Génocide arménien : loujours sur la conférence annulée

L'annulation de la conférence sur la question du génocide arménien soulève des remous en Turquie, de nombreux journalistes turcs, même s'ils sont dans le "camp adverse" si je puis dire, désapprouvant cette annulation.

Pour l'équilibre, et pour ne pas faire croire que la Turquie marche comme un seul homme derrière la décision stupide du ministre, voici la traduction d'un papier dans le TDN de Mehmet Ali Birand qui résume assez bien la position de ceux pour qu'il n'y a pas eu génocide mais qui réclament une commission d'enquête libre et ouverte :

"Je ne crois pas qu'il a eu génocide. Cependant, je suis contre le fait de réduire au silence ceux qui n'agréent pas mon point de vue.

A quoi pensait le ministre de la Justice, Cemil Çiçek, qui est d'habitude loué pour ses opinions démocratiques, quand il a tenu ce discours ? Sa déclaration contre toute opinion alternative à ce sujet ressemble à un coup de poignard dans le dos, et est particulièrement malvenue. Qu'est-ce ces gens espèrent ? Nous n'aimons guère la façon qu'ils ont de se ranger derrière la version officielle des événements. Il se pouvait effectivement que certains d'entre nous auraient été jusqu'à dire "Oui il y a eu génocide et nous l'avons commis." Quel dommage leur aurait-il fait alors ? On a dit aussi : "une telle rencontre ne peut se dérouler dans une université".

Et pourquoi non ? Est-ce que l'université n'est pas justement l'endroit où tous les points de vue, les plus extrêmes ou les plus absurdes, puissent être débattus ouvertement ? La conférence rassemblait des gens uniquement opposés aux positions officielles et personne d'autre, et c'est ce qui a contrarié, paraît-il. Ceci implique donc que dans toutes nos autres conférences, tous les points de vue participent au débat afin que l'équilibre des opinions soit maintenu, ce qui est loin d'être le cas. Si vous soutenez la position officielle, il n'y a aucun problème, vous pouvez parler autant que vous voulez. Si vous soutenez un point de vue différent, vous courrez fatalement au devant d'ennuis.

La conséquence de l'annulation de la conférence à l'université de Bo?aziçi sur la Question arménienne fait que la Turquie ressemble maintenant à la France, la Suisse et l'Arménie par son attitude intolérante dans les débats. Si vous vous rendez dans ces pays et dites "Il n'y a pas eu génocide", vous recevez une volée de bois vert ou bien devez faire face à de sérieuses poursuites. Il est devenu clair maintenant que certaines questions ne peuvent être débattues en Turquie. Nous avons changé nos lois pour qu'elles soient plus démocratiques, mais ne pouvons franchir un seuil critique. Au delà d'une certaine limite, nous ne tolérons plus certaines idées. Nous avons été éduqués de telle sorte que les lignes rouges que nous devons franchir sont d'énormes obstacles, pour nous insurmontables. Nous savons à présent que changer les mentalités sera très dur, et c'est bien dommage. Nous aurions pu franchir aisément d'autres lignes rouges, bien plus inutiles. Mais Çiçek, le parti d' opposition CHP et les dirigeants du pays ont fait une faute. Juste au moment où nous étions sur le point de prouver que la Turquie était une nation confiante, caopable de débattre des allégations de génocide, nous avons échoué à l'examen, manquant ainsi une occasion majeure de discuter de ces mêmes allégations.

A présent, nous devrons débattre seulement entre nous de cette question et encenser la version officielle des événements. Nous n'avons donc aucun droit de fâcher si l'on vient nous dire "la Turquie est incapable de débattre de ces allégations" Il faut que la conférence ait lieu. N'essayez pas de lyncher ceux qui persistent à vouloir faire entendre leur voix. Un jour, vous pourriez être à leur place, empêché de faire valoir votre opinion. Sur la question du génocide, nous avons marqué un but dans notre propre camp."

Autre point de vue turc, point de vue humaniste celui ci, sur le site Imprescriptible. Ahmet Altan étant Turc, il encourt, rappelons-le les foudres judiciaires de son pays si un juge un peu excité se met en tête de considérer ses propos comme un danger pour le pays.

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