Rapport d'Amnesty International pour l'Irak (fin)


Le passage aux conflits territoriaux commence par rappeler l'origine de la question, à savoir l'expulsion par les autorités irakiennes, des Kurdes de Kirkouk ainsi que des ressortissants d'autres minorités, afin de les remplacer par des colons arabes venus du centre et du sud de l'Irak. Le rapport rappelle aussi qu'au cours de la campagne Anfal, à la fin des années 1980, des dizaines de milliers de civils kurdes ont été victimes de "disparitions", de persécutions et de bombardements aux armes chimiques. Cela a eu pour conséquences, entre autres, un nombre important de réfugiés et de personnes déplacées, principalement kurdes, tout au long des années 1990, fuyant ou arrachées de Kirkouk et des autres territoires revendiqués par le GRK. La plupart de ces réfugiés n'ont pu retourner encore dans leurs foyers d'origine.

La constitution irakienne approuvée par référendum en 2005 prévoit donc un retour des colons arabes dans leur région d'origine, moyennant compensation et un référendum de toutes les régions disputées, afin qu'elles optent ou non pour le rattachement à la Région du Kurdistan. Ce qui, bien sûr, n'a pas encore été fait, tant Bagdad traîne les pieds et aussi en raison de l'opposition arabe et turkmène, surtout à Kirkouk.

Amnesty pointe donc cette situation politique incertaine et instable comme source de violences et de tensions, et indique comme Human Rights Watch que les minorités non-kurdes et non-arabes sont prises en sandwich dans le bras de fer entre Bagdad et Erbil et que cela aussi (ce que HRW avait manqué) se traduit par des divisions internes dans ces communautés, avec des camps et des partis aux préférences antagonistes concernant leurs "protecteurs". Les autorités kurdes ont ainsi établi un système d'auto-défense des minorités, en formant des milices de villages, surtout chrétiennes, mais aussi yézidies ou shabaks, à même de se protéger des attaques islamistes ou nationalistes arabes. Parmi ces minorités, des personnalités opposées au GRK accusent les Kurdes de mainmise sur les territoires disputés, par le biais de ces milices locales, et de menaces et mauvais traitements de la part des Peshmergas, surtout en période électorale. Ainsi Murad Kashti al-Asi, un yézidis de Sindjar, dont le parti s'oppose aux pro-Kurdes, a été plusieurs fois détenu, menacé et maltraité, la dernière incarcération, en novembre 2008, semble coïncider avec la période des élections provinciales.

Les autorités irakiennes ne sont pas en reste, et en octobre 2008, les Kurdes de Qaratepe ont subi un raid et des menaces de la part des forces de sécurité.

Enfin le rapport mentionne la constitution kurde votée en 2009 qui comprend les territoires revendiqués comme faisant partie du Kurdistan.

Amesnty International, Civilians under fire, Avril 2010.

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