Talabani-Barak : la poignée de main qui fâche
Dès les premiers affrontements entre Kurdes et Arabes en Irak, après la chute de la monarchie, les Kurdes ont été régulièrement présentés comme des suppôts de l'impérialisme, du sionisme et du complot contre la grande nation arabe... Tout ça parce qu'ils prétendaient vouloir décliner l'honneur qui leur était fait de s'y faire incorporer bon gré mal gré.
Plus récemment, Massoud Barzani avait encore déclenché l'indignation des arabes irakiens (et d'autres) quand il avait répondu, à une conférence de presse, que l'Irak n'avait pas de relations diplomatiques avec Israël, et qu'il était donc obligé de se conformer à la politique étrangère de Bagdad, mais que dès que l'Irak ferait un pas en ce sens, il serait pour l'ouverture d'un consulat israélien à Erbil. La réaction ne s'était aps faite attendre : tollé, trahison, mépris des souffrances palestiniennes, tout ça...
Cette fois-ci c'est Jalal Talabani, le président kurde de l'Irak, qui suscite l'ire de plusieurs membres parlementaires irakien arabes, pour avoir, lors du congrès de l'Internationale socialiste à Athènes, été serrer la main au ministre israélien de la Défense, Ehud Barak.
A vrai dire, l'image de la rencontre n'a pas été dans un premier temps, couverte par la presse arabe irakienne, mais comme elle a été diffusée plus largement en Israël, voilà que les gardiens de la cause sacrée en Irak se sont vus forcés de réagir. Ahmad al-Massoudi, un député issu du parti d'al-Sadr, parle d'une "giffle sur la face du peuple irakien" (comme si le peuple irakien ne vivait pas, pour le moment, d'autres atteintes plus graves à sa dignité et notamment du fait de coreligionnaires et de " pays frères"), en qualifiant ce geste d'une "violation de la loi", puisque l'Irak n'a pas de relations diplomatiques officielles avec Israël. D'autres députés ont réclamé des excuses, comme Ali Al-Adib, du parti al-Dawa de Nouri al-Maliki, le Premier ministre chiite : "Le président est censé représenter la politique étrangère irakienne... laquelle n'a pas reconnu Israël. Il doit s'excuser."
Les Kurdes, eux, n'y ont pas vu de mal, et l'UPK, le parti de Jalal Talabani a laconiquement rétorqué qu'à cette rencontre de l'Internationale socialiste, c'est en temps que président de l'Union patriotique du Kurdistan qu'il a rencontré et salué Ehud Barak. De plus, comme l'explique Fuad Massum : "Il a été accueilli par Mahmud Abbas, qui l'a présenté à Barak. Il aurait été illogique de refuser. Cela ne veut pas dire que les relations sont "normales".
Car c'est là le plus comique. C'est Mahmud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, qui a présenté en personne Jalal Talabani à Ehud Barak. En quoi le peuple irakien, et même palestinien, se sentirait-il donc "gifflé"? Par ailleurs, si les députés irakiens arabes se préoccupent tant des Palestiniens, rappelons-leur le sort précaire et dangereux de ces mêmes réfugiés en Irak, longtemps employés comme supplétifs par Saddam (notamment contre les Kurdes et les chiites) qui, actuellement, vivent des jours difficiles, et dont pas un seul Etat arabe, surtout parmi ceux cambrés sur un refus adamantin d'une reconnaissance d'Israël, ne semble beaucoup se soucier.
En résumé : l'Irak a décidé de se débarrasser de ses encombrants Palestiniens, mais serrer la main d'un ministre israélien sur l'invitation du représentant des Palestiniens, c'est trahir la nation. Allez comprendre...
(source reuters)
Plus récemment, Massoud Barzani avait encore déclenché l'indignation des arabes irakiens (et d'autres) quand il avait répondu, à une conférence de presse, que l'Irak n'avait pas de relations diplomatiques avec Israël, et qu'il était donc obligé de se conformer à la politique étrangère de Bagdad, mais que dès que l'Irak ferait un pas en ce sens, il serait pour l'ouverture d'un consulat israélien à Erbil. La réaction ne s'était aps faite attendre : tollé, trahison, mépris des souffrances palestiniennes, tout ça...
Cette fois-ci c'est Jalal Talabani, le président kurde de l'Irak, qui suscite l'ire de plusieurs membres parlementaires irakien arabes, pour avoir, lors du congrès de l'Internationale socialiste à Athènes, été serrer la main au ministre israélien de la Défense, Ehud Barak.
A vrai dire, l'image de la rencontre n'a pas été dans un premier temps, couverte par la presse arabe irakienne, mais comme elle a été diffusée plus largement en Israël, voilà que les gardiens de la cause sacrée en Irak se sont vus forcés de réagir. Ahmad al-Massoudi, un député issu du parti d'al-Sadr, parle d'une "giffle sur la face du peuple irakien" (comme si le peuple irakien ne vivait pas, pour le moment, d'autres atteintes plus graves à sa dignité et notamment du fait de coreligionnaires et de " pays frères"), en qualifiant ce geste d'une "violation de la loi", puisque l'Irak n'a pas de relations diplomatiques officielles avec Israël. D'autres députés ont réclamé des excuses, comme Ali Al-Adib, du parti al-Dawa de Nouri al-Maliki, le Premier ministre chiite : "Le président est censé représenter la politique étrangère irakienne... laquelle n'a pas reconnu Israël. Il doit s'excuser."
Les Kurdes, eux, n'y ont pas vu de mal, et l'UPK, le parti de Jalal Talabani a laconiquement rétorqué qu'à cette rencontre de l'Internationale socialiste, c'est en temps que président de l'Union patriotique du Kurdistan qu'il a rencontré et salué Ehud Barak. De plus, comme l'explique Fuad Massum : "Il a été accueilli par Mahmud Abbas, qui l'a présenté à Barak. Il aurait été illogique de refuser. Cela ne veut pas dire que les relations sont "normales".
Car c'est là le plus comique. C'est Mahmud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, qui a présenté en personne Jalal Talabani à Ehud Barak. En quoi le peuple irakien, et même palestinien, se sentirait-il donc "gifflé"? Par ailleurs, si les députés irakiens arabes se préoccupent tant des Palestiniens, rappelons-leur le sort précaire et dangereux de ces mêmes réfugiés en Irak, longtemps employés comme supplétifs par Saddam (notamment contre les Kurdes et les chiites) qui, actuellement, vivent des jours difficiles, et dont pas un seul Etat arabe, surtout parmi ceux cambrés sur un refus adamantin d'une reconnaissance d'Israël, ne semble beaucoup se soucier.
En résumé : l'Irak a décidé de se débarrasser de ses encombrants Palestiniens, mais serrer la main d'un ministre israélien sur l'invitation du représentant des Palestiniens, c'est trahir la nation. Allez comprendre...
(source reuters)
Commentaires
Enregistrer un commentaire