. C'est un problème très important, dont l'opinion publique irakienne doit être avertie, et sur lequel ils ont besoin d'être informés."
On demande à Barzani s'il pense que des éléments au sein du gouvernement ou de partis tentent de reporter le blâme sur les Kurdes, au sujet de la loi pétrolière afin de détourner l'attention du public irakien de problèmes politiques plus larges.
Barzani:"Jusqu'à très récemment, oui, sans aucun doute, on blâmait effectivement les Kurdes de tous les makheurs ou absences d'avancée, que ce soit de la part du Premier Ministre ou de n'importe quel ministre qui faisaient face à des obstacles ou des problèmes. Ils tentaient de reporter le blâme sur les Kurdes au sujet de tout blocage, alors que ce n'était pas le cas, mais maintenant les choses vont un peu mieux. Il y a une amélioration, mais jusqu'à une période très récente, les Kurdes servaient de bouc émissaire pour tout revers."
[Interrogé sur les négociations autour de la loi pétrolière, Barzani sparle d'un accord pour démarrer le transport du pétrole kurde au moyen d'un pipeline irakien jusqu'en Turquie, après une visite par le ministre du Pétrole irakien Hussein Shahristani au Kurdistan en novembre dernier.]
"Nous avons tous approuvé le principe de la constitution qui énonce que le pétrole et le gaz appartiennent à tout le peuple irakien et doivent être distribués équitablement , et que ces 100 000 barils peuvent être une partie de la production générale du pétrole irakien afin d'être distribué selon les modalités de l'accord auquel nous sommes parvenus."
On interroge Barzani sur ses déclarations ultérieures, faisant état d'une marginalisation des Kurdes dans l'armée irakienne.
Barzani:"Au plus tôt des développement qui ont suivi l'année 2003, quand des efforts étaient faits pour réformer et reformer l'armée irakiennea, il semble que les gens hésitaient à rejoindre l'armée – les Arabes, sunnites ou chiites n'ont pas rejoint l'armée irakienne. Les tout premiers pas ont été faits par les Kurdes. Les trois premières divisions ont été en fait formées d'unités et d'éléments kurdes. Puis d'autres personnes ont peu à peu rejoint l'armée de façon volontaire. Tout comme pour le pétrole et les autres ressources, l'armée apaprtient à tout le peuple irakien et il doit y avoir un équilibre de tous les éléments de la société irakienne, dans leur participation au sein de l'armée. Et bien sûr les militaires devraient et doivent avoir leur propre règlement sur la base de ce qui a été instauré.
"Dans des circonstances normales, il est tout naturel de muter et déplacer des officiers et des unités différentes dans les différentes parties du pays. Evidemment, si l'on considère la situation en Irak, on voit que ce n'est pas une situation normale,. Pour le moment, la situation est anormale. Et à des périodes plus récentes, nous avons pu constater une attitude délibérée pour marginaliser la participation kurde [dans l'armée]. Et il nous a semblé assister à une tentative unilatérale de vréer une armée qui ne dépendrait plus que d'un seul individu, ce qui est encore plus alarmant. Avant tout, et par-dessus tout, les militaires ne doivent aps être impliqués dans la politique. De plus, les militaires ne devraient pas être utilisés pour régler les conflits internes entre ce groupe-ci et ce groupe-là."
"Je crois qu'il y a actuellement 16 divisions dans l'armée irakienne. Normalement, les généraux de divisions doivent être nommés et agréés par le Parlement. Mais je mets au défi quiconque de trouver un seul général de division dont la nomination a été faite et agréée par le Parlement. Ils Elles ont été approuvées par des décisions personnelles [décrets], et bien sûr c'est quelque chose qui n'est pas tolérable. Ce n'est pas l'armée … que nous espériions créer.
"Nous avons été très souples et avons toléré cela ârce que nous sentions que nous deviosn débattre de ces questions et donner aux commissionsnouvellement formées une chance de revoir la situation et de faire en sorte que des solutions puissent être appliquées. C'est pourquoi nous n'avons pas voulu faire grand bruit autour de cela, jusqu'à ce qu'une solution finale soit mise en avant et approuvée. Nous espérons que cela amènera une participation équilibrée dans cette armée importante. Si rien n'était appliqué… ou de façon inacceptable, il nous sera extrêmement difficile de le tolérer. Ce n'est pas un problème pour nous seuls, les Kurdes, mais je crois que c'est le problème de tous les Irakiens."
Barzani est interrogé sur les cas où l'armée a été utilisée à des fins politiques ou pour résoudre des conflits internes entre les groupes irakiens.
Barzani:"Un exemple est le problème de Khanaqin. Et il était prévu de procéder de la même façon dans d'autres régions [d'envoyer des troupes irakiennes contre les forces des Peshmerga ]. Quand nous avons réalisé cela, bien sûr le processus a échoué.
"Très récemment il y a eu un conflit entre les gardes du corps du Premier Ministre et la sécurité du Parlement, quand le Premier Ministre a visité le Parlement. Immédiatement, l'armée a été appelée, les militaires ont cerné le Parlement et ont de fait occupé le Parlement. C'est un autre exemple. C'est tout de même un événement grave ? A quoi d'autre pouvons-nous nous attendre ?
On demande à Barzani dans quelles autres régions il était prévu d'envoyer des troupes irakiennes pour y évincer les forces kurdes.
Barzani:"Kirkouk, Mossoul [les provinces] ; pour autant que je sache les régions du Sud n'étaient pas concernées, je n'en suis pas certain."
On demande à Barzani comment les Kurdes dans l'armée ont été marginalisés.
Barzani:"Ils ont été transferrés dans d'autres unités, hors de la région ou ont été rappelés au ministère de la Défense".
On demande à Barzani si Maliki est celui auquel il faisait allusion en parlant d'une personne qui tentait de diriger seul l'armée.
Barzani:"Le Premier Ministre est le Commandant en chef des forces armées. Cela ne veut pas dire qu'il a autorité pour faire tout ce qu'il veut. Or le bureau du Commandant en chef des forces armées agit par lui-même sans coordination ni coopération avec le ministère de la défense ou le chef d'état-major, ni avec d'autres départements des forces armées.
"Et bien sûr, pourquoi blâmer une seule personne de cette situation, bien sûr que d'autres institutions sont à blâmer, comme le Conseil de Présidence, le Parlement lui-même et le Conseil des ministres. Comment peuvent-ils tolérer cela ? Je pense qu'ils ont aussi leur mot à dire."
Barzani est interrogé sur les allégations d'al-Maliki, lors de la conférence de presse du 20 novembre sur le fait que les forces kurdes seraient impliquées dans les arrestations illégales et des tortures ?
Barzani:"D'abord je pense que c'est une grande erreur de sa part de faire une telle déclaration et malheureusement, il est allé à l'encontre des relations solides que nous avions traditionnellement, avec lui et son groupe dans le passé. Il y a peut-être deux raisons à son attitude. D'abord il a pu être désinformé par des groupes ou des individus qui ont réellement essayé de créer une telle animosité. La seconder aison est peut-être qu'il voullait attirer et se gagner le soutien d'éléments et d'individus chauvins. Mais en adoptant une telle position il n'a pas calculé... qui il allait perdre exactement."
On demande à Barzani si ces deux points ont été abordés depuis la conférence de presse d'al Maliki.
Barzani:"Nous avons exprimé notre point de vue dans notre réponse - une lettre. Depuis que la lettre a été envoyée, je ne l'ai aps rencontré, ni ne lui ai parlé. J'ai été en visite à Bagdad pour deux heures quand le Président Bush y était, mais ce n'était pas pour rencontrer le Premier Ministre."
Barzani est intrrogé sur la période où il soutenait al Maliki, alors que d'autres voulaient lui faire quitter sa fonction de force.
Barzani:"Vous avez raison. C'était en avril 2007. Quand nous avons senti qu'il y avaient de sérieuses tentatives pour lui faire quitter sa place. Nous avons senti cela, et aussi que ce qui se cachait derrière tout cela n'était pas bien intentionné. Il y avait certaines personnes, malintentionnées, avec un ordre du jour malintentionné. Ce n'était pas pour le bien de l'Irak en général ni pour celui des Kurdes en particulier. Vers la fin d'avril 2007, le 26 ou le 27t, til y a eu réunion de plusieurs groupes irakiens, sous les auspices de plusieurs services secrets étrangers des pays de la région, Egypte, Jordanie, Arabie saoudite, Turquie et les Emirats. Ie crois qu'ils étaient six pays au total, à avoir organisé cette réunion de plusieurs groupes irakiens et l'idée principale en était de saper la situation, et nous nous sommes alarmés de cela. C'est pourquoi nous avons entièrement soutenu la position de Maliki parce que nous sentions que c''était d'abord et avant tout dirigé contre l'Irak. C'était une intervention très directe et très funeste dans les affaires irakiennes via les services secrets de ces pays. Nous nous sommes alarmés de cela et nous avons soutenu ouvertement le Premier Ministre. Nous sentions que tout était dirigé contre le peuple irakien, contre l'Irak et contre le peuple kurde. Cela a maené cette coalition de quatre partis, plus tard étendue à cinq [un corps consultatif regroupant Barzani, le Conseil de présidence de l'Irak et al-Maliki]."
Barzani est interrogé sur un complot visant à renverser al-Maliki au printemps dernier, lors de sa campagne militaire à Basra, face auquel il s'est également rangé de son côté.
Barzani:"Quand il s'est embarqué dans cette opération, je lui ai téléphoné … Je lui ai dit "Je vous entièrement, de toutes les façons, et si besoin est, je peux déployer des unités militaires pour vous assister dans cette opération. Vraiment, nous étions sérieux et sincères au sujet de cette intervention."
Une fois encore, Barzani est interrogé sur des tentatives visant à renverser al Maliki , de la part de certains groupes, lors de la campagne militaire de Basra.
Barzani:"C'est vrai, ce fut le cas. Il y a eu des intentions de le renverser, mais le moyen de le faire et les motifs derrière cela n'étaient pas bien intentionnés. Mais je ne suis toujours pas d'accord avec de telles mesures visant à le renverser, ni même de renverser aucun officiel du gouvernement ou de la police avec les moyens funestes offerts par les appareils des services secrets de la région. Je ne soutiens pas cela."
On demande à Barzani si al-Maliki a oublié ce que les Kurdesont fait pour lui et combien les Kurdes ont été de bons partenaires pour l'Irak.
Barzani:"Malheureusement, il semble l'avoir oublié. Pas seulement les événements récents mais aussi les relations que nous avions dans les années 1980 et ce que nous lui avons procuré alors. Nous étions en contact très étroit et avons soutenu son groupe, le parti Al-Dawa."
On demande à Barzani pourquoi al-Maliki a oublié le passé.
Barzani:"Nous aimerions le savoir. C'est aussi une surprise pour nous. En arabe il y a un proverbe qui dit que le pouvoir absolu peut mener un individu à perdre toute perspicacité ou bon sens. En d'autres termes, le pouvoir absolu lui aurait fait perdre sa personnalité."
On demande à Barzani s'il pense que c'est ce qui est arrivé à al-Maliki.
Barzani:"Malheureusement, nous sommes déçus. C'est la réalité. C'est une très triste réalité. Nous sommes déçus. J'espérais que même en mon absence quelqu'un comme al-Maliki défendrait les droits des Kurdes lors de toutes les réunions ou les plates-formes. IJe ne me serais jamais attendu à ce qu'il s'oppose aux droits des Kurdes ou à l'existence des unités de Peshmerga ou des Peshmergas ou des Kurdes au sein de l'armée irakienne, ni qu'il les marginaliseraient. Malheureusement c'est ce qui s'est passé et nous sommes déçus par cela. Pour revenir à ce que je disais auparavant, on se perd dans un pouvoir absolu. Si vous devenez trop autoritaire, vous vous perdez vous-même."
On demande à Barzani de relater son dernier entretien avec al-Maliki.
Barzani:"A un niveau personnel, c'est un ami proche. Et en fait, quand je le vois, je lui en dis plus en tête à tête que lorsque je parle en public. Je suis donc très ouverte t très franc avec lui. Dans les media, j'essaie de prendre en compte sa situation et je ne suis pas trop rigide."
On redemande à Barzani de dépeindre leurs dernières conversations.
Barzani:"Juste pour conclure là-dessus, nous étions en conflit. C'est très clair. We avons délimité les secteurs. Les commissions ont été formées avec l'agrément de toutes les parties concernées et nous attendons les fruits de ce travail. Nous ne voulons pas exacerber davanatage la situation. Nous voulons indubitablement nous concentrer sur les travaux des commissions. Nous espérons qu'ils parviendront à des accords amicaux, pragmatiques et applicables."
On demande à Barzani si un solution est envisageable via l'ONU au lieu du référendum prévu par l'article 140 de la constitution irakienne. L'ONU a préconisé des ialternatives, quiT amèneraient les factions politiques irakiennes à un consensus sur les régions qui seraient annexées au Kurdistan d'Irak.
Barzani:"Les raisons pour lesquelles nous avons accepté que la Région du Kurdistan reste dans l'Etat irakien demeureront valables aussi longtemps que l'Irak aura une telle constitution et qu'il adhérera à cette constitution. Les régions disputées sont bien plus importants que ce que l'on 'en a dit. C'est une question historique pour nous et si vous regardez les confrontations les plus récentes de l'histoire kurde ou les mouvements contre les régimes irakiens successifs et variés, ils concernaient tous les régions disputées. Il y a eu des agressions contre les Kurdes et malheureusement Les Kurdes ont été souvent durement maltraités dans l'histoire sur cette question. L'article 140 est un article constitutionnel et il fournit une feuille de route qui est une solution à ce problème.
"Nous ne pouvons nous permettre de perdre du temps et de revenir à de nouvelles propositions tous les jours. La constitution est très claire. La constitution a été votée par 80% ou plus de la population irakienne. La constitution est un tout. On ne peut être sélectif en n'en prenant qu'une partie … Par conséquent elle doit être complète. Il faut que des efforts soient faits pour appliquer entièrement la constitution. Ceux qui s'oppose à un article de la constitution auraient dû s'y opposer lors du référendum[sur la constitution en2005]. Maintenant qu'elle a été votée, elle doit être respectée. Vous ne pouvez être sélectif ni permettre à des individus ou à des groupes de n'en prendre qu'une partie et de se dresser contre une autre, ou à des groupes d'en retirer une partie, de s'opposer contre une partie et de soutenir les autres parties de la constitution… Aucune alternative à l'article 140 n'est acceptable."
On demande à Barzani s'il veut dire qu'il doit y avoir un référendum sur les territoires disputés.
Barzani:"Normalisation, recensement et référendum. Ce que le peuple a décidé doit être respecté."
On interroge Barzani sur une déclaration récente du vice-Premier Ministre Barham Salih sur des tentatives qui auraient eu lieu à Bagdad d'user de questions politiques et sociales pour provoquer un conflit arabo-kurde.
Barzani:"Un conlit arabo-kurde à grande échelle et général, c'est impossible parce que nous ne le tolérerons pas, nous n'accepterons pas un tel conflit entre les deux communautés, les deux peuples. Au cours de notre histoire, nousn'avons eu aucune animosité ni geste contre les Arabes en tant que peuple, et nous ne l'aurons jamais, et le peuple arabe dans son intégralité, la majorité d'entre eux ont de la sympathie pour nous et nous soutiennent, le conflit est entre les forces politiques.
"Mais si un individu ou un chef de tribu ou de clan essaie d'entrer en conflit et de tourner ce conflit en conflit arabo-kurde, alors il affrontera tout le monde et je pense qu'il sera perdant. S'il essaie d'amener toute la population arabe à cela, je pense qu'il échouera. Nous n'avons jamais songé à résoudre les problèmes par la violence. Nous cryons fortement en la constitution, nous croyons au dialogue, si quelqu'un ou un groupe songe à user de la force, alors, bien sûr nous avons la capacité de nous dressercontre lui…
"Les dernières années, près de 2000 Kurdes ont été tués à Mossoul … Nous n'avons pas répliqué de la même manière et nous n'avons pas répondu par des actes de vengeance, mais bien sûr, tout a une limite."
On demande à Barzani s'il pense que Maliki peut réellement changer d'attitude, avec les compromis instaurés par les commissions.
Barzani:"Je pense que nous avons beaucoup discuté avec le Premier Ministre aussi nous voulons conitnuer."
Barzani est questionné sur une rencontre en décembre des leaders politiques principaux au nord de l'Irak que des media ont décrite comme une rencontre ayant pour but l'éviction d'al Maliki. La rencontre réunissait Barzani, le président irakien Jalal Talabani et les vice-président Tariq Hashimi et Adel Abdul Mehdi.
Barzani:"En fait, la réunion était purement sociale, en raison de la fête [la fête musulmane al-Adha] qui avait lieu, et donc nous nous sommes réunis là. Des questions en tout genre, des questions générales ont été abordées. Sur la question que vous mentionnée, en aucun cas il n'a été question de le remplacer... Aucune discussion n'a porté sur son renseignement. Les discussions étaient seulement générales, sur la réconciliation et des réformes politiques qui doivent être mises en place et aussi l'activation des commissions instaurées."
On redemande à Barzani s'il n'y a eu aucune discussions parmi les grands leaders de l'Irak sur le remplacement d'al-Maliki.
Barzani:"Il n'y a eu aucune discussion sur son départ de toute la rencontre à Dukan [Sulaïmanieh]... C'était la dernière rencontre à Dukan."
On demande à Barzani si le Kurdistan d'Irak restera toujours une partie de l'Irak.
Barzani:"Aussi longtemps que l'Irak possédera une telle constitution et y adhérera, le Kurdistan restera une partie de l'Irak."
On demande à Barzani ce que feront les Kurdes si l'Irak ne reste pas fidèle à sa constitution.
Barzani:"Nous franchirons ce pont quand nous y serons. Même dans le préambule de la constitution, il est dit très clairement que l'adhésion à cette constitution est une condition préalable à l'unité de l'Irak. Il est certain que nous n'accepterons pas un Irak gouverné par une dictature."
On demande à Barzani s'il est optimiste sur l'avenir du pays et les défis auxquels ce pays doit faire face dans les années à venir.
Barzani:"Dansnotre position, l'on doit toujours se montrer optimiste. Face au terrorisme, les conflits actuels et les affrontements et bien sûr dans le gouvernement de l'Etat la culture de la démocratie doit être promue et profondément implantée."
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