Le clan de Saladin
"Sa légitimité de souverain, il l'acquit bien davantage par son action religieuse, politique et militaire, mais pour lui assurer solidité et continuité, il opta dès les premiers temps pour un système politique fondé sur la solidarité familiale et sur cet esprit de parenté ou de clan ('asabiyya) que le grand historien Ibn Khakdûn définissait, au XIV° siècle, comme la principale force motrice de l'histoire :
Lorsque celui qui participe à l'esprit de clan ('asabiyya) arrive au pouvoir et demande à être obéi, s'il trouve la voie de la domination et de la force, il la suit parce qu'elle correspond à ses vœux. Mais il ne peut réussir complètement sans l'aide de l'esprit de clan, qui oblige les autres à le suivre. Le pouvoir royal est donc un but que l'esprit de clan permet d'atteindre.
En répartissant le pouvoir entre les membres de sa famille, Saladin se situait dans la tradition non seulement des Turcs seldjoukides mais aussi des dynasties arméniennes et kurdes du nord-ouest de l'Iran. Les territoire de la petite dynastie kurde des Shaddâdides (environ 950-1170) au service de laquelle se trouvait Shâdhî, le grand-père de Saladin, étaient déjà partagés entre deux principales branches de la famille et lorsque Shâdhî quitta Dvîn avec ses deux fils, Ayyûb et Shîrkuh, pour aller s'installer en Irak, c'est ce même système de souveraineté familiale qu'ils retrouvèrent, organisé sur une échelle beaucoup plus vaste par les Turcs seldjoukides. L'influence de ces derniers sur Saladin fut évidente, même si elle s'exerça indirectement par l'intermédiaire de la dynastie zenguide de Syrie qui, elle-même, était une émanation du système seldjoukide.
Omniprésente, la conception familiale du pouvoir n'excluait ni l'autorité ni la suzeraineté du chef de la famille. Mais deux traditions pouvaient dans ce domaine s'opposer : celle qui était héritée de la tradition monarchique islamo-persane privilégiait la succession de père en fils tandis que celle des Turcs d'Asie centrale préférait remettre le pouvoir au membre le plus âgé de la famille, qu'il fût ou non le fils du souverain précédent. Cette double influence explique sans doute la place très importante accordée, dans un premier temps, par Saladin à ses frères et à ses neveux, puis sa décision, en 1186, de redistribuer ses territoires entre ses fils."
Mais en fait, après la mort de Saladin, la dissension et l'incompétence moindre de ses fils, hormis al-Malik al-Zahir le prince d'Alep, fit rebasculer le pouvoir dans les mains de Malik al-'Adil, le frère de Saladin.
Omniprésente, la conception familiale du pouvoir n'excluait ni l'autorité ni la suzeraineté du chef de la famille. Mais deux traditions pouvaient dans ce domaine s'opposer : celle qui était héritée de la tradition monarchique islamo-persane privilégiait la succession de père en fils tandis que celle des Turcs d'Asie centrale préférait remettre le pouvoir au membre le plus âgé de la famille, qu'il fût ou non le fils du souverain précédent. Cette double influence explique sans doute la place très importante accordée, dans un premier temps, par Saladin à ses frères et à ses neveux, puis sa décision, en 1186, de redistribuer ses territoires entre ses fils."
Mais en fait, après la mort de Saladin, la dissension et l'incompétence moindre de ses fils, hormis al-Malik al-Zahir le prince d'Alep, fit rebasculer le pouvoir dans les mains de Malik al-'Adil, le frère de Saladin.
Anne-Marie Eddé, Saladin, II : Le sultan, 9, Fonder une dynastie.
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