Les langues de Saladin

"L'apprentissage militaire, duquel participait le polo et la chasse, n'était pas la seule occupation du jeune Saladin qui reçut aussi une éducation littéraire et religieuse. Il apprit, très probablement dès son plus jeune âge, à lire et à écrire en arabe, ainsi que l'attestent certaines lettres écrites plus tard de sa main. Parlait-il le kurde ? C'est probable, en famille tout au moins ou entre officiers kurdes. Il semble avoir eu aussi quelques notions de persan, comme en témoigne 'Imâd al-Dîn qui dit lui avoir soufflé dans cette langue, lors d'un conseil, l'attitude à adopter à l'égard d'un imâm indélicat. Si nous ne pouvons dater avec exactitude le début de son intérêt pour les sciences religieuses et les lettres, nous savons que dans sa jeunesse, il suivit les cours d'un juriste chafiite réputé, originaire d'Iran, qui enseigna à partir de 1145, à Damas et à Alep. Celui-ci composa à son intention un opuscule contenant les principes essentiels de la foi musulmane que plus tard Saladin fit apprendre à ses propres enfants.

L'histoire et la culture des Arabes, en particulier leurs généalogies et les pedigrees de leurs chevaux, l'intéressaient beaucoup et il apprit par coeur l'anthologie poétique (Hamâsa) d'Abû Tammâm, poète arabe du XI° siècle. Toutefois, même s'il marqua un intérêt certain pour les sciences religieuses et les lettres et fit toujours preuve d'un grand respect envers les oulémas, aimant à suivre leurs cours et leurs discussions, Saladin ne fut jamais lui-même un souverain savant, comme ce fut le cas de plusieurs autres princes ayyoubides."

Anne-Marie Eddé, Saladin, I : L'ascension, 2, Le temps de l'apprentissage.


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