KURDISTAN D’IRAK : DEUXIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE KURDOLOGIE À DUHOK
Du 1er au 3 mai 2011 s’est tenu à Duhok le 2ème Congrès international des Études kurdes, organisé conjointement par l’Institut kurde de Paris et l’université de Duhok. Ce congrès a rassemblé des kurdologues venus de tous les continents, travaillant sur l’histoire, la langue et la littérature kurdes. Le premier Congrès avait eu lieu à Erbil en 2006, avec, pour but, de faire un état des lieux de la kurdologie et des études kurdes dans les pays occidentaux, principalement la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, les pays scandinaves et les Etats-Unis. Mais la dernière décennie a vu se développer considérablement les études kurdes dans ces pays, où beaucoup de thèses de doctorats ont été menées avec succès sur les différents aspects de la question kurde, ou sur divers sujets portant sur l’histoire et la société kurdes.
De nouveaux thèmes de recherches, allant des déplacements forcés de populations aux nouvelles formes de relations entre ‘genres’ dans la société, des dynamiques d’urbanisation à la formation d’autorités municipales ont suscité l’intérêt des chercheurs, qui ont pu mener des recherches tant dans les archives que sur le terrain. Même s’il est impossible de donner un compte-rendu complet de toutes ces recherches nouvelles, il a paru cependant important que plusieurs porte-paroles viennent témoigner des nouvelles tendances de la recherche universitaire dans leurs pays respectifs.
Le second but de ce congrès était d’observer et d’analyser les effets de plusieurs programmes de recherche de haut niveau portant sur la langue et la littérature kurdes en Europe, mais aussi en Turquie. Alors que ces dix dernières années, plusieurs institutions, comme le Centre of Kurdish Studies de l’université d’Exeter (en Grande-Bretagne), l’université de Göttingen (en Allemagne) et l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (en France) ont poursuivi et intensifié leur programme d’enseignement, pour la première fois dans l’histoire de la république turque, trois universités ont ouvert des départements de langue et de littérature kurdes : Mardin, Mush et Hakkari.
Le congrès a permis aux différents spécialistes un échange autour de leurs méthodes pédagogiques, nécessaire à la consolidation de ces initiatives, et afin de renforcer leur qualité académique ; d’instaurer un début de coopération et d’échange entre les universités européennes, américaines, de Turquie et du Kurdistan d’Irak. À la séance d’ouverture du congrès étaient présents le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, le professeur Dilawer Ala’adin, ainsi que le ministre de l’Éducation, Safeen Diyazee, et le ministre de la Culture, qui ont pris tour à tour la parole, ainsi que le président de l’université de Duhok, le Dr. Asmat M. Khalit et M. Kendal Nezan, le président de l’Institut kurde de Paris.
Le premier pannel portait d’abord sur l’historique des études kurdes au 20ème siècle, exposé par le professeur Joyce Blau (France), le professeur Abdul Fettah Botani, directeur du centre des Études et archives kurdes (Kurdistan d’Irak), suivis du professeur Celîlê Celîl (Autriche). Est venu ensuite un aperçu des études kurdes dans différents pays occidentaux, avec, pour la France, les interventions du professeur Hamit Bozarslan (Paris, EHESS), du philosophe Ephrem-Isa Youssif et Jean-Marie Pradier (université de Paris VIII). L’Allemagne était représentée par les Dr. Birgit Ammann (Fachochschule Potsdam, Berlin) et Khanna Omarkhali (université de Göttingen), l’Italie par le professeur Mirella Galletti (université de Naples), les Pays-Bas par le Dr. Michiel Leezenberg (université d’Amsterdam) ; les études kurdes en Scandinavie par Resho Zîlan (université d’Uppsala) ; la kurdologie dans les anciens pays de l’Ex-URSS par Knyaz Mirzoev (Université d’Alma Ata), les Etats-Unis par les Dr. Michael Gunter (Tennessee Technological University) et Janet Klein (University of Akron, Cleveland). L’aperçu des études kurdes au Moyen-Orient a porté sur la Syrie, avec le professeur Abdi Haji Muhammad (université de Duhok), la Turquie avec les professeurs Kadri Yildirim et Abdulrahman Adak (université de Mardin) ; enfin la kurdologie dans la Région du Kurdistan d’Irak a été présentée par le Dr Kamiran Berwari (université de Duhok).
Le deuxième jour était consacré aux ateliers de langue et de littérature, avec deux groupes de travail distincts. Le premier était intitulé « Langue et Linguistique ». Salih Akin (université de Rouen) est intervenu sur « La pratique du kurde dans la diaspora » et Birgit Ammann sur « l’identité kurde dans la diaspora ».Dans le second pannel de cet atelier, portant plus spécifiquement sur des questions de linguistique pure, Khosrow Abdollahi Madolkani (INALCO, Paris) s’est exprimé sur les deux types d’infinitifs du kurde, Baeiz Omer Ahmed sur les évolutions des dialectes locaux dans le Bahdinan.
Le pannel 3 était consacré au kurde en tant que langue de media, en retraçant et analysant le rôle des chaînes de télévision satellites dans le processus d’unification de la langue kurde, avec les interventions de Ruken Keskin (Kurd1), Abdul Rehman Kakil (Kurdistan TV), Hewar Ibrahim Hussain Shali (Kurdsat TV).
Le second atelier, portait sur des questions de littérature et d’histoire. Dans le premier pannel, « études litteraires », Sandrine Alexie (Institut kurde de Paris) a traité des problèmes de traduction en français de la littérature kurde classique et le professeur Muhammad Bakir Muhammad (Université de Duhok) du « Langage logique dans la poésie kurde ».
Le second panel était celui de la littérature orale, avec le professeur Celîlê Celîl pour parler du folklore kurde et Khanna Omarkhali pour un exposé sur les qewls (hymnes religieux) des yézidis. Le panel 3 était celui de l’histoire et de l’anthropologie, avec une intervention du Dr. Khalid Khayati sur la diaspora kurde de Suède.
Enfin le panel 4 réunissait des maisons d’édition en langue kurde, que ce soit en Turquie ou au Kurdistan d’Irak, comme Avesta, Aras, Doz.
Le Congrès a formulé un certain nombre de recommandations pour le développement des études kurdes. Un résumé de ces recommandations a été communiqué au Premier Ministre du Kurdistan, lors d’une réception qu’il a offert aux congressistes le 4 mai.
Commentaires
Enregistrer un commentaire