"Et dire que j'avais enrôlé des pêcheurs exprès..."

Il y a des passages très drôles dans les Évangiles (Marc, 6, 45-52), dont celui-ci qui pourrait s'intituler : "Bon, bougez pas, j'arrive, on ne va pas y passer la nuit !"

Il força ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur la rive opposée, vers Bethsaïda, pendant qu'il renvoyait la foule. Quand ce fut fait, il partit dans la montagne pour prier.

Là, on sent qu'il se débarrasse d'un peu tout le monde : la foule, les disciples, tout ça, et bon un peu de solitude ça fait du bien. Prions.

La barque, cette nuit-là, était au milieu de la mer et lui seul à terre.


"Tiens oui, je les avais oubliés ceux-là. Hélons."

Vers trois heures du matin, les voyant s'épuiser à ramer, car le vent leur était contraire, il vint vers eux en marchant sur la mer.


"Bon, si la montagne ne vient pas à M... – euh non j'l'ai pas dit ! Bon j'y vais, sans ça, on va y passer la nuit.

Il allait passer devant eux. En le voyant marcher sur la mer,, ils crurent que c'était un fantôme et poussèrent des cris. Ils le voyaient tous. Ils avaient peur. Alors, il leur parla :
– Rassurez-vous. C'est moi. N'ayez pas peur.


Là, on sent la bonne blague, Jésus qui a envie de s'amuser un peu et marche vers eux d'un air dégagé, alors qu'ils sont encore le nez sur les rames : "Vous cherchez quelqu'un ?" Évidemment il leur fout une trouille bleue, mais je le comprends, c'est trop tentant...

Et il monta près d'eux dans la barque.

"Pas très forts sur la rame, mes disciples. Et dire que j'avais enrôlé des pêcheurs exprès..."

Ils étaient plus stupéfaits qu'ils ne l'avaient jamais été. Déjà ils n'avaient rien compris à l'affaire des pains. C'est qu'ils avaient le cœur endurci.

Il est gonflé le narrateur, on aurait bien aimé le voir à leur place. Mais on ne m'ôtera pas de l'idée que Jésus devait se tordre de rire, au moins intérieurement, devant leur air bouche-bée et leurs yeux ronds. Du coup je révise un de mes jugements sur Jésus-qui-ne-riait-pas. C'était un grand blagueur pince-sans-rire, c'est tout.

Commentaires

Articles les plus consultés