IRAK : TAREK AZIZ CONDAMNÉ À MORT


Le 28 octobre la haute cour pénale d’Irak a condamné à la peine capitale trois hauts dignitaires de l’ancien régime, l’ancien ministre de l’Intérieur, Saadoun Shaker, le chef du Bureau de Saddam Hussein, Abed Hamid Hmoud, et l’ancien Vice-Premier Ministre, Tareq Aziz, âgé de 74 ans.

Seul chrétien à figurer dans l’équipe dirigeante du gouvernement Baath, Tareq Aziz s’était rendu de lui-même aux Américains en avril 2003. C’est, jusqu’ici, un des rares proches de l’ancien raïs qui a échappé à la pendaison. Vice-Premier Ministre depuis 1991, après avoir été longtemps ministre des Affaires étrangères, il occupait aussi les fonctions de porte-parole de l’ancien régime irakien, ce qui le fit connaître du grand public à un niveau international, en raison de ses prestations télévisées lors des deux guerres du Golfe. Tareq Aziz avait déjà été condamné à deux peines d’emprisonnement : 15 ans pour avoir participé à l’exécution de 42 commerçants irakiens en 1992, et 7 ans pour son rôle dans le déplacement forcé et massif des Kurdes de Kirkouk, durant les années 1980.

Très vite, de nombreuses voix de dignitaires politiques et de chefs d’État, celle du Vatican et d’ONG, se sont élevées pour demander à ce que cette peine de mort soit commuée, soit en raison de son âge et de son état de santé, soit en raison de sa confession, soit parce que son rôle est jugé assez mineur dans les exactions criminelles du régime de Saddam Hussein.

Le directeur de la Commission pour les droits de l’homme et la démocratie en Irak, Hassan Shaban, a déclaré au site d’information kurde, Aknews, que cette sentence était « sévère et contraire aux principes des droits de l’homme » : « Le code pénal irakien énonce que quiconque est âgé de plus de 70 ans doit échapper à la peine capitale. La décision de la cour fédérale comporte de graves erreurs. Le fils de Tareq Aziz a déclaré à la BBC que ce verdict n’était pas une surprise pour lui, bien que, selon lui, son père fût innocent : « Ils veulent tuer tous ceux qui ont participé à l’ancien gouvernement (…) C’était un politicien, il n’avait rien à voir avec la sécurité ».

Amnesty International a appelé de même les autorités irakiennes à ne pas procéder à ces trois exécutions. « Le gouvernement de Saddam Hussein était synonyme d’exécutions, de torture et d’autres graves violations des droits de l’homme, et il est juste que ceux qui ont commis de tels crimes se retrouvent devant les tribunaux, explique Malcom Smart, directeur du département du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord pour Amnesty International. Cependant, il est d’un intérêt vital que la peine de mort, qui est l’ultime déni des droits de l’homme, ne soit plus jamais utilisée, quelle que soit la gravité d’un crime. Il est temps aussi pour le gouvernement irakien de tourner la page de ce cycle funeste et un pas en avant serait accompli si l’on mettait fin à toutes les exécutions et si l’on commuait toutes les sentences de ceux qui attendent dans les couloirs de la mort, dont nous estimons le nombre à plusieurs centaines. » Amnesty International s’est dit aussi inquiète au sujet de l’indépendance des tribunaux face aux pressions politiques : « Des procès conformes aux critères internationaux sont essentiels et les pressions politiques ne devraient pas être admises pour aucun procès en général, mais tout particulièrement pour ceux qui encourant la peine capitale. »

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