Une pâtisserie kurde de 1326
En 1326-1327, le voyageur marocain Ibn Battuta, après un séjour à La Mecque, décide de se rendre en Irak 'arabe' en passant par l'Irak 'adjam' cad non-arabe, ce qui n'est pas le plus court chemin mais il expose plus bas ses raisons. Ce qui nous intéresse c'est qu'en traversant le Khuzistan, il chemine dans la plaine des Lurs, des Bakhtyars, de Kurdes (des peuples qui ne se distinguaient pas entre eux à l'époque). C'est ainsi que nous avons une description, en 1326, de ces desserts kurdes si communs, à base de mélasse de raisin, une forme de helwa, que vous pouvez vous amuser à refaire en vous inspirant de la recette proposée sur ce site.
Ensuite nous nous embarquâmes sur la mer dès l’aurore, dans l’intention de nous rendre à la ville de Mâtchoûl [L’actuel Bandar-e Mah Shahr]. Parmi les coutumes que j’ai adoptées dans mes voyages est celle de ne pas revenir, autant que possible, par un chemin que j’ai déjà suivi. Or je désirais aller à Baghdâd, dans l’Irak. Un habitant de Barash me conseilla de me mettre en route pour le pays des Loûrs, puis pour l’Irâk’Adjem, et enfin pour l’Irâk al’arab. J’agis d’après son conseil. Nous arrivâmes, au bout de quatre jours, dans la ville de Mâtchoûl, place peu considérable, située sur le rivage de ce golfe, qui, comme nous l’avons dit plus haut, est formé par la mer de Perse. Le territoire de Mâtchoûl est d’une nature saline, et ne produit ni arbres ni plantes. Cette ville possède un grand marché, parmi les plus grands qui existent. Je ne m’arrêtai à Mâtchoûl qu’un seul jour ; puis je louai une monture à ces individus qui transportent des grains de Râmiz à Mâtchoûl.
Nous marchâmes, durant trois jours, dans une plaine habitée par des Curdes, qui logent sous des tentes de crin ; et l’on dit que ces Curdes tirent leur origine des Arabes. Nous arrivâmes ensuite à la ville de Râmiz [Ram Hurmuz], qui est une belle cité, fertile en fruits et baignée par des riviè- res. Nous y logeâmes chez le kâdhi Hoçâm eddîn Mahmoûd. Je rencontrai auprès de lui un homme savant, pieux et vertueux. Il était d’origine indienne ; on l’appelait Béhâ eddîn, et sonnom était Ismâ’ïl. Il descendait du cheïkh Béhâ eddîn Abou Zacariâ almoltâny, et avait étudié sous les cheïkhs de Tibrîz et autres villes. Je séjournai dans la ville de Râmiz une seule nuit.
Après en être partis, nous marchâmes, durant trois jours, dans une plaine où se trouvaient des villages habités par des Curdes. Il y a dans chaque station un ermitage, où le voyageur trouve du pain, de la viande et des sucreries. Leurs sucreries sont faites de sirop de raisin mélangé avec de la farine et du beurre. Dans chaque ermitage, il y a un cheïkh, un imâm, un mueddhin, un serviteur pour les pauvres, et des esclaves des deux sexes, chargés de faire cuire les mets." Voyages d'Ibn Battuta, I, De l"Afrique du nord à La Mecque, 1858.
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