Variante de l'histoire de Kaveh l'Ispahanî

"La fondation d'Ispahan est attribuée par les Persans à Djemchid, l'un des Pichdadiens. D'après le Chah Nameh écrit par Firdouzi, au XIe siècle, ce fut à un forgeron d'Ispahan, nommé Kaveh, que revint la gloire de renverser Zoak, cet abominable tyran qui faisait  panser deux ulcères développés sur ses épaules avec des emplâtres de cervelles humaines. Kaveh, ayant appris que sa fille allait être livrée aux pharmaciens royaux, attacha son tablier de cuir à l'extrémité d'une hampe, rallia les mécontents autour de cet étendard de révolte, chassa l'usurpateur et rétablit Féridoun sur le trône de ses ancêtres. En souvenir de cet exploit, le drapeau du célèbre forgeron fut précieusement conservé et confié à la garde du contingent d'Ispahan. Enrichi de pierres précieuses par tous les successeurs de Féridoun, il devint si lourd et si grand qu'au moment de la conquête arabe il fallait six hommes pour le porter, et que les soldats musulmans s'enrichirent en se partageant le précieux trophée bien que ces mangeurs de lézard eussent égaré une partie des pierreries dont ils ne connaissaient pas la valeur."
Une Amazone en Orient, Jane Dieulafoy.

La version de Firdousî, retranscrite par Jane Dieulafoy, comporte une inexactitude, car dans le Shahnameh, c'est parce que Zohak a capturé le dernier fils du forgeron, Qaren, et non une fille, qu'il se révolte. Soit la voyageuse a mal compris ce qu'on lui rapportait, ayant appris le persan quasi sur place, et de plus, l'absence de genre sexué dans le persan a pu induire la confusion), soit il s'agit d'une variante de l'histoire, ce dont on peut douter tant les grandes lignes de la légende sont fixées dans tout l'Iran. 

La destinée du drapeau des rois d'Iran a été mentionnée par plusieurs historiens arabes, mais bien après les événements et avec des variantes. Selon l'historien des Sassanides, Arthur Christensen, le lien entre le tablier de Kawa/Kaveh et l'étendard royal est assez tardif, datant de cette dynastie.

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