jeudi, décembre 06, 2012

Table ronde : Fragrances et pestilences : histoire et anthropologie des odeurs en terre d’Islam à l'époque médiévale


Beyrouth, 14 décembre 2012 :


Vendredi 14 décembre, 9h-18h
Ifpo – Espace des Lettres – Rue de Damas - Bât. G - 1er étage
Table ronde en langue française

Organisation : Julie Bonnéric

Programme
9h Accueil des participants
9h30 Introduction
10h Joël Candau (LAPCOS, Sophia Antipolis), L'anthropologie des odeurs, un état des lieux
11h Jean-Charles Ducène (ULB, EPHE), L’usage de l’encens et des parfums à brûler dans le Proche-Orient médiéval
11h45 Sterenn Le Maguer (Paris I, CEFAS), Une archéologie des odeurs : l’étude des brûle-parfums et de leurs contextes archéologiques
12h30 Jean-Charles Coulon (Paris IV), Fumigations et rituels magiques. Le rôle des encens et fumigations dans la magie arabe médiévale.
14h15 Pauline Koetschet (IFAO), Les vertus de la violette. Parfums et odeurs dans la médecine arabe médiévale
15h Monica Balda-Tillier (IFAO), Les odeurs qui « font le moine » : hommes et odeurs dans la littérature
15h45 Bruno Paoli (IFPO), Le lexique arabe des odeurs
16h30 Julie Bonnéric (IFPO, EPHE), Des mosquées, des bonnes odeurs et du sacré
17h15 Conclusions et discussion




Problématique
Quoique l’Orient soit traditionnellement associé à un monde de senteurs parfumées et épicées, la question des odeurs en terre d’Islam à l’époque médiévale a peu intéressé les chercheurs. Lorsqu’ils décrivent le raffinement de cette société médiévale, les historiens évoquent parfums, encens et onguents pour colorer leurs descriptions. Ils en mentionnent la diversité et la qualité, ainsi que leur coût faramineux et leurs origines lointaines. Si de nombreuses sources (chroniques, récits géographiques, traités de médecine, etc.), riches d’informations, sont pourtant disponibles, les analyses précises et argumentées sont rares, voire inexistantes. Ce thème a parfois été abordé par les chercheurs qui, s’appuyant principalement sur des données ethnographiques d’une scientificité relative, établissaient des généralités sur le rapport des Musulmans à l’odeur, au corps, ou au sacré. Cette vision essentialiste paraît insuffisante et une approche réunissant historiens, linguistes, archéologues, spécialistes de droit ou de littérature permettrait sans doute d’y remédier.
Des études plus précises et ciblées paraissent l’occasion d’aborder ce thème sous les différentes dimensions qu’il peut revêtir – fonctionnelle, sociale et symbolique. La gestion pratique des odeurs dans les villes médiévales pose sans aucun doute des questions légales et nécessite des aménagements particuliers. Curatifs, les arômes deviennent des outils médicaux dont les propriétés sont détaillées dans les traités de médecine. Vecteurs d’intégration ou de discrimination, les odeurs peuvent en outre revêtir une dimension sociale importante, notamment dans les protocoles liés au souverain. Instrument de séduction, le parfum en particulier peut être associé à la paresse et à la passivité car il ramollit le corps et l’âme. Enfin, l’odeur peut s’affranchir de son rôle fonctionnel et social pour entrer dans le champ du symbolique et donner à penser autre chose. Le parfum, purificateur, réduit la distance de l’homme au divin. Quoique peu employé dans les édifices religieux – en tout cas relativement à l’époque antique –, le parfum est cependant parfois mentionné comme embaumant les plus saints des monuments musulmans. Ce faisant, il contribue à leur magnification et à leur sacralisation. Les matières odoriférantes peuvent également être convoquées dans les pratiques magiques.
La gestion pratique des odeurs, ainsi que leurs dimensions sociale et religieuse, constituent à ce titre des points d’entrée privilégiés pour une meilleure compréhension des rapports de l’homme à son environnement, aux autres et à soi.

En savoir plus.

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