Yachar Kemal, le Nobel et les loukoums

"Istamboul. Soirée chez Yachar Kemal, énorme paysan, braillard et affectueux qui parle sans arrêt, mais seulement en turc et en kurde. Il a connu la prison et a été torturé comme communiste. Son idée fixe, c'est le prix Nobel. Il a fait à cette fin un long séjour à Stockholm. Il a fait traduire à ses frais l'un de ses livres en suédois pour l'adresser aux membres de l'Académie royale. Mais en face de ces dix-huit exemplaires soigneusement empaquetés, il a eu le sentiment d'un manque. À coup sûr, il fallait ajouter quelque chose, mais quoi ? Après mûre réflexion, il a ajouté dix-huit paquets de rabat-loukoums turcs. Moi je lui aurais donné le prix Nobel pour ses loukoums !"
Michel Tournier, Journal extime. 

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