IRAK : UN NOUVEAU GOUVERNEMENT SE FORME PROGRESSIVEMENT
Le 21 décembre, les députés irakiens ont enfin approuvé la formation d’un nouveau gouvernement, mené par le Premier Ministre Nouri Al-Maliki, après 9 mois de négociations entre les différents blocs parlementaires issus des élections du 7 mars 2009, qui avaient amené au coude à coude chiites et sunnites.
Le nouveau cabinet comprendra 42 ministères dont 29 sont pour le moment pourvus et a dû composer avec tous les mouvements politiques irakiens pour maintenir une coalition viable, ce qu’a reconnu lui-même Nouri Al-Maliki : « La tâche la plus difficile au monde est de former un gouvernement d’union nationale dans un pays où il y a une telle diversité ethnique, religieuse et politique. » Ainsi le nouveau gouvernement comprend des représentants de toutes les factions politiques parmi les chiites, les sunnites (dont la liste rivale de Maliki, Al Iraqiyya) et les Kurdes.
Parmi les 13 postes non encore pourvus définitivement, la Défense, la Sécurité intérieure et extérieure, et le contrôles des forces irakiennes, seront attribués prochainement à des « personnalités indépendantes », c’est-à-dire non soupçonnées d’œuvrer pour le compte de pays voisins ou bien trop hostiles à l’une des factions irakiennes. Ainsi le camp sadriste s’est inquiété de la possible nomination de figures politiques hostiles à leur mouvement. D’autres députés auraient aussi souhaité que la totalité des 42 postes puissent être soumis au vote. En attendant, c ‘est le Premier Ministre qui en assure les fonctions, ce qui ne plaît guère aux parlementaires, comme l’explique le député kurde Mahmoud Othman : « Un accord doit être trouvé concernant tous les postes ayant en charge la sécurité. Pourquoi ceux-ci restent-ils vacants, à la charge du Premier Ministre et ce pour un temps indéterminé ? »
Les trois adjoints du Premier Ministre sont le Kurde Roj Nouri Shawis, le sunnite Saleh al Mutlaq et l’ancien ministre du Pétrole, Hussein Al-Sharistani, dont le bilan en matière de gestion des énergies et des hydrocarbures avait été pourtant souvent critiqué par l’opinion irakienne, et dont les rapports avec le gouvernement kurde, cette fois au sujet de la gestion par la Région du Kurdistan de ses propres ressources, ont toujours été plus que tendus. Enfin, ces nominations mécontentent aussi les sadristes (qui détiennent 40 sièges sur 325 au Parlement) qui espéraient ce poste pour un des leurs, bien qu’ils aient obtenu 8 des 10 autres ministères qu’ils réclamaient.
Composition provisoire du gouvernement irakien :
Nouri Al-Maliki, 60 ans, chiite, est reconduit dans ses fonctions de Premier Ministre qu’il occupe depuis 2006.
Jalal Tabalani, 77 ans, une des figures majeures de la politique kurde, est reconduit à la présidence de l’Irak.
Osama Al-Nujaifi, 54 ans, sunnite, devient président du Parlement. Avec son frère, le gouverneur de Ninive-Mossoul, il est l’un des principaux leaders sunnites du nord de l’Irak, connu pour sa ligne nationaliste et son opposition aux Kurdes.
Les 3 Vice-Premier Ministres :
– Saleh Al-Mutlaq, 64 ans, sunnite. Proche des anciens du Baath il avait été interdit de se porter candidat aux dernières élections, mais a finalement été réintégré dans la vie politique irakienne lors des accords finaux.
– Roj Nouri Shawiss, 64 ans, Kurde, issu du PDK, ancien Premier Ministre du Kurdistan ; il a exercé la vice-présidence de l’Irak sous le gouvernement Jaffari et ce poste de vice premier ministre entre 2005 et 2009. Il assure aussi, provisoirement, les fonctions de ministre du Commerce.
– Vice-premier ministre pour l’Énergie : Husseïn Al-Sharistani, 69 ans, chiite, ancien ministre du Pétrole.
Ali Al-Dabbagh reste porte-parole du gouvernement, Pour les principaux ministères, la Défense, la Sécurité nationale et l’Intérieur sont provisoirement gérés par le Premier Ministre. Aux Finances, est nommé Raffi Al-Issawi, un sunnite de la liste al-Iraqiyya. Aux Affaires Étrangères, le Kurde Hosyar Zebarî (du PDK) est reconduit à son portefeuille et assure en intérim le ministère des Affaires féminines. Le nouveau ministre du Pétrole est le chiite Abdul Karim Luabi, de la liste État de droit.
Pour les autres postes, Dindar Nejman, de l’Union islamique du Kurdistan, prend la tête du ministère de l’Immigration et des personnes déplacées. Majid Mohammed Amin, issu de l’UPK, devient ministre de la Santé. Le ministère des ONG doit revenir à un candidat de l’Alliance kurde.
Au Conseil national des stratégies politiques, nouvelle institution formée pour intégrer à la tête de l’Irak le rival d’Al-Maliki, Iyad Allawi assure la présidence.
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