Kurdistan et diaspora kurde : 1983-2013 ( résumé des interventions) 3ème partie





Le 23 février 2003, l’Institut kurde de Paris fêtait ses 30 ans d’existence et avait organisé, à cette occasion, un colloque à l’Assemblée nationale intitulé : 




La troisième et dernière table ronde était présidée par Mme. Joyce BLAU, professeur émérite, INALCO et portait sur le thème « Langue, littérature et création artistique au Kurdistan», avec la participation de Michiel Leezenberg, Université d'Amsterdam, Reşo ZÎLAN, Institut kurde de Paris, Mme. Clémence SCALBERT, Université d'Exeter, M. Salih AKIN, Université de Rouen, Mme. Khanna OMARKHALI, Université de Göttingen.

Joyce Blau fait un bref historique des études kurdes en rappelant la poignée d’universitaires qui, dans les années 1960, s’intéressaient aux Kurdes, en France : Roger Lescot, Celadet Bedir Khan, Gérard Chaliand. La création de l'Institut kurde de Paris a fondé un endroit de ressources et d’informations considérables.

Michiel Leezenberg, « Débats linguistiques au Kurdistan » : Titre alternatif possible à son intervention : la langue kurde et la « super-diversité ».

Bülent Arinç, au Parlement turc, a dit que le kurde est une langue sans civilisation.  Il a tort même si des différences de longue date existent entre les dialectes des régions du Kurdistan.

On peut distinguer 4 étapes de processus du dévelopepement de la langue kurde et de son avènement dans la culture et la littérature : 

Les 17e et 18e siècles sont l’étape de la vernaculisation et la standardisation de la langue kurde. Beaucoup de gens connaissent l’œuvre poétique de Khanî et son Nubara biçûkan (dictionnaire), mais peu savent qu’il y a des ouvrages de grammaire et de sciences linguistique et religieuse dans le même temps, où l’on voit le commencement d’une tradition éducative en kurde et d’une civilisation littéraire chez les Kurdes. Combien ont entendu d’Ali Termukhi ? Ce fut pourtant un des personnages les plus importants de l’histoire intellectuelle et littéraire kurde, le premier homme à avoir écrit une grammaire kurde, que tous ignorent ou presque, car «Tesrifa kurmancî » est un tout petit livre, en kurde, sur la langue kurde, utilisé dans les classes primaires des madrassas du Kurdistan du nord, et tous les anciens élèves de ces madrassas le connaissaient par cœur, d’où le rôle incroyable que ce livre, écrit dans le kurde septentrional, a joué dans l’unification de la langue et la langue littéraire kurde,  et qui a joué ainsi un rôle dans le sentiment d’identité nationale. La phase de l’éducation religieuse en kurde dans les madrassas en kurde est une étape capitale. Mais cette tradition littéraire et religieuse kurde s’est développée dans le même temps dans un contexte très persanisé, c’est-à-dire cosmopolite plus que nationaliste.

Un siècle plus tard, fin 19e début 20e siècles, c’est une phase de construction des nations mais, chez les Kurdes, ce serait plutôt la destruction d'une nation : Le développement linguistique est plus laïc que religieux. On voit la formation d’un alphabet latin par les Bedir Khan en Syrie et en Union soviétique (par exemple avec Erebê Şemo)  on élabore aussi un alphabet latin puis cyrillique. Mais c’est aussi le développement d’un nouveau dialecte comme langue nationale, le soranî, qui jusque-là n’était pas vu comme une langue standard, malgré son essor.

La troisième phase cest celle de l’Institut kurde de Paris et des Kurdes en diaspora : durant des années de répression culturelle totale, des intellectuels kurdes, surtout en Suède, Mehmet Emin Bozarslan, Mehmet Uzun, Reşo Zîlan, font d’importants travaux pour perpétuer l’existence d’une langue littéraire kurde et moderne, ce qui demandait des efforts héroïques pour cette génération éduquée à penser en turc. Les Kurdes du sud n’ont jamais eu ce type d’assimilation, d’où de grandes différences dans la tradition littéraire des deux langues kurdes.

La phase 4, au début de ce siècle est celle d’une consolidation, et aussi, paradoxalement, d’une globalisation. Au Kurdistan du sud, les activités culturelles et linguistiques sont facilitées. Au Kurdistan du nord, « l’ouverture kurde » a créé des opportunités réelles pour étudier la langue kurde à l’université et au collège, et dans quelques années, cela pourrait descendre jusqu’à l’école primaire.

La langue kurde a donc des opportunités incroyables, mais aussi des tendances centrifuges avec la politisation des dialectes et des écritures. Au Kurdistan du sud,  écrire en caractères latins signifie que l’on est sympathisant du PKK ; des variétés du kurde sont reliées à des sympathies pour un parti politique ou un autre.

Il y  aussi un processus d’urbanisation, de migration nationale et internationale, TV satellite et Internet (Facebook) ce qui a rendu paradoxalement le sentiment national kurde plus fort. La technologie mondiale globalisante mène à une super diversité, avec de nouvelles formes culturelles, expression dans des dialectes, des variations de langue : on voit ainsi le développement d’une culture hip hop en kurde.

Il y a aussi un débat sur la langue standardisée : Au Kurdistan du sud, des intellectuels ont voulu faire récemment du soranî la langue standard pour tous les Kurdes, dans une centralisaiton de la langue, d’où une grande polémique, car les Kurdes se sont toujours dressés contre la centralisation des autres États. C’est le paradoxe des Kurdes : avec le Gouvernement régional du Kurdistan, Internet, etc., il est bien plus facile de former une communauté nationale, mais en même temps, il y a plus de possibilités de diversifications de la langue kurde, à l’encontre de l’idéologie qui veut qu’une unification linguistique et culturelle facilite l‘unification politique. C’est une pensée du 19e s., même si elle semble légitime : elle ne correspond plus à la réalité d’un monde globalisé. On ne peut pas aujourd’hui unifier la langue kurde. 

Dans une conférence, l’an dernier, à Amed-Diyarbakir, chacun a ainsi parlé sa propre langue kurde et chacun s’est à peu près compris… ou non, mais chacun voulait une langue unifiée tout en pensant qu’il était important de cultiver son propre dialecte.

C’est une conclusion assez réaliste : il existe des différences anciennes de dialectes, de traditions littéraire, mais un sentiment d’unité culturelle. Il faut donc accepter la réalité que le kurde est une langue qui a au moins quatre standards :

– le kurde du Kurdistan du nord ou kurmancî écrit en caractères latins.
– le zaza qui se développe au Kurdistan du nord comme langue écrite et peut-être d’autres dialectes.
– le kurde soranî du Kurdistan. du sud écrit dans un alphabet plus ou moins persan. 
– le kurde behdinî du Kurdistan du sud écrit aussi en lettres persanes, et qui n’est pas tout à fait identique au kurmancî.


Khanna OMARKHALI, « Études kurdes en Europe »

Jour après jour la culture kurde gagne en importance, de tous côtés, dans différents pays, en plus du Kurdistan. La raison n’en est pas uniquement l’importance de la question kurde dans les changements que connaît le Moyen Orient, mais aussi le fait que les Kurdes commencent à être une part importante de la population européenne et la question de l’enseignement de la langue kurde  dans les études supérieures commence à être une question qui se pose dans plusieurs universités européennes.

Pour une brève histoire des études kurdes en Europe durant ces 30 dernières années : 

Au début du 19e s. beaucoup de savants européens, en plus des Kurdes, commencent à s’intéresser à la langue et à la littérature kurdes, avec un certain nombre de publications, par exemple la grammaire de Garzoni. En Russie, les études kurdes commencent aussi au 19e s. avec des publications.

La Russie peut être considérée comme le berceau des études kurdes avec les villes de St Pertsburg-Leningrad, Erevan, Moscou, où les études kurdes ont formé un champ d’étude indépendant, avec une équipe de spécialistes unique au monde dans le nombre et la variété de leurs études.

Au 20e s. les études kurdes commencent d’être très actives dans les années 30, à l’université de Leningrad et forment la base des études kurdes modernes.

En 1959, ce groupe d’études kurdes devient une unité indépendante dans l’institut des études orientales de Leningrad avec 3 grandes disciplines : histoire, langue, études médiévales des Kurdes, menées par Orbelian, Zuckerman, Kurdoev, Rudenko, Mussaelian Vassilieva, Smirnova, O. Celîl, Yousupova. Le point fort des étude skurdes de St Petersbourg était la linguistique et les travaux sur les différents dialectes du Kurdistan : mukri, kurmancî, soranî, zaza.

La liétrature était également un des points forts de ce groupe avec Rudenko pour leader, qui a traduit un certain nombre d’œuvres de poètes kurdes anciens. Ce centre a pu former des kurdologues actifs non seulement en URSS mais plus tard au Kurdistan.

Maintenant il y a deux écoles et deux directions des études kurdes en Russie : St Peterburg et Moscou, cette dernière se consacrant plus à la politique, l’économie, les relations internationales, l’histoire des Kurdes. C’est en 1979 que fut fondé ce groupe d’études kurdes d à Moscou (département des Proche et Moyen Orients).

Ces 20 dernières années, un nombre significatif d’instituts non académiques et des chercheurs individuels ont soutenu et promu la culture kurde, dont l’Institut kurde de Paris en 1983 et, par exemple, sa revue Kurmancî. Il y a aussi en France l’enseignement de la langue kurde à l’INALCO initié par Roger kurde Lescot et Celadet Bedir Khan.

En Allemagne, il y a le centre Navend, et à l’université de Göttingen on enseigne la langue kurde, la littérature, les religions non islamiques.

À Vienne, Celîlê Celîl a abondamment publié sur la littérature kurde.

Mais aujourd‘hui, la majeure partie des programmes de kurdologie sont incorporés dans les études iraniennes ou islamiques. Ainsi en 2004, à St Petersburg, le groupe indépendant des études kurdes a été intégré dans le département du Proche Orient.

Un nombre plus grand de chercheurs s’intéressent aux études kurdes avec un essor des thèses portant sur les questions politiques. Il y a eu en 2010 l’ouverture du département de kurde à Mardin, en Turquie. Le Gouvernement régional kurde soutient les études kurdes à l’étranger, avec des centres ou le département d’Exeter, par ex. En 2011 le Kurdish Studies Network a été lancé sur Internet. Les contacts entre les chercheurs deviennent plus faciles dans le monde.

Clémence SCALBERT, « évolution du champ littéraire kurmancî »: 

Dès l’émergence des premières organisations kurdistes dans les dernières années de l’empire ottoman et dans le nationalisme kurde, la culture a joué un rôle majeur (et le nationalisme kurde a aussi contribué à reformuler cette culture). Mais peut-on assimiler toute expression culturelle kurde au nationalisme ? Comment et avec quelles conséquences une expression culturelle minoritaire peut-elle s’autonomiser du politique ?

Il n’y a pas de langue standard comme outil de création diffusé par l’enseignement. Aux origines, si l’on voulait apprendre le kurde, il fallait le faire par soi-même, s’approprier et créer une langue d’écriture. Au départ, il y a très peu d’ouvrages en kurde, donc très peu de ressources sur lesquelles construire une littérature kurde contemporaine.

Il y a aussi un développement de la diglossie qui devient très caractéristique des pratiques de la population kurdophone, avec une coexistence des langues kurde et turque et parfois la perte de la langue kurde. 

La langue kurde, qui est le matériau brut de la création littéraire kurde, a aussi une connotation politique : écrire en kurde c’est affirmer son identité kurde, ce n’est pas un choix automatique.

On voit également une déterritorialisation du travail d’écriture, du fait des conditions politiques, dès les premières années de la république turque (avec Hawar en Syrie) et la constitution de la diaspora kurde d’Europe dans les années 1970 et surtout celle de Suède, dans les années 1980, avec la formation d’une littérature kurde car le soutien de l’État suédois à l’édition et à la création permet un développement de cette littérature.

Avant la fin des années 1970, la création littéraire est le fait de quelques acteurs limités en nombre, qui ont des activités diversifiées, un même auteur pouvant écrire des essais, dictionnaires, fictions, etc. Puis la création se différencie à la fin des années 1970 et après le coup d’État de 1980 mais reste toujours très liée au politique, même si cette nouvelle génération d’après le Coup d’État se tourne plus vers le littéraire une fois dans la diaspora. 

Les conditions ont maintenant beaucoup évolué en Turquie et cela a eu un rôle positif sur la création littéraire kurde : Il y a une diminution du rôle de la diaspora dans la création, où le nombre de livres édités baisse alors qu’il augmente beaucoup en Turquie et au Kurdistan de Turquie. Le kurde devient aussi une partie de la littérature de Turquie, alors que par contre, la littérature kurde de Turquie et celle d’Irak restent dans deux univers différents, qui sont chacune plus intégrée dans leurs champs nationaux respectifs. 

S’il y a eu autonomisation du champs littéraire kurde, avec publciations, maisons d’édition, etc, l’hétéronomie reste très forte dans l’usage de la langue. L’idée qu’une littérature kurde doit être écrite en kurde reste toujours très forte, mais une brèche s’ouvre avec des poètes qui travaillent dans la langue turque.

L’intervention d’acteurs étatiques dans le champs littéraire kurde (université, TRT 6 ) fait qu’aujourd’hui la littérature kurde n’est plus forcément un acte de résistance et la littérature kurde n’est donc plus seulement une littérature engagée. Ce peut être une invite à revisiter les textes littéraires kurdes et leur relation avec les autres littératures de la région ainsi que revoirles dynamiques de résistance et de domination.


Reşo ZÎLAN, Institut kurde de Paris « Études linguistiques dans la diaspora »

Les études linguistiques dans la diaspora, de la part de Kurdes et de non Kurdes, ces trentes dernières années, ont accompli des travaux importants sur la langue kurde. 

Ces travaux sur la langue kurde par la diaspora kurde apparaissent dans les années 1960. La raison en est qu’à cette époque, une diaspora kurde s’implante à l’étranger, car c’est dans les annés 19060 que commence une émigration intensive des Kurdes, avec, notamment, la révolution kurde du Kurdistan du sud, et le l’alourdissement des régimes politiques sur le Kurdistan, de même en Turquie, ou bien on voit une émigration pour des causes économiques. Commence alors une expatriation d’intellectuels qui dans cette diapsora, peuvent travailler sur la langue et la culture kurdes, contrairement au Kurdistan de Turquie. 

Avec des publications de livres, de revues, ou dans des émissions de radio et de télévision, ils écrivent et parlent en kurde. Mais il leur faut passer d’une langue de villages à une langue plus générale, une langue adaptée à la vie moderne. Et c’est ainsi que ces intellectuels ont travaillé peu à peu à élaborer une langue et une culture. 

Plusieurs projets ont vu le jour, dont celui de l’Institut kurde de Paris, pour préserver le dialecte kurmancî, menacé d’assimilation, qui a fondé une revue, Kurmancî, autour d’un groupe de chercheurs, écrivains, linguistes, romanciers, venus de différentes partie du Kurdistan qui ont travaillé tous ensemble. C’est au printemps de 1987 que la revue a démarré. Ils se réunissent depuis deux fois par an,  dans différents pays, comme la France, la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, la Suède. Le Gouvernement régionakl du Kurdistan a aussi hébergé 2 réunions et 2 autres ont eu lieu au Kurdistan du nord, l’une à Wan et l’une à Beyazîd. L’on arrive au 50 ème numéro avec plus de 50 réunions. Ces numéros ont été reliés, eux fois (un volume  de 20 numéros imprimé en Suède, un volume de 40 numéros imprimé à Istanbul).

Environ 80-85 personnes qui ont travaillé jusqu’à aujourd’hui dans la revue Kurmaqncî, et malheureusement, 3 de ces collaborateurs sont décédés depuis.

Kurmancî travaille sur 1/ des questions de langue et d’orthographe, 2/ sur la connaissance de proverbes, de classiques, et de mots méconnus de la langue 3/ sur un lexique des différents parlers des régions kurmancî ; 4/ sur les mots et les termes typiques de la vie kurde, comme les tapis, les vêtements, le bétail, les laitages, armes, etc. avec une liste idiomatique ; 5/ sur la langue des enfants, la langue kurde et les langues voisines, le kurde et les langues antiques (parthe, pehlevi,etc. 6/ les qewl (chants religieux) et beyt (couplets) des yézidis ; 7/ la terminologie scientifique, le droit, l’économie, la géographie, l’anatomie, le vocabulaire administratif, politique, informatique, militaire, grammatical, littéraire, mathématique, la cosmétique, le football, etc. 8/ un dictionnaire de la faune et de la flore avec les variantes dialectales.

Il y a aussi la revue Vate, qui travaille sur la langue zazaki, qui a démarré l’été 1993 et s’est depuis réunie une vingtaine de fois, publiant sur la culture, la langue, la littérature.

Des dictionnaires kurdes publiés dans presque toutes les langues. Il y a aussi plusieurs dictionnaires kurdes sur Internet.

Salih AKIN, « Langue(s) et identité(s) dans la diaspora en Europe »
Un programme financé par les ministères des Affaires étrangères de l’Allemagne et de la france, intitulé, évaluation contrastive des implications sociales de la lingusitique dans la langue kurde comme langue d’immigration, recherche qui associe les universités de ROuen et d ePotsdam.

Cette recherche a 4 objectifs
– mesurer la transmisison d ela langue première en Allemagne et en france
– évaluer les compétence slangagières des ¬élèves issus d el’immigraiton kurde en première langue et en langue de scolarisaiton (francais oua llemand)
– chercher à déterminer si la maîtrise de la langue parentale par les enfants joue un rôle dans les résultats scolaires
– chercher à étudier le lien qui pourrait exister entre la langue et l’identité dans le contexte de la diaspora.

Dans le cadre de cette intervention seul le 4ème point a été abordé.

Quelques résultats ont été obtenus dans des entretiens en français et en kurde, au sujet du lien langue-identité dans le contexte de la diaspora, avec des Kurdes de Turquie qui ont tous eu accès à l’éducaiton, ayant fait des études secondaires et universitaires. 

À l’exception d’une des personnes enquêtées qui déclare que sa langue maternelle est le turc, tous les autres Kurdes ont identifié le kurde comme leur langue maternelle, même l’un d’eux, Ahmed, qui vient de la région d’Aymana à Ankara d’une communauté de Kurdes déplacée de très longue date.

Il est  ensuite demandé aux enquêtés s’ils ont reçu un enseignement dans leur langue maternelle : il y a toujours absence d’une éducaiton en langue maternelle et sa transmission est non didactique, dans le cercle familial essentiellement. La politique d’interdiction déclenche chez les enquêtés des souvenirs d’une situation conflictuelle.Ezdan se souvient du traumatisme subi à l’école comme lieu d’assimilation par excellence et le kurde est peu a peu asphyxié, même dans les cercles familiaux.

Pour le lien avec les origines : «Tu ne peux pas t’atatcher à une histoire, une culture, si tu ne parles pas la langue de cette culture» (Faris). 

Il est paradoxal de parler des effets bénéfiques de la diaspora, mais les exilés kurdes se sont débarrassés des contraintes et des interdictions pesant sur leur langue et dans la diaspora on put se réapproprier leur langue et leur culture d’origine, avec la possibilié d’apprendre à lire et à écrire en kurde. L’exil, qui est vu par beaucoup comme un mécanisme de dépossession de la langue, est, dans le cas des Kurdes, le moyen de redécouvrir la langue maternelle, une renaissance intellectuelle.

La langue maternelle est vue comme un moyen d’expression authentique et comme un symbole de lutte et de résistance. Sa pratique devient un devoir. Ainsi Mehmet Uzun avouait que si le kurde n’avait pas été en danger de disparition, il aurait certainement écrit en suédois, mais en écrivant en kurde, il s’engageait. « Abandonner la langue maternelle dans le contexte de la diapora, c’est une trahison », dit un des enquêtés, ce qui est une conception extrême de la loyauté linguistique, seul moyen de faire le travail de mémoire.

Le récit du fait passé n’est pas le vécu de fait, surtout en exil. Mais les convergences des témoignages permettent de mettre à jour l’ampleur de la violence linguistique subie et fait apparaître le lien fort entre l’identité ethno-culturelle et l’appartenance à la diaspora. La langue maternelle est le principal vecteur de la mémoire collective dans le déracinement de l’exil.

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