La population de Cilicie


Le XIXe siècle connut aussi une forte croissance des populations kurdes en Cilicie. Pour des considérations d'ordre économique et en quête de stabilité, des Kurdes abandonnaient les provinces orientales de l'Empire pour venir s'établir dans des territoires situés plus à l'ouest. Au début, ils étaient formés de tribus nomades, arrivant en Cilicie après de longues pérégrinations. Mais, au fil du temps, ils s'y sédentarisèrent et choisirent notamment comme lieu de résidence la plaine d'Osmanié, la région de Sis-Kozan et quelques villages de la plaine d'Adana. En peu de temps, les Kurdes constituèrent la population la plus nombreuse du Djebet Bereket et de ses environs. Si bien que ce massif montagneux situé à l'est, parallèle à l'Amanus, commença à être désigné comme le Kurd Dagh. La plupart des Kurdes du Djebel Bereket étaient de confession alévi, plus communément appelée Kizilbach.
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Bien que datant de l'avant-guerre, les chiffres de l'Annuaire oriental sont ceux qui se rapprochent le plus des estimations de populations faites du temps de la présence française. Un tableau sur la composition ethnique dressé par l'administration française estime, en effet, le nombre total des habitants de Cilicie à 400 000, dont 230 000 musulmans et 154 000 chrétiens. Notons que parmi les habitants de confession musulmane, 100 000 étaient kurdes ou turcomans, 100 000 arabes, 10 000 tcherkess et 20 000 turcs. En ce qui concerne la population chrétienne, 120 000 étaient arméniens, 28 000 grecs et 5 000 chaldéens ou syriaques.
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En novembre 1921, l'administration française prépara une autre estimation de la répartition des groupes ethniques et religieux de la Cilicie […] Dans le rapport, le nombre des musulmans de Cilicie est évalué à 372 689, tandis que celui des chrétiens s'élève à 218 200. Le nombre des Turcs est soudain passé à 140 000 – cela dépend évidemment des groupes définis sous ce vocable –, celui des Arabes alawis est de 100 000, des Arméniens de 125 000, des Grecs de 60 000, des Grecs orthodoxes et catholiques d'origine syrienne à 25 000, des Kurdes kizilbach à 40 000, des Kurdes sunnites à 25 000, des Tcherkess à 20 000, des Maronites à 3 000, des Chaldéens à 2 500, des Nestoriens à 1 200.
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E ce qui concerne le sandjak de Marach, selon un rapport français fait en octobre 1919, la population de la ville de Marach étaient estimée à environ 50 000, dont 30 000 Turcs et 20 000 Arméniens. Dans le caza d'Albistan, formé essentiellement de Turcophones, la population totale était de 45 000 âmes. Le caza de Göksoun ayant une population totale d'environ 25 000 âmes, comptait environ 15 000 Tcherkess, le reste étant formé par des Turcs et des Kurdes. Enfin, le nombre d'Arméniens dans le caza de Zeïtoun était estimé à 3 000.
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La France en Cilicie et en Haute-Mésopotamie : Aux confins de la Turquie, de la Syrie et de l'Irak (1919-1933)

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