L'affaire Serdeşt Osman : une conclusion d'enquête qui laisse dubitatif

livinpress.com
L'Affaire Serdeşt Osman  qui avait secoué le Kurdistan d'Irak en mai dernier pourrait repartir de plus belle ou s'envaser doucement dans l'oubli après les conclusions de l'enquête officielle, qui incrimine des membres du groupe islamiste kurde terroriste, Ansar Al-Islam, dans le meurtre de cet étudiant qui n'a jamais eu la réputation d'être un militant religieux.

Le Comité de protection des journalistes (CPJ) conteste la vraisemblance de cette version et appelle le gouvernement kurde à mener une enquête fiable et crédible.

Le rapport de police affirme en effet que Serdeşt Osman a été exécuté par Ansar Al-Islam pour s'être refusé à collaborer avec eux, bien qu'il ait eu des liens avec le groupe : "après avoir collecté et analysé différentes informations, nous avons découvert qu'une personne appartenant à Ansar Al-Islam, appelée Hisham Mahmood Ismail, 28 ans, un kurde de Mossoul, mécanicien dans la ville de  Beji, a joué un rôle dans le meurtre de Serdeşt". Le rapport n'avance pas de preuves, selon le CPJ, hormis la mention que le suspect aurait avoué son crime après interrogatoire. Il est également dit que les autorités cherchent à mettre la main sur d'autres suspects.

 C'est, depuis le début, la version avancée par les autorités, à savoir que la victime aurait été tuée par des terroristes ou des mafieux. Cela ne convainc pas Mohammed Abdel Dayem, coordinateur du CPJ pour le Moyen Orient : "Nous espérions plus qu'un rapport de 430 mots qui lance des accusations très improbables et ne réussit pas à les étayer. Nous demandons instamment au Gouvernement régional kurde de lancer une nouvelle enquête, crédible, sur le meurtre de notre collègue."

Le groupe de presse locale Metro Center, qui a transmis et traduit le rapport au CPJ se dit choqué. Un de ses membres, Rahman Gharib, raconte ainsi que s'étant rendu au domicile de Serdeşt Osman, il n'a vu dans sa bibliothèque, aucun ouvrage religieux : "Il était fasciné par Gabriel García Márquez, des écrivains russes comme Gorki, et par la littérature persane. Nous avions demandé une enquête indépendante et objective, mais les autorités n'ont pas écouté la voix de la rue."

La famille de la victime s'élève aussi contre ce rapport. Bakr Osman, un des frères de Serdeşt, dénonce et condamne cette accusation de collusion avec un groupe terroriste. Dans la presse d'opposition, les voix s'élèvent de nouveau pour accuser les services de sécurité kurde, dirigés à Erbil par Masrour Barzani, le propre fils du président Massoud, malgré le peu d'importance politique de la victime.

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